Chapitre 10

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Sacha, voyant un téléphone trainer dans un coin, interrogea Bucky :

— C'est quoi ton numéro ?

— Aucune idée.

Elle fronça les sourcils, la plupart des personnes connaissaient leur numéro par cœur, mais elle ne s'en formalisa pas.

— Il est éteint, prévint-elle. Il n'a peut-être plus de batterie.

Elle entreprit de trouver un chargeur du regard.

— C'est moi qui l'ai éteint. J'en avais marre de l'entendre sonner.

Elle le regarda en fronçant les sourcils.

— Je déteste ce truc, avoua-t-il. Je n'en comprends pas la moitié.

Sacha pouffa. Ce gars n'était décidément pas comme tout le monde. Elle le ralluma, sans lui demander son avis. Lorsque le téléphone lui demanda le code de la carte SIM, elle faillit lui demander, mais se ravisa. Elle tenta le classique 0000... et le téléphone se lança. Incroyable... Et bien sûr, il n'avait pas ajouté de mot de passe pour déverrouiller l'écran. Elle retint une remarque cynique, pour éviter de passer pour une emmerdeuse. Le téléphone se mit à vibrer et sonner à chaque message qu'il avait reçu depuis qu'il était éteint. Et il y en avait beaucoup.

À ces sons, Bucky laissa sa tête tomber en arrière avec un râle agacé, ce qui amusa la jeune fille. Elle mit le téléphone en mode silencieux, et le reposa pour le moment.

Bucky termina rapidement de ranger les derniers objets trainants et Sacha le remercia du mal qu'il s'était donné.

— Pour te remercier, c'est moi qui fais à manger.

Il voulut dire quelque chose mais c'était trop tard. Sacha s'approcha du réfrigérateur, voulant analyser ce qu'elle pourrait faire avec ce qu'il avait. Un élan de désespoir l'envahit en voyant toutes les boites de plats préparés. Elle soupira en levant les yeux au ciel.

— C'est très mal poli, tu sais, de lever les yeux au ciel.

Elle le fusilla du regard. C'était l'hôpital qui se foutait de la charité. Mais elle garda toute répartie pour elle. Le sourire taquin qu'il arborait valait trop pour qu'elle risque de l'effacer. Elle se contenta de lui tirer la langue avant de retourner dans son appartement chercher de quoi faire un plat correct.

Elle prépara quelque chose de simple, pâtes carbonara, sous les yeux attentifs de Bucky.

— Tu peux mettre la table ? demanda-t-elle en faisant revenir les lardons.

— Je n'ai pas de table.

Sacha, abasourdi, remarqua qu'en effet elle n'en avait pas vu.

— Tu es un alien.

C'était une blague, mais elle ne le fit pas rire. Lorsqu'elle se tournait vers lui, il feint un sourire amusé.

— Tu es un alien ? s'enquit-elle avec sérieux.

Avec toutes les histoires des dernières années, ça n'était pas impossible. Juste improbable. Il eut un rire sans joie.

— Non.

— Je n'ai jamais vu d'extraterrestre, continua-t-elle sur un ton curieux. Enfin, sauf à la télé.

Elle fit une pause, pendant laquelle il garda le silence, puis elle se retourna vers lui.

— Tu en as déjà vu.

Il ne répondit pas, ce n'était pas vraiment une question, mais son expression parla pour lui. Une nouvelle fois, sa réaction le surprit. Elle commença à parler de ce qu'elle avait entendu ou lu sur le sujet, une pointe d'excitation dans la voix. Cette fille était passionnante. Heureusement qu'elle était trop concentrée sur sa tâche pour remarquer qu'il la fixait. Elle le trouvait déjà assez bizarre, il ne voulait pas en rajouter une couche.

Une voix dans sa tête lui tonna de ne pas s'attacher, que personne ne pouvait tenir à lui, qu'ils étaient tous intéressés par quelque chose. Qui pourrait l'aimer ? Puis il repensa à Steve, et son cœur se serra. Peut-être qu'il avait raison au final. Peut-être qu'il méritait une seconde chance. Sa tête bouillonnait d'informations contraires et il sentit la colère affluer. Non. Il ne pouvait pas se laisser aller. Pas maintenant. Pas avec elle.

Il quitta la pièce précipitamment, rejoignant son salon, et il s'adossa à la rambarde de sa fenêtre. Il se força à respirer selon les exercices de sa psychologue.

— Tout va bien ? s'enquit Sacha.

La savoir là, à assister à une de ses crises, le rendait malade. Il n'arrivait plus à parler.

— Tu as besoin de quelque chose ?

Toujours pas de réponse. Sacha ne savait pas si elle devait lui laisser de l'espace en le laissant seul ou s'il avait besoin de réconfort. Elle décida de laisser son instinct la mener, et s'approcha de lui. Tout doucement, elle posa sa main sur son dos. Elle fit tout pour ne pas le brusquer. Il se tendit à son contact, laissant retomber sa tête en avant et serrant davantage les poings. Il avait la respiration saccadée.

Dans un élan imprévu, elle colla son ventre à son dos et enroula ses bras autour de lui. Elle se rendit compte à quel point il était musclé et grand par rapport à elle. Comme il ne la repoussait pas, elle jugea que cela n'empirait pas les choses. Et ils restèrent là quelques minutes, en silence. Lentement, sa respiration ralentit, et il se détendit.

— Je suis désolé, souffla-t-il.

Elle sourit et s'écarta, lui tapotant le dos amicalement. Elle fit tout son possible pour se comporter normalement, pour ne pas l'accabler davantage. Elle lui offrit un grand sourire lorsqu'il osa enfin se tourner vers elle.

, grand dadais. Je meurs de faim, l'invita-t-elle.

Elle ralluma la plaque pour réchauffer le tout. Bucky en profita pour sortir deux assiettes et des couverts.

— La prochaine fois, c'est toi qui cuisines, affirma Sacha en les servant.

Elle remarqua le vent de panique dans le regard de Bucky et se mit à rire.

Mon enfoiré de voisin {Bucky Barnes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant