Chapitre 40

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Bucky était complètement à la ramasse. Il avait passé ces derniers jours à réfléchir à des occupations, sans grand succès. Pour le moment, sa liste se résumait à trois choses : regarder la télé, faire des joggings et adopter un animal. Dire que c'était ce qui l'intéressait le plus aurait été exagéré. C'était ce qui l'ennuyait le moins.

Il avait déjà commencé à se créer une nouvelle routine avec cela dit. Lorsque Sacha partait au travail – et qu'il était réveillé par son réveil – il se préparait également et partait courir une ou deux heures en fonction de sa motivation. Puis il revenait à son appartement pour continuer avec quelques frappes sur son punchingball. Sacha lui avait montré comment mettre de la musique sur son téléphone, le connectant à l'une de ses playlists qu'elle trouvait adaptée pour faire du sport, et lui avait donné des écouteurs. Bien que ça lui avait d'abord déplu de mettre ça dans ses oreilles, il s'était vite habitué et appréciait de s'entrainer en rythme. Avec ça, il arrivait presque à occuper ses matinées.

Bucky était en plein milieu de son jogging, pensant à sa séance avec le Dr Melwis dans quelques heures, et il sentait que sa courte liste ne serait pas satisfaisante. Il fit une pause en s'asseyant sur un banc du parc où il courrait, non pas pour se reposer, mais pour regarder les personnes autour. Il n'avait aucune idée de comment chacun s'occupait, et à cet instant, il avait besoin d'idée. Il but plusieurs gorgées de sa gourde et observa un couple qui jouait avec leurs enfants. Il sourit, ils avaient l'air heureux. L'espace d'un instant, il s'imagina avec Sacha à leur place. Se voyait-il avec des enfants ?

Dans sa jeunesse, il ne s'était jamais posé la question, pour lui la réponse était évidente : il voulait fonder une famille et avoir des enfants. Lorsqu'il s'était engagé dans l'armée, le petit astérisque s'était ajouté à cette ambition : « si je reste en vie assez longtemps ». Puis il y avait eu... tout ce qui a suivi, et il n'avait jamais imaginé qu'il puisse avoir le droit à ce genre de vie. Il était persuadé que personne ne pourrait l'aimer en sachant ce qu'il était, ce qu'il avait fait.

Il fut interrompu dans le fil de sa pensée par une jeune femme qui s'approcha de lui. Plutôt grande, assez maigre mais avec des épaules larges, ses cheveux bruns étaient attachés en queue de cheval. Elle avait l'air un peu gênée lorsqu'elle s'adressa à lui :

— Bonjour, salua-t-elle.

Il la salua en retour, un peu paniqué à l'idée de ce qu'elle allait lui dire. Il était toujours mal à l'aise pour parler avec des inconnus, parce qu'il trouvait toujours un moyen de mettre les pieds dans le plat d'une façon ou d'une autre et de se ridiculiser.

— Je suis désolée de te déranger, c'est juste que... je suis venue avec des amies, indiqua-t-elle en pointant le doigt vers un groupe de jeunes femmes. Et on t'a vu pendant que tu courais tout à l'heure et...

Elle toussa, et reprit, se mordant la lèvre.

— J'ai eu le malheur de dire que... je te trouvais pas mal et depuis elles me harcèlent pour que je vienne te parler.

Le cerveau de Bucky bugga un instant. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais ne sut pas quoi dire. La jeune femme, encore plus mal à l'aise qu'avant, enchaina :

— Mais si tu as une copine ou que tu n'es pas intéressé, je comprends ! se défendit-elle.

Il pensa à Sacha. Comment définir leur relation ? Ils n'avaient jamais vraiment rien officialisé, mais en même temps, il n'avait envie d'aucune autre personne. Elle était la seule dans sa tête.

— Je... je ne suis pas... célibataire.

La jeune femme pinça les lèvres, déçue mais compréhensive.

— Évidemment. Encore pardon pour le dérangement et bonne journée !

Elle s'en alla sur ses mots et rejoignit ses amis. Bucky prit une profonde inspiration, laissant échapper la tension de son corps. Il reprit sa course, voulant mettre de la distance entre lui et le parc. Il arrivait au croisement de sa rue lorsqu'il tomba sur plusieurs motards qui discutaient. Il s'arrêta, regardant les motos une à une.

— C'est une Harley ! informa un homme en s'approchant de lui. Amateur de moto ?

Bucky secoua la tête.

— J'en ai conduit, sans jamais vraiment y réfléchir. C'était... plus pratique qu'une voiture dans certaines situations. C'est la vôtre ?

L'homme hocha vivement la tête, un grand sourire sur le visage. Il lui donna quelques caractéristiques de la moto, insistant sur ses nombreuses qualités. Ils en firent le tour, et sans s'en rendre compte, Bucky se retrouvait à échanger avec des inconnus, presque confortablement. Après une bonne demi-heure à échanger, ils étaient temps pour eux de prendre la route.

— On a un groupe Facebook « le coin des motards » si ça t'intéresse, conclu un autre homme. Si tu décides d'acheter, tu pourras venir faire quelques balades avec nous !

Sur ses mots, ils enfilèrent leurs casques et démarrèrent. Le bruit des moteurs, comme un ronronnement aux oreilles de Bucky, termina de le convaincre. Il en voulait une.

Il rentra chez lui, prit une douche rapide, se posa sur son ordinateur et commença à chercher où il pourrait en acheter une rapidement. Il trouva un concessionnaire près de chez lui et décida de s'y rendre. Il prit le bus et se sentit satisfait à l'idée qu'avec son prochain achat, il pourrait enfin se déplacer librement. EN arrivant sur place, il s'arrêta un instant pour admirer les modèles d'exposition.

— À la recherche de votre prochaine merveille ?

Probablement un vendeur. Bucky hocha la tête, lui expliquant rapidement ce qu'il cherchait. Ils parcourent ensemble tous les modèles, le commerçant détaillant les qualités de chacune des marques disponibles à la vente.

— Une ou deux places ?

Bucky réfléchit. Sacha aimait-elle la moto ? Voudrait-elle venir avec lui ?

— Deux places.

— Madame va être contente ! s'amusa-t-il.

Cette remarque fit sourire Bucky. Il avait hâte de voir la réaction de Sacha en le voyant avec une moto. Bucky finit par choisir le modèle qui lui plaisait le plus, suivant les conseils du vendeur, et la paperasse remplie, il repartit avec son nouvel achat.

— Si vous avez besoin d'équipement, dans la rue adjacente vous avez un magasin spécialisé, informa le vendeur en le voyant monter sur la moto sans équipement.

Bucky hocha la tête. Nonqu'il ait vraiment besoin d'équipement de protection – il survivrait trèscertainement à un accident – mais la loi était la loi.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant