Épisode 213 : Aurore

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Mon sommeil ne fut pas de tout repos, pour ne pas dire cauchemardesque. À peine m'étais-je endormie contre Rivaille, que le malaise m'avait gagné même dans mes rêves.

Cette sensation d'oppression, d'étouffement, de fièvre, de courir dans les ténèbres, perdue, sans savoir où j'allais, seule, nauséeuse, m'avait poursuivie tout au long du royaume de Morphée.

Je m'étais ensuite réveillée en sursaut pour découvrir que j'avais tellement gigoté dans mon sommeil que je m'étais écartée de Rivaille.

En sueur et tremblante, avec une douleur qui me lacéra tout à coup ma gorge, je paniquais à cette sensation de sécheresse vive et de soif qui m'envahissait

De l'eau... De... l'eau...

Mes mains empoignèrent ma gorge, déboussolée, et j'avalais ma salive comme eau de fortune, mais rien à faire.

Tous mes sens étaient en alarme, et mon cerveau en ébullition.

Je dois boire...!

C'était ainsi que quelques minutes après mon réveil, je m'étais levée dans l'obscurité. Pas qu'il faisait complètement sombre, une part rationnelle distinguait mon environnement grâce à la lumière bleutée du reflet de la lune... Mais je ne voyais rien car je nageais en plein délire.

C'était le mot : je délirais.

Je percevais à peine le chariot, je n'entendais pas les grincements des planches, et je ne ressentis absolument aucune douleur lorsque je quittais maladroitement la voiture de fortune pour finir par tomber sur mes fesses.

Mes yeux étaient larmoyants, me voilant le monde. Et c'était grâce à un sentiment d'alerte que je réussis à éviter mes compagnons de voyage qui dormaient à la belle étoile, et que je me frayais un chemin vers le petit lac que cachait notre clairière.

Mes jambes avaient marché, sans s'arrêter dans un élan de pur désespoir pour rafraîchir ma gorge en feu tellement la sécheresse me brûlait et me grattait. Mon corps lui, continuait de transpirer, tantôt en devenant chaud comme de la braise, tantôt en se refroidissant et en me faisant perler des sueurs froides désagréables tout le long de l'échine.

J'entendais des cris, des voix inconnues qui m'appelaient, et faisaient bourdonner mes oreilles. Mais ses voix n'étaient pas réelles. Elles étaient dans ma tête et j'étais coincée avec elles.

Gorge déshydratée. Sueur. Hallucination auditive...

J'avais assassiné ma souffrance, je l'avais emprisonnée, je l'avais fait taire en la noyant, et elle me le faisait savoir par mon corps.

Elle me hantait.

Mes esprits se reprirent lentement lorsque j'aperçus le lac entouré de ses arbres, à côté de notre campement. Tentant le tout pour le tout, je m'engouffrais dans la clairière et mes genoux se laissèrent ensuite tomber sur le rebord de la source d'eau luisante.

Dans la pénombre, je me penchais vers la surface miroitante et je m'en aspergeais le visage avec ce sentiment d'urgence. J'en pris ensuite dans le creux de mes paumes et en bus autant que je pouvais pour assouvir cette sécheresse qui avait brûlé ma gorge.

Respire... Respire... Respire... Concentre-toi sur ce que tu sens... Ne pense à rien... Calme-toi...

L'herbe fraîche sous mon postérieur, l'eau sur mon visage et mon cou, ma gorge rafraîchit, toutes ces sensations m'aidaient à reprendre pied. Je m'efforçais de respirer calmement pour adoucir les palpitations de mon cœur et les voix qui se dissipaient dans ma tête.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant