2118 Confrontation

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Les premiers généraux étaient au cœur des batailles, puis ils s'en trouvèrent  loin. Maintenant, ils n'ont jamais été aussi loin en distance absolue et pourtant, ils sont de nouveau au cœur des batailles spatiales.

Manuel de combat spatial du commandant Kayani

En route vers sa première étape, l'armada titanienne se heurta à la flotte de l'empire solaire qui effectuait le voyage inverse pour aller semer la destruction sur Vénus. Pour une fois, dans ces batailles interplanétaires, Titan avait l'avantage du nombre. Affrontant frontalement la flotte ennemie, les Titaniens bénéficiaient de l'appui de la flotte de Jupiter qui arrivait par le flanc sur la flotte de Siamois. Sous le feu croisé des deux armadas, les Spectres ne purent engager un combat tournoyant, leurs pertes étant rapidement trop sévères pour espérer le moindre succès. Les nouvelles corvettes Thor et les Dreadnought, pourtant en nombre, n'y changèrent rien. La puissance de feu adverse ne leur laissait aucune chance, les vaisseaux étant rapidement mis hors service par des impacts multiples et destructeurs. Les robots vaisseaux de siamois ne brisèrent pourtant pas leur assaut. Ils se firent massacrer plutôt que d'esquisser un mouvement de retraite. Il ne resta bientôt plus rien de la flotte du premier empire solaire. Les pertes qu'ils réussirent à causer aux flottes rebelles étaient minimes, ne diminuant en rien la puissance des deux flottes réunies. Le Nautilus avait participé de loin à la bataille, ainsi que le Dragon céleste qui abritait le mécanicus d'Abedi. Celui-ci n'avait eu l'occasion que de tirer quelques salves, bien protégé par le reste de la flotte jupitérienne. Les humachines avaient été peu exposés durant cette bataille.

Dans la salle de commandement du croiseur l'écran holographique retransmettait la bataille dans ses moindres détails. Ava et Francisco lui tournaient le, dos trop occupés à préparer la suite des opérations.

Persépolis suivait donc seul l'affrontement sur l'hologramme.

- Les émissions sont de plus en plus violentes de nos jours. Comment peut-on projeter ce genre de film, le scénario n'est même pas intéressant !

- Ava, pourquoi tiens-tu absolument à participer à la bataille, ne peux-tu pas rester avec nous sur le croiseur ? Demandait Francisco en ignorant totalement l'intervention du robot.

- Parce que j'adore faire ça pensa Ava. Je serai plus utile dans mon chasseur affirma elle.

- S'agit-il d'utilité ou d'envie ? Je te connais, Ava. Avoue que tu aimes piloter ton chasseur au milieu d'une bataille spatiale !

- Elle ne répondit pas tout de suite, cherchant une bonne raison pouvant expliquer sa présence au milieu de la prochaine grande bataille. Elle n'en trouva aucune de crédible. Un picotement à l'arrière du crâne lui signifiait qu'elle allait devoir reconnaitre qu'il avait raison.

- Et zut, il marque le point se dit-elle.

- Tu sais Francisco, je...

Elle fut opportunément interrompue par Persépolis.

- Ohhh ! Un énorme vaisseau vient de se désintégrer. Le pauvre ! C'est triste comme film, vous ne voulez pas changer de canal ?

- Laisse tomber Ava abdiqua Francisco, tu joueras à la guerre et moi, je te regarderai te faire massacrer.

Mosi poursuivait ses rituels avec plus d'assiduité maintenant que l'ampleur de ses tâches quotidiennes avait fortement diminué. Bien sûr, les travaux continuaient sur les deux météorites : des batteries étaient ajoutées, les moteurs révisés après l'effort qui leur avait été demandé pour fournir l'impulsion nécessaire au déplacement des deux mastodontes. Les robots nécessitaient une vigilance quotidienne du fait de leur vétusté et de l'importance du travail qu'ils avaient dû fournir. Cependant, une grande partie de ces tâches étaient effectuées par Diounout, l'ordinateur central qui pilotait les astéroïdes. Du coup, Mosi s'accordait plus de temps pour retrouver sa famille dans l'alcôve qu'il leur avait dédiée. Il avait réussi à récupérer quelques graines d'Arabidopsis Thaliana et les petites fleurs blanches venaient décorer l'endroit, s'acclimatant facilement à la très faible gravité. Mosi parlait aux images abritées dans l'alcôve et semblait même avoir des dialogues avec elles. Heureusement, personne n'était là pour observer ces moments. C'était surtout l'ordinateur, rebaptisé du nom de sa compagne, qui occupait son temps libre. Il avait bien fait les choses et, en plus du visage de la géologue s'affichant en trois dimensions sur les différentes interfaces, il avait pu fournir un fichier audio à la machine qui imitait maintenant parfaitement la voix de Diounout. Il avait même complété son travail en insérant des phrases et des expressions fréquemment utilisées par la géologue ; la ressemblance était parfaite. Sous l'effet de la solitude, de son isolement total, du chagrin qui embrumait son cerveau, le techno-énergéticien avait peu à peu glissé hors de la réalité. L'ordinateur était Diounout. Il ne pouvait s'éloigner d'elle longtemps, recherchant constamment son humour, sa sérénité. Il avait cessé de participer aux conférences virtuelles, se contentant de messages courts et précis car il n'était plus certain de pouvoir offrir une image normale de lui-même.

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