Je passe les deux jours suivant au lit, dans le noir, refusant de voir quiconque. Il fait nuit dehors lorsqu'on frappe à ma fenêtre. Je me lève et ouvre prudemment. Je découvre Simon et lui ouvre entièrement la fenêtre pour le laisser entrer. Je me rassois au fond de mon lit et il vient s'asseoir près de moi
- Tu as signé ? Demande-t-il tristement
- Oui, ça y est.
- Tu te sens vide ?
- Exactement, vide, comme si mon corps et mon esprit ne m'appartenaient plus
- Tu regrettes ?
- Non, j'ai fait ce que je devais faire.
- Pas ce que tu aurais aimé faire
J'hoche la tête
- Tu as revu Malik ?
- Non pas depuis ce stupide bisou et je ne compte pas le revoir tout de suite si ce n'est pour le frapper.
Il sourit
- Tu sais que tu devras le revoir, affronter l'annonce du mariage, les préparatifs....
- Stop ! Ne m'angoisse pas déjà. J'ai négocié deux mois de liberté avec mon père. Le contrat prendra effet seulement à ce moment-là. J'ai deux mois de totale liberté devant moi.
- Vraiment ?
- Oui alors je ne vais pas les passer à penser à ce jour fatidique où on me mettra la bague au doigt tel un boulet de prisonnier et où solennellement je jurai fidélité à un homme que je déteste.
- Pourtant cela fait deux jours de liberté passés enfermé dans ta chambre à penser à ce jour fatidique où tu appartiendras à un homme, me fait-il remarquer en souriant.
Je le fixe et le frappe avec mon coussin
- Tu es immonde de me dire ça, je dis en souriant
- Je n'ai pas raison ? Tu ne devrais explorer au maximum la région, prendre tous les risques, vivre une histoire d'amour passionnelle, faire la fête jusqu'à pas d'heure, avant de ne plus pouvoir le faire.
- Si, c'est dans mes projets après trois jours de déprime complète.
- Oh alors c'est demain le dernier jour, sourit-il
- Exactement
Nous rigolons
- Et si après ce truc je devenais quelqu'un d'autre ? Je m'interroge pensive.
- Comment ça ?
- Et si me marier me faisais perdre ma personnalité...
- Non, c'est impossible, tu resteras toujours toi Talia, tu as trop de caractère pour qu'on puisse t'en retirer même une infime part.
Je souris
- J'ai peur de ne pas me reconnaître dans ce rôle de femme qui fais le ménage, prépare à manger, s'occupe du linge, destinée à faire des enfants pour perpétuer la ligné de mon mari... Ça m'angoisse énormément de devenir cette femme.
- Talia, tu resteras toujours toi, je serai toujours là pour te rappeler qui tu es vraiment.
Je passe ma main dans ses cheveux.
- Je suis contente, j'ai rendu fier mon père. Pour la première fois de ma vie, quand j'ai signé ce contrat, j'ai vu la fierté dans ses yeux.
- Et tu t'es senti bien ?
- Non, bizarrement je me suis senti triste.
Il hoche la tête.
- Mais j'ai fait ce que je devais faire
- C'est ce que tu te répètes pour y croire ?
J'hausse les épaules.
- Tu as de la chance Simon, profite de pouvoir être libre, de pouvoir vivre la vie que tu souhaites, pouvoir chérir la personne que tu aimes.
- Et si c'est impossible ?
Je le regarde.
- Tu es beau, tu es intelligent, tu trouveras quelqu'un, j'en suis sûre. Ou choisis de ne pas aimer, de vivre une vie de solitaire affranchis
Il sourit
- Tu me trouves beau ?
- Oui, mais je crois que ta plus belle qualité est l'écoute.
- C'est la première fois qu'on me fait ce compliment
- Vraiment ? Pourtant j'ai l'impression qu'avec toi je parle beaucoup mais que j'en sais peu sur toi.
Il sourit
- C'est parce que tu es passionnante Talia.
- Non, je ne suis pas d'accord. Ma vie n'est que problèmes et complexité. Toi tu m'écoutes, j'ai l'impression que tu me comprends, parfois même j'ai la sensation que tu peux lire en moi. Mais tu ne juges jamais, tu te contentes d'être rassurant et à l'écoute. C'est une qualité incroyable
- Merci, dit-il timide.
- Merci à toi d'être là pour moi.
- Je peux passer la dernière journée de déprime avec toi ?
- A condition que tu viennes me voir pendant mes deux mois de liberté conditionnelle
Il sourit
- Je ne raterai ça pour rien au monde
Je souris
- Reste dormir au chaud.
- Non Talia.
- Je partage mon lit.
Il me regarde surpris
- Édouard est en ce moment même avec Ela dans sa chambre, se serait bizarre qu'il te trouve dans le canapé au milieu de la nuit.
- Tu es fiancée
- Non je suis pré-fiancé
Il sourit et accepte.
Le lendemain matin, je me réveille aux côtés de Simon. Nous entendons du bruit et il tombe du lit avant qu'Ela n'ouvre la porte, un plateau à la main.
- Salut beauté ! Nous entamons le troisième jour de déprime.
Elle s'assoit sur le lit.
- Malik est venu ce matin. Je lui ai dit de te laisser tranquille.
- Merci.
- Tu as vu ? Me demande-t-elle en souriant.
- Quoi ?
- Edouard a dormi ici.
- J'ai vu. Je croyais qu'il allait ramer...
- Je sais, j'ai faibli trop vite.
- Il est reparti ?
- Oui, on passe la journée toutes les deux au fond de ton lit avec du chocolat.
- Va le rejoindre.
- Talia...
- Ela, vas-y, je peux déprimer seule.
- Mais c'est nul de déprimer seule.
- Je ne serai pas seule, j'aurai du chocolat et je préfère être seule vraiment. On sortira demain, toutes les deux.
- Tu es sûre ?
- Oui, vas-y.
- Ok.
Elle me laisse le plateau et quitte la chambre. Simon revient dans le lit avec moi quelques secondes plus tard.
- Ça va ? Je demande en souriant.
- Oui, ça va.
Il s'installe avec moi et nous partageons le plateau.
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Clans
AdventureSuite à la fin du monde tel que les humains le connaissaient, il y a plus de cinquante ans, la planète Terre a changée, évoluée, s'est protégée de l'égocentricité humaine. Talia, une jeune femme de 20 ans, fille du chef de son clan, accompagnée par...