Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}

Chapitre 46

Sacha et Bucky arrivaient devant leur immeuble, raccompagnés par un agent du S.H.I.E.L.D. Ils n'avaient pas échangé un mot de tout le trajet. Sam avait été envoyé à l'hôpital, heureusement il n'était pas blessé gravement, mais ses blessures n'étaient pas superficielles pour autant. Bien sûr, Dana l'avait accompagné. Sacha avait été examinée par l'ambulancier, mais à part lui donner à boire et la recouvrir d'une couverture chauffante, il n'avait pas pu faire grand-chose pour elle. Elle avait à peine cessé de trembler.

Sacha avait remarqué les bandages de Bucky mais elle n'avait pas posé de question. Son cerveau était comme... déconnecté. Lorsque Bucky posa sa main sur son bras, elle sursauta et se recula.

— On est arrivé, informa-t-il d'une voix douce.

Sacha regarda à travers la fenêtre de la voiture et reconnut sa rue. Elle cligna des yeux ; elle n'avait pas vu le trajet passer. Elle sortit sans un mot et marcha automatiquement vers l'entrée.

Bucky se lança à sa suite. La voir comme ça le brisait. Elle ne méritait pas ce qu'il lui était arrivé. Il ne cessait de se répéter que c'était de sa faute à lui et à plusieurs reprises, il avait senti une crise arriver. Mais il refusait de se laisser aller. Il devait être fort, pour elle.

Ils montèrent les marches ensemble, et il observa chacun de ses mouvements. Elle semblait... vide. Il détestait se sentir aussi impuissant. Il voulait l'aider, la réconforter, mais depuis qu'elle l'avait repoussé, il craignait de ne faire qu'empirer les choses. Arrivés à leur étage, elle se précipita vers son appartement. Elle fouilla dans son sac un moment avant de trouver ses clés, et elle tenta de déverrouiller la porte. Mais sa main tremblait, et plus elle essayait, pire c'était. Bucky connaissait bien cette sensation, pour l'avoir vécue une centaine de fois. Il s'approcha d'elle, s'assurant qu'elle l'avait vu venir, et murmura :

— Laisse-moi t'aider.

Il lui tendit la main, et elle y déposa le trousseau. Il rentra la clé dans la serrure, tourna et ouvrit la porte. Elle se pressa à l'intérieur. Bucky ne savait pas quoi faire. Devait-il rester avec elle ? Devait-il la laisser seule ? Elle n'avait rien dit, rien fait qui aurait pu l'aider à comprendre ce dont elle avait besoin. Elle se tenait là, dos à lui, les mains posées sur la table.

— Je serais dans mon appartement. Si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me voir.

Elle ne répondit pas. Il déposa son trousseau de clés dans le panier prévu à cet effet dans l'entrée, et quitta son appartement avant de rentrer chez lui.

Sacha était perdue. Elle pensait qu'en rentrant chez elle, elle se sentirait mieux, mais maintenant que Bucky était parti, c'était pire. Elle se sentait vulnérable, en danger. Elle le savait proche, mais ça ne suffisait pas à la rassurer. Elle finit par se rendre compte qu'elle n'avait même pas enlevé ses chaussures en entrant, ce qu'elle fit à l'instant même où le réalisa. Elle avait besoin de stabilité, de retrouver ses repères, de choper un point d'ancrage dans le réel. Dans le familier. Elle posa son sac sur la table à manger, et resta penaude quelques minutes.

Elle se sentit soudain très sale. Elle arracha ses vêtements, les jetant violemment par terre, et courus dans sa douche. Elle régla la température de l'eau pour qu'elle soit juste assez chaude pour lui donner l'impression de bruler sa peau, mais sans le faire vraiment. Elle en avait besoin, comme pour se purifier. Puis elle frotta, frotta... pourquoi n'arrivait-elle pas à se débarrasser de cette sensation ? Elle jeta son savon contre la vitre et se laissa tomber à genoux, en pleurs.

La première chose que fit Bucky en rentrant chez lui fut de jeter ses vêtements tachés à la poubelle. Il se repassait l'attaque en boucle dans sa tête, sans réussir à l'arrêter. Il sentit la colère affluer et il eut une forte envie d'aller se défouler sur son sac de frappes – à croire qu'il n'avait pas assez castagné aujourd'hui – mais il se contint. Sacha l'entendrait forcément, et elle avait besoin de calme. Il n'arrivait pas à s'empêcher de penser à tous les pires scénarios qui auraient pu se produire. Serait-il un jour en sécurité tant qu'HYDRA était encore sur pieds ? Pouvait-il imposer ce danger à Sacha, en décidant égoïstement de rester avec elle ? Si elle voulait toujours de lui...

Il se frappa le front. Il devait vraiment arrêter de réfléchir ! Rien de tout ça ne l'aidait. Il se rendit dans sa salle de bain et entreprit de se nettoyer sans toucher à ses pansements. Il soupira en voyant son reflet dans le miroir : il était recouvert de bleus et de coupures. Les plus profondes, causées par les poignards d'HYDRA, avaient bien évidemment été bandées. Il enfila un jogging et se laissa tomber sur le canapé. Il savait déjà qu'il ne réussirait pas à dormir. Il envisagea d'acheter une télé, les séries que Sacha lui avait montrées avaient au moins l'intérêt d'occuper le temps.

Il sursauta en entendant des coups à la porte. Ils n'étaient pas très forts, ce qui chassa l'idée qu'une autre tuile allait lui tomber dessus ce soir. Il ouvrit la porte sur Sacha, les yeux gonflés et toute tremblante. Ses cheveux, trempés, mouillaient abondamment son haut de pyjama. Cette vision lui brisa le cœur.

— Je peux rester avec toi ? supplia-t-elle.

Il se décala en ouvrant la porte et elle s'engouffra à l'intérieur. Il ferma la porte à double tour derrière elle et la guida pour qu'elle s'asseye sur une chaise.