Épisode 209 : Ceux Qui S'aimaient

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Une bonne demi-heure s'était écoulée depuis que Sirus m'avait pris dans ses bras et que je m'étais fait une injection d'antalgique. Pendant cette demi-heure, je m'étais assise devant un étang d'eau, tantôt regardant le ciel bleu découvert et ses nuages insouciants qui continuaient leur route, tantôt la mare où c'étaient les petits poissons qui pataugeaient sans me remarquer.

J'étais restée là, attendant patiemment que les médocs fassent effet, et lentement mais sûrement, j'avais senti un poids se retirer de mes épaules. Mon esprit s'était peu à peu vidé, et pendant une seconde je m'étais presque sentie bien, en sentant les rayons de soleil m'effleurer le visage, et en écoutant le bruit de l'eau calme devant moi. J'étais bien loin des bruits des pas des colossaux annonçant la destruction, ainsi que la liesse du peuple à Shiganshina et les habitants qui m'avaient acclamé. Et ça eut au moins l'effet de me calmer pendant un très bref moment.

Mais en tournant la tête pour voir Rivaille au loin, toujours sur la carriole, cela m'avait rappelé que je ne pouvais pas rester assise à rien faire. Le monde n'en avait qu'à faire des états d'âmes et continuerait avec ou sans moi. Après tant de sacrifice, je n'avais pas le droit de perdre des yeux l'objectif de notre mission.

Abandonnant ce petit moment de répit, je finis par me lever dans une lenteur désagréable par le poids de mon corps et de mon ventre. Une fois debout je lâchais un petit soupir d'effort et marchais mécaniquement vers Rivaille et Hanji. Cette dernière était à ses côtés, calée contre la roue et ces deux-là parlaient entre eux.

Je passais à côté de Sirus et Wilfred qui avaient réunis des bûches qu'ils avaient récolté, et plus loin, de Magath qui regardait l'horizon en direction de la ville dans l'attente de ses guerriers.

Je croisais le regard de Sirus qui abordait une expression affligée et fatiguée, et je baissais les yeux. Je m'étais promis de toujours rester forte pour ce garçon qui devenait adulte, et cette promesse n'était plus tenable. Et même si nous venions à miraculeusement réussir cette mission suicide qu'était d'arrêter Eren, mon état n'allait pas miraculeusement se rétablir.

J'étais juste brisée.

Quand j'arrivais jusqu'à Rivaille et Hanji, avec mon sac de soin que j'avais récupéré au passage, les deux se turent comme s'ils étaient en train de parler de moi.

- Je peux jeter un coup d'œil à tes blessures Rivaille...

Mon mari fronça le sourcil et me dévisagea d'un air interrogateur par ce revirement de situation. Il y avait moins d'une heure, je l'avais serré en lui hurlant, hystérique, de ne pas participer à notre mission, et maintenant il me voyait coopérer. Je comprenais son incompréhension.

- Sirus m'a raconté que même si tu retournais en ville tu pourrais être pris pour cible par les Pro-Jäger, expliquais-je, faiblement.

Je posais mon sac par terre et l'ouvris pour prendre des gants.

- Hum... Je vous laisse entre vous alors, déclara la marraine de ma fille. Mais Nausha n'hésite pas à te reposer avant que le reste du groupe nous retrouve, car dès qu'ils viendront, nous bougerons aussi.

Elle passa à côté de moi pour me laisser la place et pressa gentiment mon épaule, avec toutefois une lueur inquiète dans ses yeux. Elle s'apprêta ensuite à nous quitter pour de bon mais elle se retourna une dernière fois vers moi.

- Tu peux toujours changer d'avis Naush', tu peux rentrer auprès de Kuchel. Tes pouvoirs nous seront très utile, mais je ne veux pas te... Enfin, nous ne voulons pas te forcer à faire quoi que ce soit dans ton état... Attention, on te rejette pas hein ! Mais Rivaille et moi, on pense qu'il serait plus préférable que...

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant