2119 Orbite de Mars

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Avant, la terre était au centre de l'univers. Puis la Lune fut au centre du système solaire. Maintenant Template est au centre du monde.

Dicton terrien

Le Nautilus brillait dans l'orbite martienne, les reflets solaires sublimant sa robe gris métallique. Il croisait Deimos, la seconde lune de Mars, alors qu'un croissant solaire émergeait derrière la planète rouge. Il n'était pas seul à profiter de cette vision que seul l'univers savait offrir. Une flotte nombreuse et arlequin encombrait l'orbite martienne, requérants le travail continue des différents ordinateurs de bord pour éviter toute collision. En plus des quelques Dragons Célestes qui faisaient admirer leurs lignes élancées, la flotte martienne, patchwork de Dreadnoughts Spectres et Thors, occupait l'orbite en formant un manteau d'acier autour de la planète. Enfin, une navette vénusienne flanquait le Nautilus, ressemblant à un jouet à côté des autres mastodontes. Autour d'elle cependant, les nouveaux chasseurs vénusiens n'avaient laissé aucun des représentants des diverses planètes indifférents. Ils étaient en forme de soucoupe que venaient encadrer deux tourelles doubles situées sur la partie centrale du disque, l'une en haut et l'autre en bas. Le scintillement qui entourait les chasseurs et les rendait un peu flous ne laissait aucun doute sur la réalité du bouclier magnétique les équipant.

La navette terrienne passait totalement inaperçue dans ce rassemblement improbable et hétéroclite. Minuscule, elle ne bénéficiait d'aucune escorte et son seul passager n'avait besoin ni de place ni de beaucoup de confort.

Tous étaient déjà à bord du Nautilus dans le grand salon aux formes féminines, qui n'avait jamais été aussi plein. Chacun était ceinturé à son fauteuil, à l'exception des trois mécanicus dont les avatars circulaient librement dans le vaste espace. Template, lui, s'accommodait parfaitement de l'absence de gravité grâce à ses pieds magnétiques. Si Allen Colleman et Aasim Abedi offraient une image humaine correspondant à leurs anciennes existences, le mécanicus martien avait choisi une représentation tri-dimensionnelle de sa planète. L'étrange sphère flottait avec les deux autres avatars, arrivant à parler sans bouche, au grand désarroi de la poignée d'humains se trouvant ici.

Orion Gartner était simplement vêtu d'une combinaison bleu pâle que venait relever l'emblème de sa fonction. Son regard gris entouré de rides nombreuses était pour le moment fixé sur Template. A ses côtés, se tenait Polina Kouznetov dont la combinaison dorée scintillait, comme incrustée de diodes lumineuses. Un peu derrière elle, l'enfant faisait des galipettes, profitant de l'espace de la pièce pour jouer avec l'absence de gravité. Si certains trouvèrent que ce n'était pas la place d'une enfant, personne n'en fit la remarque à Polina qui, de toute façon, ne se donna pas la peine de justifier la présence de sa fille.

Tien Kong se trouvait présent aussi, le regard perdu. Il semblait aussi incongru ici que l'enfant de Mercure. Lui-même ne savait pas pourquoi Allan Colleman l'avait invité, le mécanicus ne lui ayant pas dit qu'il avait besoin d'une caution humaine pour négocier au nom des Saturniens.

Le silence était total dans le Nautilus, chacun attendant que celui à l'origine de cette réunion prenne la parole, Template ne les laissa pas attendre.

- Mes amis, merci à tous d'avoir faire ces longs déplacements pour que nous puissions nous retrouver ici. Je sais, nous aurions pu utiliser les lasers de communications inter-planétaires, mais ce que je connais de l'être humain me pousse à préférer un vrai contact. Si nous sommes tous ici, c'est pour mettre en place les règles nous permettant à l'avenir de vivre ensemble dans notre système solaire. Quand nous sommes arrivés ici, nous avons tous vu les vaisseaux de morts en orbite tout autour de Mars. Ils n'ont eu de cesse de compléter ce que le rayon cosmique nous avait fait, au point de ne laisser que quelques dizaines de milliers d'humains. Ceux-ci survivent péniblement sur des colonies n'ayant jamais été prévues pour cette fonction. A ce jour, nous sommes dans une situation paradoxale : moins d'un demi millions d'humains ont à se partager d'immenses ressources. Nos armes ne sont pas nécessaires car chacun peut avoir plus qu'il ne peut consommer. Il suffit de transformer nos usines de morts en usines de vie, il suffit d'arrêter de produire des armes pour produire de la nourriture, des biens de consommations, des bijoux, des nefs inter-planétaires et tout ce que l'imagination humaine peut envisager. Aujourd'hui, nous n'avons pas de raison de nous faire la guerre, si jamais nous en avons eu une un jour.

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