Chapitre 30

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Je passe deux jours affreux. Je me sens vide, plus rien ne me fait sourire, je n'ai plus envie de sortir, même explorer ne m'intéresse plus. Je passe mon temps à ressasser le temps passé avec Simon, à chercher à quel moment j'ai été naïve, à quel moment j'aurai pu sentir que quelque chose n'allait pas. Ela, séparée d'Edouard suite à ces révélations, est sortie hier soir, j'attends devant ma tasse de chocolat brûlante qu'elle rentre, perdue dans mes pensées. La porte s'ouvre alors et Ela entre un large sourire aux lèvres. Il s'efface lorsqu'elle me voit.

- Bonjour, dit-elle.

Elle s'assoit en face de moi.

- Raconte-moi, je dis en me forçant à sourire.

- J'ai vu Edouard. On s'est... réconcilié.

J'hoche la tête.

- Je suis contente pour toi.

Je suis sincère, Edouard rendait Ela heureuse et c'est tout ce qui m'importe. Moi je ne suis pas prête à pardonner un tel mensonge mais si Ela y arrive je suis heureuse pour elle.

- Je suis sûre que Simon reviendra vers toi.

- Je n'ai pas envie de le voir.

- Talia...

- Il m'a trahi.

Je me lève et sors dehors. Je quitte le camp et retrouve le bunker de mon grand-père. Je m'y enferme.


Lorsque je quitte le bunker et sors dehors, il fait nuit, j'ai pour première intention de rentrer chez moi mais décide d'aller à la cascade. Je retrouve la grotte et m'assois au sol. J'observe l'eau couler. Je repense à Simon, encore. J'ai l'impression d'avoir le cœur brisé et à chaque fois que je pense à lui une intense douleur me perfore la poitrine. Je commence à pleurer et m'allonge au sol. Il me manque terriblement, je me sens seule. J'ai la sensation d'être constamment fatigué, à bout de force. Je n'ai plus envie de rien et je déteste me savoir dans cet état.


J'entends des cris, des sifflements. Je me réveille doucement, je suis gelée, j'ai très froid. J'entends mon prénom être appelé plusieurs fois mais mes membres sont tétanisés par le froid. J'ai dû mal à bouger, je ne peux pas leur faire de signe. Soudain, Ela apparait dans la grotte.

- Oh mon Dieu Talia...

Elle s'approche rapidement de moi et me sert dans ses bras. Je vois Edouard arriver derrière elle, puis Malik. Il me prend dans ses bras et me porte. Il me fait sortir de la grotte.

- Qu'est-ce qui t'a prise de passer la nuit-là ? Souffle-t-il. Tu sais très bien que la nuit, il gèle.

Je suis incapable de lui répondre. Mon cerveau est complètement déconnecté de la réalité. Il me porte jusqu'à ma cabane, m'allonge dans mon lit, me couvre. Je me rendors aussitôt épuisée.


Le lendemain matin, le réveil est très difficile. Je n'ai aucune envie de sortir du lit. Ela pousse doucement ma porte.

- Allez ma belle, il faut se lever.

- Non, ce n'est pas une obligation.

- Si.

Elle me tire du lit, me jette un short et un débardeur à la figure pour que je m'habille et me pousse hors de ma chambre lorsque je suis prête. Edouard attend adossé contre le mur.

- Salut, je dis timidement.

- Talia.

Il avance vers moi. Je le sers dans mes bras.

- Je suis contente de te revoir.

- Moi aussi.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit ? Me reproche Ela. Pourquoi tu as dormi dans la grotte? Tu sais que c'est dangereux.

Je m'écarte d'Edouard et m'assois à la table. Je plonge ma tête dans mes mains.

- Talia ?

- Je ne sais pas. J'étais fatiguée, je me suis endormie sans le vouloir.

- Aujourd'hui on part en exploration, on va à l'est, voir les montagnes, m'annonce-t-elle.

- Non, je n'ai pas envie.

- Talia, tu dois sortir.

- Je vais aider sur le camp.

Elle me fixe surprise.

- On va... reconstruire des cabanes. Il y a pleins de choses à faire, tu le sais.

- Tu ne quittes pas le camp sans moi, me prévient-elle.

- Je n'ai aucune envie de partir.

- Et hier ? M'interroge-t-elle.

- J'étais au bunker.

- Je sais.

- Pourquoi tu demandes alors ? Je réponds agacée.

Elle me fixe. Je me lève et quitte la cabane. Je descends au village, m'assois au sol sous notre arbre et observe les gardes et les villageois à pied d'œuvre. Ils continuent de renforcer les remparts, de construire de nouvelles cabanes. J'observe le désastre qu'est notre camp. Dire qu'aujourd'hui devait avoir lieu le marcher.

Je passe ma journée aussi au pied de l'arbre immobile. Parfois je sens sa présence, j'ai l'impression qu'il est là, qu'il m'observe mais ce n'est surement qu'une illusion. 

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