Chapitre 7

5.3K 297 64
                                    

— Je suis fière de vous, James.

Les mots de sa psychologue le touchèrent plus qu'ils ne l'auraient pensé. Il venait de lui raconter ce qu'il s'était passé avec Sacha.

— C'était bizarre.

La femme eut un rire court, amusée.

— C'est un début. Un bon début James. Quelle est la prochaine étape ?

Il la regarda sans comprendre.

— L'étape de quoi ?

— Pour devenir ami avec elle.

Il leva les yeux au ciel. Elle n'était jamais satisfaite.

— James, que vous ai-je dit concernant les yeux qui roulent ?

Il s'empêcha difficilement de recommencer et s'excusa, plus par conciliation que par culpabilité. Elle renouvela sa question et attendit patiemment la réponse.

— Ca n'était pas assez gênant pour vous ? Il faut que je recommence ?

— C'est en forgeant qu'on devient forgeron. Vous n'avez pas eu de relation amicale normale depuis la Seconde Guerre mondiale. Donnez-vous un peu de temps pour vous remettre dans le bain.

Il passa la main dans ses cheveux, la tête baissée. L'idée même de recommencer l'angoissait.


C'était un samedi calme pour Sacha. Elle avait prévu de ne rien faire, c'était parfait. Elle flânait dans son appartement, buvant du thé à volonté devant une série qu'elle adorait. Elle avait passé la semaine à repenser à son repas avec James. Elle ne le voyait plus de la même façon désormais, elle n'était plus en colère, juste mal à l'aise. C'était un progrès ! Ils ne s'étaient pas recroisés depuis, et elle le soupçonnait de l'éviter. Ceci dit, il ne l'avait presque pas réveillé cette semaine. Tant qu'il ne redevenait pas le con qu'il était au départ, cette situation lui convenait parfaitement.

Des coups frappèrent à la porte, et Bucky pensa que c'était sa voisine qui venait la voir. Il se leva pour regarder par le Judas, mais découvrit que c'était un homme qui frappait à sa porte à elle. Il fronça les sourcils : à l'exception de son amie, personne n'était jamais venu la voir. Il retourna s'assoir, se disant que ce devait être un ami.

— Bastien ? s'étonna la voix de Sacha.

Ce nom lui était familier. Il tenta de retrouver à qui il appartenait, retraçant tout ce qu'il avait appris sur elle, mais il n'eut pas besoin de chercher longtemps.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Tu refuses de répondre à mes appels, tu me bloques de partout. Il fallait bien que je trouve un moyen de te parler !

L'ex-petit ami. Bucky fronça les sourcils, cette histoire était douteuse. Il entendit quelques mouvements dans le couloir, et la porte claquer. Le verrou se fermer. Ils discutèrent une bonne dizaine de minutes, pendant laquelle il tenta de la convaincre de se remettre avec lui. Elle contrait chacun de ses arguments avec des exemples concrets et justifiés. Mais cela ne sembla pas lui suffire. Il refusait qu'elle le quitte. Bucky sentit le ton monter jusqu'à ce que Sacha annonce :

— C'est trop tard Bastien, je ne t'aime plus.

L'instant d'après, le jeune homme se mit à crier. Bucky prit son téléphone et appela discrètement les secours, les prévenant que la situation pouvait dégénérer d'un instant à l'autre.

Soudain, un bruit que Bucky connaissait beaucoup trop suivi. Il l'avait frappé, et elle était tombée. Son sang ne fit qu'un tour. Il raccrocha après avoir donné l'adresse, et se précipita vers la porte voisine. Il l'ouvrit d'un coup d'épaule qui explosa la serrure. Il se jeta sur l'agresseur, lui donnant un coup dans l'estomac, avant d'enchainer avec un coup au visage, qui l'envoya à terre.

Bucky voulut continuer, mais Sacha l'attrapa par le bras pour l'arrêter. Il reprit ses esprits, et se rendit compte qu'il n'avait pas été tendre avec lui. Bastien gisait à terre, le nez en sang, recroquevillé sur lui-même.

Sa scène était passée si vite que Sacha n'avait rien vu. Un instant, Bastien pétait un plomb, la seconde d'après, il se retrouvait acculé et maitrisé par James. Sacha s'était jeté sur lui pour l'arrêter, de peur qu'il ne le blesse réellement. Non seulement Bastien ne méritait pas autant, mais surtout que James en avait assez sur la conscience, il n'avait vraiment pas besoin de ça.

Celui-ci reporta finalement ses yeux sur elle, fixant l'hématome qu'elle devait porter. Il leva le bras et posa sa main délicatement sur sa joue, effleurant de son gant la blessure avec un air inquiet.

— Ça va... rassura-t-elle.

Elle tenait toujours son bras, et elle remarqua qu'il y avait quelque chose de particulier avec celui-ci. Il semblait... différent. Plus dur. Lorsqu'il s'en rendit compte, il retira vivement son bras puis reporta son attention sur Bastien, tentant de dissimuler sa gêne. Il n'avait pas bougé, maugréant dans sa barbe.

— La police arrive, informa Bucky. Et...

Il jeta un œil derrière lui, ennuyé. Sacha suivit son regard.

— Je te dois une nouvelle porte...

Elle pouffa, plus nerveuse qu'amusée. Il l'avait ouvert avec tant de force qu'un des gonds avait sauté, et elle pendait tristement en menaçant de tomber à chaque seconde.

— Ne t'inquiète pas pour ça.

Bastien tenta de se relever, mais Bucky s'approcha pour le maintenir au sol d'une main. La police débarqua quelques minutes plus tard pour embarquer Bastien, mais contre toute attente, Bucky fuit lui aussi interpelé. Les coups qu'il avait infligés à l'intrus menaçaient de l'envoyer lui-même faire un tour en prison. Il devait d'abord estimer la gravité de ses blessures, et seulement après, il saurait s'il était poursuivi pour coups et blessures ou non.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant