Épisode 190 : Rivaille

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Une fois que nous fûmes dehors, Sirus nous appela un cocher.

Et au moment d'annoncer où nous allions à notre conducteur, je pris les devants et indiquais l'adresse de Mme. Pöffel.

Je ne savais absolument pas dans quoi je m'embarquais dans cette situation de crise où notre pays était définitivement tombé dans la catastrophe, et que j'étais en train d'aller en premières lignes malgré mon état physique altéré par les calmants. Toutefois, je ne pouvais définitivement pas aller au quartier militaire sans prendre des nouvelles... De ma fille.

Si je n'avais pas été piégée dans l'explosion, je serais allée la chercher hier soir. Mais sa mère n'était jamais venue la récupérer. Que devait-elle ressentir face à ça ? Elle n'avait peut-être que deux ans, mais les enfants même les plus introvertis étaient terriblement sensibles sans qu'ils ne s'en rendent compte eux-mêmes.

Rien que l'absence de Rivaille l'avait légèrement changé. Si au début elle n'avait pas arrêté de me demander où il était et quand il rentrait à la maison, au bout de un mois elle avait cessé de poser des questions sur son père et s'était refermée peu à peu. Refusant de parler de lui.

Je détestais lui donner ce sentiment qu'on la délaissait.

Faustina m'avait rassuré qu'après ma prise en charge à l'hôpital, elle avait contacté la nourrice de Kuchel, ainsi, elle avait eu un endroit où dormir cette nuit... Mais ce triste fait n'était pas sans rappeler que si dans cette guerre, Rivaille, Sirus, Hanji et moi venions à disparaître... Kuchel serait seule au monde, orpheline.

En tant que parent, c'était la dernière chose que je voulais.

Sirus et Alexis ne protestèrent pas à ce changement de dernière minute. Ils n'avaient pas d'autres choix que de me suivre de toute façon. Ainsi, nous montâmes dans la calèche et fîmes le trajet en silence.

Je m'efforçais de ne penser à rien, pour ne pas remettre mon cœur et mon corps à paniquer comme plus tôt. Je regardais seulement dans le vide, me laissant aller par mon esprit embrumé, et me concentrant sur ma respiration ainsi qu'à mes sens, comme le toucher de la vitre froide sous mes doigts. Et au vacarme de l'extérieur.

Le calme de Sina et son ambiance riche et aristocratique n'étaient plus. L'explosion d'hier n'avait laissé personne de marbre : je voyais des soldats du bataillon (sans aucun doute des Pro-Jäger) et quelques civils qui acclamaient des slogans comme « soutenez Eren », mais aussi d'autres habitants qui semblaient être plus récalcitrants à ce mouvement de rébellion, notamment les riches.

Un homme avec un chapeau haut-de-forme, un monocle et une canne s'empara d'un journal qu'un Pro-Jäger distribuait et le jeta par terre avant de le déchiqueter avec sa canne devant le soldat. Il cria quelque chose que je n'entendis pas dans ma calèche.

Je voyais aussi la peur dans les expressions de certains civils. Une mère était en train de courir avec son fils et ses courses à la main pour se dépêcher de rentrer chez elle et ne pas avoir affaire avec le chaos dehors.

Une dizaine de minute plus tard, la calèche arriva à destination et Alexis me tendit son bras au cas-où si je perdais l'équilibre en descendant la petite marche. Sirus demanda au cocher de nous attendre et nous nous dirigeâmes tous les trois devant la petite maison de ma nourrice, qui ressemblait presque identiquement à toutes les autres habitats du quartier.

Alexis toqua à la porte et nous attendîmes patiemment sur le perron.

Quand on nous ouvrit, je ne vis pas une mais deux têtes nous accueillirent. Mme Pöffel évidemment, et ma fille qui se cachait derrière elle.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant