— Sacha. Sors avec moi. Pour de vrai.
C'était sorti spontanément de sa bouche. Il ne l'avait pas contrôlé. À l'instant même où il comprit ce qu'il venait de lui demander, il paniqua. Non, c'était trop, trop tôt, trop vite. Elle allait le rejeter. Peut-être qu'il n'allait plus jamais la revoir, qu'elle déménagerait.
Sacha n'en revenait pas. Avait-elle bien entendu ? Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais quoi ? Elle avala sa salive difficilement, la bouche soudainement sèche. Elle ne l'avait pas vu venir celle-là.
— Oublie ce que je viens de dire, s'empressa de rajouter Bucky. Je viendrai t'aider vendredi, aucun problème.
Sacha pouffa nerveusement. Elle ne pouvait pas oublier. C'était littéralement impossible. Mais en voyant la confusion dans le regard de Bucky, elle comprit qu'il était tout aussi perdu qu'elle, voire davantage. Elle se rendit alors compte qu'elle en avait envie, elle voulait être avec lui. Elle ne pouvait nier les sentiments qu'elle ressentait. Et au vu de son comportement ces dernières semaines, elle le soupçonnait de ressentir la même chose.
Sacha était en phase avec elle-même. Elle avait chassé Bastien de sa vie depuis peu, mais il était sorti de son cœur depuis bien plus longtemps. Et elle était prête à construire quelque chose avec une nouvelle personne. Avec Bucky. Mais lui était-il prêt ? En était-il capable, sainement ? Les mots du Dr Melwis lui revinrent en tête. Il avait besoin de temps avant de pouvoir prétendre à une vie plus classique. Sacha pouvait patienter, prendre son mal en patience. Tant qu'il ne se baladait pas en petite tenue trop souvent. Un sourire amusé étira les lèvres de la jeune fille à cette pensée.
Elle saisit la main de Bucky et le regarda droit dans les yeux.
— Ne t'en fais pas. Je comprends que tu ne sois pas prêt. J'attendrais.
Il n'avait pas eu besoin de lui dire ce qu'il ressentait, elle l'avait deviné. Une vague de soulagement l'envahit. Cette fille pouvait-elle être plus parfaite ? Il ne la méritait pas, et pourtant, égoïstement il refusait de la laisser partir. Il détestait l'idée qu'un autre puisse l'avoir. Il voulait lui dire à quel point il était désolé d'être comme ça, qu'il se détestait et qu'il aurait voulu être différent. Il voulait lui jurer de tout faire pour reprendre une vie normale, pour elle. Parce qu'elle en valait la peine, il en était persuadé.
Un silence un peu gênant s'installa, qu'il décida de briser :
— Je revois un vieil ami demain.
— Ah ? s'enthousiasma-t-elle. Ça fait combien de temps que tu ne l'avais pas vu ?
— Depuis que j'ai emménagé, peu de temps après la bataille contre Thanos. Je sais qu'il enchaine les missions, mais je ne sais pas s'il travaille toujours avec les Avengers.
Sacha passa sa main sur sa bouche, lui faisant froncer les sourcils.
— Ton ami est un Avenger ?
— Oui.
— J'avais complètement oublié que tu en avais fait partie. Pardon. Continue, je ne voulais pas t'interrompre.
Tout cela lui paraissait surréaliste. Elle avait entendu moult histoires sur eux, les grands Avengers, qui protégeaient la Terre des menaces internes et externes. Il les connaissait, c'était si fou ! Elle garda son excitation pour elle, mais elle mourrait d'envie de savoir duquel il s'agissait. Et de lui poser un million de questions sur eux.
— Ça faisait un moment qu'il m'appelait... et que je l'ignorais, admit-il en faisant la moue. C'était... c'était l'ami de Steve, avoua-t-il.
Captain America. Qui était un très vieil ami de Bucky, pour le coup.
— Il s'inquiète pour toi.
Il acquiesça. Bucky expliqua qu'après le départ de Steve et son changement radical de vie, il avait complètement boycotté son ancienne vie. Il ne s'était pas senti la force de continuer, de les revoir, s'il n'était pas là. C'était lui qui l'avait sauvé de la perdition, et il lui en était éternellement reconnaissant. Et il aurait voulu avoir une chance de lui rendre la pareille. Il aurait aimé qu'il soit là pour l'aider à surmonter cette phrase.
Sacha devina qu'il se sentait seul, et qu'il avait beaucoup de mal à faire confiance. Ce qui était cohérent avec son passé aux mains d'HYDRA. C'était probablement la première fois qu'il s'exprimait autant avec elle, et elle ne parlait que pour l'encourager à continuer. Lorsqu'il eut terminé, elle se permit une petite taquinerie.
— Du coup, vous mangez ensemble demain midi. Est-ce que tu vas cuisiner pour lui ?
Il eut une moue ironique et un peu gênée et Sacha explosa de rire.
— Je ne veux plus jamais cuisiner.
— C'est à force d'expérience et d'entrainement – et de ratés – qu'on peut maitriser un domaine. On n'est jamais bon dans un domaine qu'on commence tout juste !
Un air taquin traversa le regard de Bucky, et Sacha se préparait au pire.
— Ça fait combien de temps que tu cuisines ?
Elle prit un air démesurément outré et chercha autour d'elle un truc à lui jeter à la figure. Mais ils étaient encore à table, et elle risquait de casser quelque chose, alors elle s'abstint.
— La vengeance est un plat qui se mange froid, Barnes, menaça-t-elle. Ne dors plus jamais sur tes deux oreilles !
Il lui lança un air de défis en haussant un sourcil dubitatif.
— Oh ! Monsieur fait le malin parce qu'il a un bras en métal, mais les muscles ne font pas tout, affirma-t-elle en tapotant sa tempe de son doigt. J'ai un cerveau, et je sais m'en servir.
Elle débarrassa la table en parlant, première étape de son plan machiavélique. Elle changea de sujet, dans l'espoir qu'il n'y pense plus, pour mieux le prendre par surprise. Elle nettoya la table alors qu'il faisait la vaisselle puis elle retourna à pas de loup dans la cuisine. Il était de dos, les mains dans le lavabo, c'était le moment parfait. Elle leva le bras et lança l'éponge droit vers lui. D'un mouvement trop rapide pour un humain classique, il se retourna et l'attrapa au vol avant qu'il ne l'atteigne. Elle le regarda avec des yeux choqués.
— J'ai vaincu bien plus dangereux, se moqua-t-il.
— C'est pas juste ! geignit-elle. Tu triches.
Il pouffa.
— Je trouverai tafaiblesse, Barnes, j'en fais le serment !
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Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}
FanfictionLorsqu'elle emménage dans son nouvel appartement, Sacha s'attendait à une vie tranquille, loin de son ex toxique. C'était sans compter sur son voisin de palier, un beau brun au passé mystérieux. Tout aurait pu bien se passer si les murs de l'immeubl...