Chapitre16

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L'après-midi, Ela et moi sortons et nous rendons au lac où beaucoup de villageois de notre clan et du clan de Malik se baignent. Nous nous cachons toutes les deux dans la grotte derrière la cascade.

- Si jamais tu rencontrais quelqu'un, tu penses que ton père accepterait de te marier par amour, je lui demande.

- Honnêtement oui, je pense. Il a déjà décidé d'attendre pour me marier, il veut que je profite de ma vie de jeune femme.

- C'est super.

- Oui, ça me laisse un peu de temps.

J'hoche la tête.

- Tu as toujours pour idée d'enseigner ? Je demande.

- Oui, la semaine prochaine, je commence mon apprentissage avec la maitresse des primaires.

- Je suis contente pour toi.

- Si tu avais pu exercer un métier, qu'aurais-tu fais ? Me demande-t-elle.

- J'aurai aimé faire partie de la garde.

Elle sourit.

- Moi aussi, en première intention

- Et sinon ?

- Je n'en ai aucune idée. Je n'y ai jamais réfléchi.

- Tu ne t'ais jamais offert la possibilité d'y réfléchir  

Je souris en sachant qu'elle a raison. Je dois être la femme d'un chef, voici mon avenir.

- Ela ! On entend appeler quelqu'un

- C'est mon frère, restons caché, me dit-elle.

Je souris et hoche la tête. Malheureusement quelques minutes plus tard, Nino apparait à l'entrée de la grotte.

- Laisse-nous tranquille, se plaint-elle.

- Allez, venez avec nous. Maman a emmené de quoi manger. 

Nous nous levons et le suivons. Nous retrouvons la famille d'Ela et partageons le repas avec eux. Puis, nous nous baignons avec ses frères et sœurs. Nous passons un bon moment.

- Tu es blessé, dit Nino à sa sœur en remarquant l'entaille à son bras.

- Je me suis cogné, ce n'est rien, répond-elle.

Nino me fixe.

- Elle s'est cogné, je soutiens.

- J'espère...

Il s'en va jouer avec son autre sœur.

- Merci, me dit Ela.

Je souris. Je vois Malik venir vers nous.

- Oh non pitié..., je souffle.

Je me retourne et fais mine de ne pas l'avoir vu.

- Il vient vers nous, me prévient Ela.

- Ne me laisse pas avec lui.

- Promis.

Malik traverse le lac à la nage et nous rejoint. Je me tourne vers lui.

- Désolé, on profite de l'après-midi en famille et tu n'es pas le bienvenu, je dis.

Il sourit faussement

- En famille ? Mais où est ton père ?

- Talia fait partie de ma famille, répond rapidement Ela.

- Tu es un abruti, je souffle.

Je rejoins le rivage et me rhabille. Il me suit.

- Arrête, tu ne veux pas qu'on s'engueule devant nos deux clans, je dis.

- Talia..., soupire-t-il.

- Laisse-moi tranquille.

Je rentre au village et retrouve ma cabane. Je sors sur la terrasse et me repose dans le transat. Je laisse le soleil réchauffer mon corps et sécher les gouttes d'eau encore collées à mon corps. Je ferme les yeux. Je pense à ma mère. Elle me manque tellement. J'aimerai qu'elle puisse me conseiller. 

Le soir, mon père organise une fête commune avec le clan de Malik, près du lac. Je prétexte être occupée mais il n'est pas dupe et m'oblige à y aller. Le rendez-vous est fixé au coucher du soleil. Ela et moi trainons à nous préparer. Je ne m'apprête pas, enfile un short en tissus déchiré et un top blanc, laisse mes cheveux pendre sur mes épaules. Je n'ai pas envie de faire d'efforts. Ela en revanche se fait belle, je la soupçonne de souhaiter voir Edouard. Elle met une belle jupe noire avec un top rouge décolleté. Elle se coiffe, se parfume à la rose. Nous arrivons très tard dans la soirée. Mon père vient m'embrasser, heureux que je sois là. Je salue le père de Malik, présent près de lui. Je ne m'attarde pas et rejoins Ela qui boit un verre avec son frère. Nous discutons tous les trois puis Nino rejoint son amie. Je prends soin d'éviter de croiser le regard de Malik. Je n'ai aucune envie de le voir. 

- Tu crois qu'ils vont venir ? Me demande Ela.

- Qui ?

- Edouard et Simon.

- Ils ne s'inviteront pas à la fête, ils s'exposeraient trop.

- Mais en aparté ?

- Peut-être, je ne sais pas.

Nous saluons quelques amis du camp. Nous discutons un moment. Ela trouve le moyen de s'échapper. J'imagine qu'elle a repéré Edouard. Je continue de discuter avec nos voisins. Soudain, Malik s'approche de moi. Je sens une boule d'angoisse naitre dans ma poitrine.

- Salut, dit-il.

Il pose sa main dans mon dos. Je sens un désagréable frisson me parcourir.

- Ne fais rien d'absurde, nos parents nous observent, souffle-t-il à mon oreille.

Je me retourne et fais un signe à mon père. Les personnes avec qui je discutais s'éclipsent et je me retrouve seule avec Malik. Je prends un verre d'alcool et le bois d'une traite. Je le vois baisser les yeux.

- Talia, je suis désolé, je n'aurai pas dû te dire ça cet après-midi, s'était déplacé

Je souris pour cacher la colère que j'ai contre lui.

- Je te déteste, je souffle.

Il grimace. Je pose ma main sur son épaule et souris.

- Je fais des efforts et tu te permets de me blesser, je murmure. 

- Talia, tu as dansé avec moi, c'est tout.

- Tu sais pourtant comme c'est difficile pour moi.

- Arrête de toujours te poser en victime.

Je passe mes bras derrière son cou pour mimer notre proximité.

- De toute façon, tu finiras par avoir ce que tu veux, ce n'est pas la peine de me blesser davantage.

- Arrête de faire semblant, dit-il en retirant mes bras de ses épaules.

- Quoi ? Ce n'est pas ce que tu veux ? Nous faire bien voir, je me moque. 

Il fait un pas vers moi, prend mon visage entre ses mains et m'embrasse. Je me sens alors prise au piège. Je le déteste mais ne peux le repousser. Je sens tous les regards fixés sur nous. Ce qu'il est train de faire est impardonnable. Bientôt des applaudissements ainsi que des sifflements résonnent dans toute la forêt. J'ai l'impression que les secondes s'écoulant sont interminables. Il me relâche enfin. Je souris, très intimidée, aux personnes autour de moi. Je croise le regard fier de mon père et lui sourit. J'ai pourtant juste envie de fondre en larme. Je recule d'un pas. Mon cœur bat à une vitesse folle. Un flot de pensées négatives m'envahit, tellement d'insultes me viennent à l'esprit en pensant à Malik. Je n'arrive même pas à le regarder. Je rejoins une table et prends un verre. Je profite que la fête reprenne son cours pour disparaitre en forêt. Je rentre chez moi et m'effondre sur mon lit, en larme. Je me sens tellement trahie et humiliée.    

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