Chapitre 12

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Bucky se réveilla en sursaut, transpirant. Il voulut se précipiter dans son salon, mais lorsqu'il posa la main sur la poignée de la porte de sa chambre, il se souvint qu'il n'était pas seul dans l'appartement. S'il sortait, il la réveillerait. Elle avait déjà assisté à une crise, il refusait qu'elle en voie une autre. Agité, il faisait les cent pas dans sa chambre, beaucoup trop petite pour que ce soit optimal. Il tentait de faire le moins de bruit possible, mais il avait besoin de bouger. Il avait besoin d'air. Ses poings se serrèrent et la colère afflua. La peur aussi. Il se souvenait de son cauchemar, et il n'en supportait pas les images. Il regarda l'heure : moins de trois heures du matin... La nuit allait être longue.

Il tourna en rond plus d'une heure, tenta quelques exercices physiques silencieux, tenta la sophrologie... Il réussit à se calmer, mais pas à se rendormir. Il oscillait entre la frustration, la peur et la colère, mais il maintint le contrôle. Il pouffa doucement en pensant que le Dr Melwis allait être fière lorsqu'il lui raconterait tout ça, la prochaine fois.

Sacha ouvrit les yeux une énième fois sur les coups de huit heures. Elle avait plutôt mal dormi, sans que ce soit la pire nuit de sa vie. Elle se leva pour utiliser les toilettes et faire sa toilette du matin. Lorsqu'elle ressortit, elle vit Bucky s'affairer à préparer du café. Il avait des cernes de dix pieds de long et semblait tendu.

— Tu en veux ? C'est du décaféiné.

Elle secoua la tête. Elle détestait le café.

— Tu bois du décaféiné ?

— Ordres de la psychologue. Il parait que ça trouble mon sommeil.

— Et après tu fais des insomnies, tu fais un bruit de fou pour te fatiguer et ta voisine vient frapper en râlant ?

Il sourit.

— Tu as tout compris. Je suis désolé, à part de l'eau, je n'ai rien d'autre à te proposer à boire...

— Je suppose que tu n'as pas de petit-déjeuner digne de ce nom non plus ?

Il fit la moue.

— Je ne mange pas le matin...

— Avec ce qu'il y a dans ton frigo, c'est à se demander si tu manges tout court. J'ai vu des trucs périmés au fait, tu devrais faire attention.

— Oui, maman... se moqua-t-il.

Elle lui jeta un regard entendu.

— Tu es le cliché du célibataire, déplora-t-elle d'un ton dramatique. Je reviens, je vais chercher ce dont j'ai besoin chez moi.

En la voyant partir, il ne put s'empêcher de laisser son regard tomber sur sa tenue. Elle portait un débardeur et un short en guise de pyjama. Il ne l'avait jamais vue aussi dénudée, mais vu la température qui grimpait rapidement ces derniers jours, il aurait d'autres occasions de... Mais à quoi pensait-il ? Il secoua la tête, s'insultant de penser de la sorte. Il porta sa tasse de café à ses lèvres et tenta de penser à autre chose.

Elle revint avec un bol de céréales et un verre de jus d'orange, naviguant difficilement sans aucune main disponible. Il l'aida en refermant la porte derrière elle. Sacha se rendit dans la cuisine et revint avec une cuillère, elle s'assit sur le canapé et commença à manger.

— Tu vas rester debout ? taquina-t-elle.

Il ne s'était pas rendu compte que depuis tout à l'heure, il la fixait, collé au mur. La fatigue le rattrapait, semant la pagaille dans sa tête. Il s'assit à ses côtés en terminant son café d'une gorgée, et la regarda manger.

— Tu en veux ? proposa-t-elle en le voyant regarder son bol.

Il secoua la tête.

— Goûte, ordonna-t-elle en lui tendant une cuillère pleine de céréales.

Mâcher les céréales faisait un bruit d'enfer dans sa tête, et accumulé à la fatigue, il eut un début de mal de tête. Mais il l'ignora.

— Alors ?

— C'est pas mauvais.

Il était sincère. Ce gout ne lui était pas étranger, sans qu'il ne sache où ni quand il en avait mangé. Quelqu'un frappa à la porte, ce qui inquiéta immédiatement Bucky. Personne ne venait jamais frapper chez lui, à l'exception de sa voisine. Il ouvrit prudemment la porte pour tomber sur une jeune femme qu'il n'avait jamais vue.

— Salut ! lança la nouvelle venue.

— Laetitia ? s'exclama Sacha en se précipitant sur la porte.

Sacha regarda sa meilleure amie, venue sans prévenir.

— Je m'inquiétais, expliqua-t-elle.

Elle jeta un œil à Bucky, le détaillant de haut en bas, avant de lancer un regard entendu à Sacha. Sacha leva les yeux au ciel, bien sûr qu'elle le trouvait mignon. Laetitia entra dans l'appartement sans invitation, passant entre les deux.

— Je suis contente de voir que tu vas bien. Je voulais vérifier qu'il ne t'avait pas... mangé.

Elle lança un regard lubrique à sa meilleure amie, qui la fit rougir. Heureusement, Bucky ne comprit pas le sous-entendu. C'est alors que Sacha remarqua qu'il n'avait pas mis ses gants. Elle lui fit les gros yeux pour lui faire comprendre, et se plaça devant son bras pour que son amie ne voie pas sa main de métal.

— Laetitia, appela Sacha. Allons discuter.

Elle l'attrapa par le bras et la précipita à l'extérieur. Elles entrèrent dans son appartement après avoir failli faire tomber la porte.

La situation échappait à Bucky. Il n'avait pas compris grand-chose à ce qu'il venait de se passer.

— Je peux savoir pourquoi tu débarques chez mon voisin sans prévenir ?

Sacha tentait d'être discrète mais elle ne se rendait pas compte que Bucky pouvait tout entendre. Il avait l'oreille fine.

— Tu ne m'avais pas dit que c'était un beau gosse.

Un sourire étira les lèvres de l'intéressé. Sacha bredouilla quelque chose d'inaudible avant d'intimer à son amie de parler moins fort. Mais ce n'était pas suffisant, il entendait toute la conversation.

— Désolée de vous déranger...

Son excuse était bidon, Sacha en avait parfaitement conscience. Elle adorait être arrivée pour les déranger de la sorte.

— Je te déteste, marmonna Sacha, faisant rire son amie.

— Tu sais que tu m'adores !

— Bon, quelle est la véritable raison de ta venue ?

— Je te l'ai dit, je m'inquiétais ! Je ne plaisantais pas pour cette partie. Bastien revient comme un malade mental pour t'agresser, tu finis au poste de police après que l'apollon d'à côté soit arrêté après qu'il t'ait héroïquement sauvé. Et ensuite tu te retrouves à dormir chez lui alors que tu le connais à peine et que vous vous détestez depuis que tu as emménagé.

— C'est sûr que raconté comme ça...

— Et puis qui de mieux que moi pour te remonter le moral ? Quoique...

Elle jeta un œil vers l'appartement d'à côté avec un petit sourire pervers.

— En plus regarde-moi cette petite tenue toute sexy là.

— Il fait chaud, ça n'a rien de sexy, c'est adapté !

— Ne me dit pas qu'il n'a rien tenté en te voyant habillée comme ça.

Sacha était rouge pivoine.

— Ce n'est pas son genre.

— Il est gay ?

— Oh, ferme-là !

Il n'en fallait pas plus à Laetitia pour éclater de rire.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant