C'était une mauvaise idée. C'était une mauvaise idée. Bucky n'arrêtait pas de se le répéter tandis qu'il faisait les courses, sur les conseils de sa thérapeute, dans l'idée de cuisiner pour Sacha le soir même. Il était censé passer du temps avec elle, et s'il se sentait à l'aise, tenter quelque chose. Quoi comme quelque chose ? Il avait quelques idées, mais elles lui semblaient toutes inatteignables. Il n'y arriverait jamais.
Cela dit, le Dr Melwis avait insisté sur le fait qu'il devait lui parler de la situation. Elle avait bien précisé que s'il n'y avait qu'une chose à faire, c'était bien celle-là. Il était censé lui avouer qu'elle lui plaisait et lui expliquer qu'il n'avait pas eu de relation de n'importe quel type depuis... des décennies. Et qu'il lui faudrait du temps avant de pouvoir créer un semblant de relation normale avec elle. Si elle le désirait, ce dont il n'était toujours pas certain. Contrairement au Dr Melwis, qui était persuadée de sa voisine partageait les mêmes sentiments que lui.
Il était censé lui proposer de venir quand elle rentrerait du travail, mais l'attente le tuait. Il se résout à lui envoyer un texto, qu'il mit une dizaine de minutes à retravailler avant d'oser l'envoyer. Il attendit la réponse avec impatience.
Lorsque le téléphone de Sacha sonna pour indiquer qu'elle venait de recevoir un message, elle ne s'attendait vraiment pas à ce que celui-ci vienne de Bucky. Il l'invitait à manger ce soir. Ce garçon était plein de surprise.
— Un message de ton amant ? taquina une de ses collègues.
Sacha tenta de se défendre, disant qu'il n'était qu'un ami, mais le rouge de ses joues la trahit. Ses collègues commencèrent à la railler, un peu trop à son goût, jusqu'à ce que son autre collègue les entende. C'était celui qui ne cessait de lui faire des propositions indécentes ces derniers temps, et qui était incapable de comprendre qu'elle n'était pas intéressée. Elle n'osait pas lui imposer un non ferme, trouvant toujours des excuses pour l'éviter ou l'éconduire.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Sacha a un amoureux ?
Il eut un sourire lubrique aux lèvres.
— Tu leur as enfin parlé de nous, chérie ?
Sacha eut un sourire poli, mais le malaise était clair. Il était le seul à ne pas le voir. Ou à l'ignorer.
— Dans tes rêves ! la défendit une de ses collègues.
— Allez, Sacha, dragua-t-il. Tu sais bien qu'un gars comme moi ça peut pas se refuser...
Il s'était approché d'elle, la main posée sur le bureau, penché vers elle.
— Toi et lui, ça ne doit pas être très sérieux encore. Et puis, je suis sûr que je suis bien mieux que lui.
Sacha paniquait. Elle ne savait pas comment répondre pour qu'il s'en aille.
— Désolée... marmonna-t-elle. Je... Je suis avec lui.
— Et comment il s'appelle, ce petit copain ? demanda-t-il avec dédains.
— James !
Elle n'était pas capable d'inventer un mensonge, et elle avait honte de l'utiliser comme excuse.
— Eh bien, tu n'as qu'à le ramener à la soirée de la boite, vendredi. On verra bien s'il existe.
Il partit sur ces mots. La panique envahit la jeune femme. Ses deux collègues tentèrent de la raisonner, disant qu'il n'y avait aucune obligation à ce qu'elle l'amène si elle ne le sentait pas. Mais au fond d'elle, Sacha savait que si elle ne le faisait pas, il ne cesserait de la harceler. Et puis, le Dr Melwis lui avait bien demandé de l'aider à se fondre dans le monde, non ? Bon, ce n'était pas exactement ça... Elle prit sa tête dans ses bras de désespoir.
Avec tout ça, elle avait oublié de répondre à la question de Bucky. Elle s'empressa d'accepter sa proposition, contente de passer la soirée avec lui.
Bucky se jeta sur son téléphone en l'entendant sonner. Il était de retour chez lui et avait même eu le temps de ranger ses courses. Il ouvrit la notification et découvrit avec joie qu'elle avait accepté. Une vague de soulagement l'envahit, rapidement suivie d'une boule de stress dans son estomac.
Une nouvelle sonnerie retentit, un appel cette fois. C'était Sam. Il décrocha en soupirant :
— Oui, Sam.
— Et il est en vie ! s'exclama celui-ci à l'autre bout du téléphone.
Bucky leva les yeux au ciel.
— Je ne sais pas ce qui est le plus remarquable, ça, ou qu'il réponde au téléphone...
— Au revoir, Sam.
— Non attends ! pressa-t-il. Je viens aux nouvelles. Je suis sur le chemin du retour d'une mission, là. Tu fais un truc ce soir ? Je t'invite au restaurant.
— Je suis occupé ce soir.
— Bucky, gronda Sam. Tu ne peux pas te couper du monde ! Ce n'est pas parce que Steve n'est plus là que tu n'as plus le droit d'avoir des amis. Et j'ai la prétention de penser que nous sommes amis.
— Ce n'est pas une excuse, je suis vraiment occupé ce soir.
Il y eut un blanc de l'autre côté du téléphone.
— Qu'est-ce que tu as de prévu ? s'enquit Sam. Tu n'as pas recommencé tes petites vendettas ? Tu sais que...
— Non, s'agaça Bucky, je n'ai pas recommencé.
— Hm. Crache le morceau, qu'est-ce que tu as de prévu ?
Bucky pinça les lèvres et se frotta la mâchoire. Il allait l'envoyer balader mais la voix de sa thérapeute raisonna dans sa tête. Il avait besoin de recréer des liens. Et Sam était quelqu'un de bien. Lui aussi était ami avec Steve, autrefois. Mais devait-il vraiment lui parler de Sacha ?
Son silence était trop long, et Sam reprit :
— Ne me dis pas que tu vois quelqu'un...
Bucky grimaça. Était-il si prévisible ? Pourquoi tout le monde avait l'air de lire dans sa tête ? Sam semblait trouver cette nouvelle particulièrement amusante.
— Une fille ?
Silence.
— J'y crois pas, rit-il. Bucky a une copine.
— Ferme-là, grogna-t-il. C'est pas... aussi facile.
— Tu me la présentes quand ?
— Jamais.
Sam rit à gorge déployée. Bucky retirait ce qu'il avait pu dire ou penser : cette personne n'avait rien de bien. Il méritait une mort lente et douloureuse.
— Bon, je te laisse ta soirée d'amour, lover boy. Je passe te prendre demain midi et je t'emmène manger.
Il n'eut pas le temps de protester que Sam avait raccroché. Il se laissa tomber sur le canapé. Il n'avait pas fini d'en entendre parler.
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Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}
FanficLorsqu'elle emménage dans son nouvel appartement, Sacha s'attendait à une vie tranquille, loin de son ex toxique. C'était sans compter sur son voisin de palier, un beau brun au passé mystérieux. Tout aurait pu bien se passer si les murs de l'immeubl...