2110 Base d'Ishtar-Novgorod, Mercure

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Vivre comme un Mercurien.

Expression spatiale décrivant une personne dont la vie est difficile.

La base d'Ishtar-Novgorod n'était vraiment pas très impressionnante vue de l'extérieure : quelques cubes de faible dimension éparpillés au fond d'un profond cratère. Abrité du soleil tout proche par les hautes parois qui bordaient le fond du cratère, l'emplacement affichait une température de -170° en permanence. En plus des constructions, on retrouvait des plaques de glaces qui venaient briser la monotonie des amas de rochers, des fissures peu profondes et quelques vaisseaux en partie démontés, enveloppés dans un cocon de glace, qui venaient compléter le paysage. Le lieu d'implantation de la base russe ne faisait pas partie des guides touristiques spatiaux quand le tourisme spatial existait, c'est-à-dire avant la grande catastrophe.

En fait, comme souvent sur les nouvelles colonies extra-terrestres, l'essentiel de la base se trouvait dans le sous-sol de la planète, un peu à la façon d'un iceberg qui cache sa plus grande partie sous l'eau. Si l'emplacement était peu attractif, le cratère protégeait le site d'une exposition directe au soleil, car aucune machine ne saurait travailler par plus de 400°, ce qui était la situation des zones mercuriennes exposées au soleil.

L'ensemble de la base était très étendu. Juste en dessous de la surface se trouvait le spacioport, puis, plus en profondeur, les lieux de vie des Mercuriens. Plus loin encore on avait installé les zones d'exploitation minière de cette planète essentiellement métallique dans son cœur.
Débutée en 2077, la construction de la base avait été une véritable prouesse technologique à cette époque où les robots n'avaient pas la performance de ceux d'aujourd'hui.

La légende maudite d'Ishtar-Novgorod était entachée d'un certain nombre d'accidents mortels qui commencèrent dès le troisième voyage d'exploration : le vaisseau d'approche s'était écrasé à l'atterrissage du fait du froid qui avait gelé son hydrogène. Les huit cosmonautes furent enterrés dans un des boyaux de la base primitive, qui continue encore à servir de cimetière. Les débris du vaisseau furent laissés en place, dans le cratère, en guise de mémorial ou d'avertissement pour les cosmonautes suivants.

Les accidents avaient continué durant les années suivantes et le corridor-cimetière s'était progressivement allongé mais sans jamais freiner l'expansion de la base.

Vivants ou morts, les Mercuriens avaient l'habitude de la solitude, cela faisait partie des critères de recrutement essentiels. Du fait des difficultés d'accès pour un vaisseau spatial en raison de sa proximité avec le soleil, un seul vaisseau de ravitaillement faisait le trajet dans l'année, renouvelant à chaque fois la moitié de l'effectif de la base qui culmina à environ mille deux cents personnes.

Maintenant, les Mercuriens étaient plus isolés que jamais car, si l'empire solaire continuait de remplir ses obligations en envoyant un vaisseau de ravitaillement une fois par an, celui-ci était entièrement automatisé et n'était prévue le plus souvent que pour le trajet aller. Il restait ensuite au fond du cratère où il était partiellement désossé pour pouvoir en récupérer le matériel utilisable par les humains-termites qui survivaient ici.

Nikolaï se trouvait assis sur son lit, dans l'alcôve qui lui servait de chambre, quand Polina Kouznetov déclencha l'ouverture de la porte. Elle portait une bouteille d'un liquide transparent et deux verres. S'approchant de la table qui était sortie du mur du fond de la pièce, elle déclencha l'apparition d'un gravitic siège, se détachant du sol pour venir flotter devant la table, en face de Nikolaï. Posant les deux verres elle commença à les remplir généreusement.

- Où as-tu trouvé ça, Polina ?

- C'est Vassili qui l'a fait, tu préfères ne pas savoir avec quoi crois-moi !

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