Chapitre 11

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Ils mangèrent tranquillement sur le canapé, en silence. Bucky dévorait son assiette, il n'avait jamais mangé quelque chose d'aussi bon.

— Ralentis, se moqua Sacha. Tu vas t'étouffer à manger aussi vite.

Comme pour corroborer ses paroles, il se mit à tousser.

— C'est délicieux.

— Simple, efficace, sourit-elle. Tu devrais apprendre à cuisiner, il y a plein de vidéos sur internet qui te montrent étape par étape, même pour les débutants. J'ai vu que tu avais un ordinateur...

Elle se leva pour aller le chercher, mais alors qu'elle le posait sur ses genoux, Bucky se souvint de la dernière fois qu'il l'avait utilisé. Il referma vivement l'écran sur le clavier, manquant de pincer les doigts de Sacha. Elle ne pouvait pas savoir qu'il avait fait des recherches sur elle. Il prit l'ordinateur, qu'il posa autre part.

Sacha fronça les sourcils, surprise, et il répondit par un sourire embêté. Elle secoua la tête mais passa à autre chose. Ton téléphone.

— Tu as vingt-sept appels manqués. Numéro inconnu, numéro masqué, Sam trois fois, l'emmerdeuse... ?

Bucky pinça ses lèvres. Il avait complètement oublié qu'il l'avait enregistré à ce nom.

— Dr Melwis.

Sacha lui envoya un regard réprobateur.

— Celle femme est très gentille, tu devrais être plus sympa avec elle.

— Tu ne dirais pas ça si elle essayait de décortiquer ton cerveau.

Sacha pouffa, amusée. Elle l'imaginait si mal en thérapie.

— Pauvre Dr Melwis. Tu ne dois pas être son patient le plus facile.

Contre toute attente, cette remarque amusa Bucky.

— Je me noie dans toutes tes notifications, Bucky, c'est incroyable.

Une décharge se propagea dans son ventre lorsqu'elle l'appela de nouveau par son surnom. Il n'en montra rien.

— C'est pour ça que je déteste ce truc.

— Je vais te faire un peu de ménage.

Ils passèrent la soirée à supprimer les applications qu'il n'utilisait pas, à régler les sonneries et les notifications. Sacha ajouta son numéro et envoya un message à son téléphone, afin qu'elle puisse enregistrer le sien. Elle le mit à charger également.

— Et voilà ! s'enthousiasma-t-elle après ce long travail.

Il la regarda comme si elle avait perdu son temps et que ça n'avait servi à rien.

— Tu as intérêt à l'utiliser, menaça-t-elle.

— Oui, mon capitaine.

Elle sourit, satisfaite. Jetant un œil à son propre portable, elle répondit à Laetitia qui s'inquiétait de ne pas avoir de réponse de sa part de toute la journée. Elle lui expliqua rapidement les évènements, promettant de l'appeler le lendemain. Elle enregistra également Bucky dans son répertoire.

— Je devrais t'enregistrer comme « mon enfoiré de voisin », proposa-t-elle, taquine.

Il sourit.

— Emmerdeur plutôt, non ?

Elle rit, mais l'enregistra avec son surnom. Bucky tentait de suivre ce qu'elle faisait sur son téléphone, mais elle allait beaucoup trop vite pour qu'il arrive à suivre. Elle enchainait les applications, les notifications...

Il se laissa tomber sur le canapé, à moitié allongé.

— Tu es fatigué ?

— Ça va, mentit-il. Toi ?

— Je commence.

— Je vais aller me laver dans ce cas.

Il se leva et pénétra dans la salle de bain. Il prit une courte douche, bien chaude comme il les aimait. Il était un peu mal à l'aise de savoir Sacha si proche de lui, comme une forme de... vulnérabilité. Il repensa à celui qu'il était avant la guerre, le Bucky qui enchainait les filles. Tout lui semblait si facile à l'époque, et maintenant, parler à une seule l'angoissait. Il avait bien changé.

Il sortit de la douche, laissant la vague de buée se répandre dans la petite pièce. Il attrapa sa serviette et entreprit de se sécher. Puis, alors qu'il voulait se rhabiller, il se rendit compte qu'il n'avait pas pris de vêtement de rechange. Par habitude.

Il passa sa main sur son visage.

— Quel imbécile, marmonna-t-il.

Il remua toute la pièce à la recherche de vêtements oubliés, mais bien sûr, il les avait tous rangés... dans sa chambre. Il se maudit plusieurs fois, dans plusieurs langues. Il attacha solidement la serviette à sa taille, et se décida à ouvrir la porte.

Sacha était concentrée sur sa conversation avec Laetitia, à la rassurer. Lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit, elle ne s'attendait vraiment pas à voir Bucky en sortir en serviette. Le rouge lui monta aux joues et se força à regarder ailleurs.

— J'ai oublié de prendre des affaires, s'excusa-t-il. Je n'ai pas l'habitude...

— Pas de problème.

Il traversa la pièce en silence. Elle ne l'avait regardé qu'une poignée de secondes, mais son image était désormais gravée. Elle n'avait jamais ignoré qu'il était bien foutu, mais le constater aussi intimement, les cheveux mouillés... Elle se détestait pour toutes les images lubriques qui traversaient son esprit à cet instant. Et elle était censée faire comme si de rien n'était quand il reviendrait ?

Bucky se racla la gorge pour attirer son attention. Il remarqua ses joues rouges et s'en voulut de la mettre mal à l'aise. Devait-il s'excuser ? Ne passait-il pas son temps à s'excuser lorsqu'ils étaient ensemble ? Sacha leva les yeux vers lui mais ne réussit pas à supporter son regard. Elle détourna les yeux. Une chaleur qu'il avait oubliée depuis longtemps réchauffa son bas ventre. Il l'a reconnu tout de suite, mais la fit taire. Il était fou de penser qu'elle pourrait vouloir quoi que ce soit de sexuel avec lui.

— Tu n'as pas chaud ?

Sacha désigna son haut à manches longues et ses gants, qu'il avait remis par réflexe.

— Un peu. Je suis habitué.

Elle attrapa ses mains et retira ses gants. Ils échangèrent un regard, et elle rougit. Elle tenta de dissiper sa gêne avec une blague :

— N'attends pas de moi que je retire le reste.

Une fois la surprise passée, il rit. Un vrai rire. Ce son enchanta Sacha, qui ne s'y attendait pas.

— Je ne m'attendais pas à ce que tu le fasses, continua-t-il sur le ton de l'humour.

— Oh ! Donc cette sortie de douche n'était donc pas un moyen subtil d'exhiber ton superbe corps de soldat ?

Un vent de panique l'envahit.

— Quoi ? Non... c'était vraiment... je...

Sacha rit.

— Je plaisantais, rassura-t-elle en riant à moitié.

— Ah, lâcha-t-il, soulagé.

Il réalisa soudainement. « Ton superbe corps de soldat »... Superbe ? Le trouvait-elle vraiment... ? Il regarda son bras métallique, presque intégralement recouvert. Non, impossible qu'elle trouve ça attirant. Elle cherchait certainement à être gentille, comme à son habitude.

— Je suis crevée ! dramatisa-t-elle en se laissant tomber de tout son long sur le canapé.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant