Chapitre 24

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Pourquoi avait-il accepté ? Il avait eu le temps de regretter sa décision une dizaine de fois depuis le matin. Tout concernant cette invitation l'angoissait. Il était censé se faire passer pour le petit ami de Sacha, mais il connaissait si peu de choses par rapport à elle. De quoi allait-il discuter avec ses collègues ? Ils lui poseraient probablement des questions. Et s'ils l'interrogeaient sur son travail ? Il se voyait mal raconter qu'il était au chômage, mais il ne pouvait pas inventer n'importe quoi non plus... Devait-il parler de son passé, disant qu'il avait été militaire ? Probablement la meilleure solution, mais s'ils commençaient à demander des détails... il ne se sentait pas capable pas leur expliquer.

Il arrivait difficilement à tenir une conversation avec Sacha, qui connaissait presque tout de sa vie, alors comment faire avec des inconnus ? De quoi parlaient les gens à ce genre de soirées ? Peut-être qu'on ne lui demanderait rien du tout au final...

Il lâcha un râle paniqué en se prenant la tête dans les mains. Il faisait les cents pas depuis une bonne heure déjà. Il avait voulu en parler à Sacha la veille, mais elle n'était pas rentrée avant 22 heures, et il n'avait pas voulu la déranger. Et aujourd'hui, elle était au travail. Il considéra la possibilité d'appeler sa psychologue, mais la balaya rapidement. Même pas en rêve.

Il jeta un œil à l'horloge : il était midi passé, mais il n'avait pas faim. Il avait le ventre noué, ses mains tremblaient et il eut soudain très chaud. Il était au bord de la crise de panique. D'un coup, il pensa à Sam. C'était la solution ! Il attrapa son téléphone et lança l'appel.

— Bucky Barnes qui m'appelle ! Dieu nous vienne en aide, le ciel va bientôt nous tomber sur la tête.

Contre tout attente, les railleries de Sam eurent un effet calmant sur Bucky, qui se sentait déjà un peu plus calme.

— Tu es en mission ? s'enquit Bucky.

— Je suis toujours disponible pour toi ! rit-il avant de reprendre plus sérieusement. Je suis en planque, sans risque d'être entendu. Alors parle ! Ton humble serviteur t'écoute, en quoi puis-je t'aider ?

— Sacha m'a demandé de l'accompagner à une soirée organisée par son travail.

— Ooooh !

— C'est... enfin... c'est pas ce que tu crois.

— Mais je ne crois rien.

Bucky grimaça. Il leva les yeux au ciel.

— C'est une histoire compliquée, impliquant un de ses collègues. Bref, elle veut que je me fasse passer pour son... petit ami.

— Te « faire passer », hein ? railla-t-il. Quand tout sera fini, je veux tout le détail de cette histoire.

Bucky souffla en lui promettant de tout lui raconter plus tard. Il lui expliqua la situation, son mauvais pressentiment quant à la soirée à venir. Sam, avec toute la patience du monde, répondit à ses questions avec bienveillance – et raillerie – trouvant une solution à tous ses « faux problèmes » comme il les appelait. Ils passèrent une bonne demi-heure au téléphone.

— Je suis content que tu m'aies appelé ! s'exclama Sam alors qu'il arrivait au bout du sujet.

Sans blague. Il pouvait l'entendre jubiler de l'autre côté du téléphone.

— Merci pour ton aide.

— Avec plaisir, lover boy.

— Arrête de m'appeler comme ça.

Sam eut un rire court, avant de reprendre, soudainement plus sérieux :

— Tu as prévu de t'habiller comment ?

Bucky en eut le souffle coupé. Il n'avait pas du tout pensé à ça. Le silence qui suivit sa question parlait pour Bucky, et Sam enchaina :

— Un pantalon noir, des chaussures de ville noires également. Une chemise. Blanche pour du classique, bleue marine pour plus de sex appeal. Si c'est une soirée classe, chemise rentrée dans le pantalon et boutonnée jusqu'au cou. Sinon, tu peux la laisser tomber par-dessus et déboutonner un ou deux boutons du haut. Avec la chaleur, personne ne t'en voudra de ne pas mettre de veste.

Bucky était perdu. Il n'avait rien de tout ça chez lui. Ce n'est pas comme s'il était souvent invité à ce genre de soirée.

— J'imagine avec délice la confusion actuelle dans ton cerveau. Je t'envoie une bonne adresse, dis-leur que tu viens de ma part.

Bucky suivit les conseils de son ami, malgré son appréhension, et se rendit dans le magasin. C'était une belle et grande boutique, et il fut accueilli par une jeune femme souriante. Elle le salua poliment.

— En quoi puis-je vous aider ?

— Je cherche une tenue de soirée. Je viens de la part de Samuel Wilson.

Le visage de la vendeuse s'illumina.

— Il nous a en effet prévenus de votre venue. Suivez-moi !

Sam avait pris le temps de les appeler ? Qu'avait-il pu leur préciser ? Quelle surprise il lui réservait ? Bucky préféra ne pas y penser.

La vendeuse le conduit jusqu'au fond du magasin, près des cabines d'essayage. Elle l'invita à prendre place sur un petit piédestal. Elle prit ses mesures en silence, consciencieusement, notant tout sur un carnet. Une fois qu'elle eut fini, elle l'invita à patienter dans le fauteuil. Elle lui proposa quelque chose à boire, mais il déclina. Il avait toujours l'estomac noué.

La jeune femme revint une bonne minute plus tard, les bras chargés de vêtements, qu'elle déposa sur un portant. Elle sélectionna un bas et un haut et les accrocha dans une cabine, avant d'inviter Bucky à aller les essayer. Il s'exécuta. En ressortant de la cabine, la vendeuse s'approcha pour ajuster correctement ses habits. Elle ouvrit deux boutons de sa chemise, dévoilant sobrement son cou et le début de son torse. Elle repositionna son pantalon, qu'elle serra avec une ceinture. Cette proximité avec une inconnue embarrassa Bucky, d'autant plus qu'elle ne se gênait pas pour le toucher. Ça n'avait rien d'inconvenant, mais il n'était plus habitué au contact physique.

Lorsqu'elle parut satisfaite, elle le positionna face à un miroir. L'image renvoyée le troubla. Il ne se reconnaissait pas, et il était incapable de dire si c'était bien ou non.

— Je peux... je peux essayer une chemise bleu foncé ?

La vendeuse acquiesçât et récupéra ce qu'il fallait sur le portant. Elle lui tendit et le laissa retourner dans la cabine. Il se changea rapidement, et tenta de mettre sa chemise correctement cette fois. En sortant de la cabine, la vendeuse eut un grand sourire.

— C'est parfait ! s'exclama-t-elle, enjouée.

Bucky s'observa de nouveau dans le miroir. Il se sentait comme un imposteur, un menteur, qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas. Mais il ne voulait pas faire honte à Sacha, et il avait confiance en Sam. Bucky hocha la tête, déterminé.

— Les chaussures maintenant !

Lors de son passage en caisse, alors qu'il avait tout ce qu'il lui fallait, la vendeuse refusa sa carte.

— Tout est pris en charge par votre ami, assura-t-elle.

Sam...

Bucky remercia la vendeuse et quitta le magasin. Il saisit son téléphone pour envoyer un simple « merci » par texto à son ami.

« Lave-toi avant de t'habiller et rase-toi un peu. Petite barbe de trois jours au top ! » répondit Sam.

Bucky pouffa, reconnaissant. Il se sentait déjà plus confiant quant à la soirée à venir.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant