TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type

[ Inter chapitre N°3 ]

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Les yeux verrouillés sur ma cible, je presse la détente. Les balles fusent du canon, mes bras et mes épaules résistent au recul de chaque tir. Les projectiles fendent l'air, percent la cible de papier rouge et blanc.

Je n'utilise jamais de viseur laser, ni de rafaleur, et encore moins d'ensemble ralentisseur de cadence. Mon entraînement est constant, ce qui me permet de rester largement au niveau pour être précis, même avec une cadence de tir élevée, sans avoir besoin d'artifices. Au contraire, je veux que toute ma concentration soit focalisée sur ma cible afin d'oublier tout le reste.

J'appuie sur le bouton qui fait coulisser la cible jusqu'à moi. Un léger sourire satisfait étire mes lèvres raides. La moitié de mes balles a atteint la tête, l'autre moitié, le centre de la cible. Dans un froissement de papier, je l'échange pour une neuve. La salle de tir est vide, à mon exception, ce qui rend très audibles les pas lents mais cadencés qui s'approchent de moi.

— Que se passe-t-il, Liamine ? demandé-je en appuyant sur le bouton qui achemine la cible au fond du couloir de tir.

Mon bras droit arrive à mon niveau, sa tablette sous le bras, les lèvres pincées.

— Il y a eu un problème, Boss, avoue-t-il en me tendant l'objet.

Je soupire en finissant de recharger mon pistolet, le visage ennuyé d'avance. La suite de cliquetis est éloquente et suffit à exprimer mon agacement. Je mets la sécurité et pose mon arme dans son étui pour arracher la tablette des mains d'Alexeï Liamine. Une vidéo s'y agite. Je reconnais l'intérieur du convoi blindé qui devait acheminer cette fille aux cheveux noir et blanc dans un nouvau laboratoire, fraîchement aménagé et prêt à être investi.

— Le convoi a été attaqué, Boss.
— Par ces... Masque-men ? éructé-je pendant que l'événement notable de cette vidéo se fait attendre.

Tout ce que je vois sont mes hommes bien armés, assis sur les bancs de l'habitacle, surveillant une adolescente en tenue immatriculée, solidement menottée et bâillonnée. Je fronce encore plus les sourcils lorsque l'image s'ébranle. Les portes arrière sont arrachées, mes hommes se lèvent et tirent. Une haute silhouette, sombre et effilée, fait son entrée. Elle se protège avec un long bouclier transparent, levé devant elle. Les impacts ne provoquent que des ondes lumineuses sur la surface oblongue et lisse du pavois.

En faisant preuve d'une force, d'une agilité et d'une rapidité inhumaine, la créature met K-O mes hommes en les jetant hors du convoi, distribuant une série de coups de griffes ou de queue diablement efficaces. Car oui, l'échine de cette chose est terminée par une queue fourchue !

Avec une délicatesse tranchant avec la violence de tantôt, elle détache ma prisonnière et l'emporte dans ses bras. La dernière chose que fait la créature sur les images est de se tourner vers l'œil de la caméra, de sourire de toutes ses dents pointues et immaculées, avant de s'en aller tranquillement. Elle me nargue en plus ?

Dans un cri de rage qui se répercute contre les parois de la salle, je jette la tablette contre le mur le plus proche.

— Mais qu'est-ce qui c'était que ça ?
— Boss, même Fokine ne comprend pas...

Je n'écoute pas mon bras droit, la colère s'écoulant par vagues enflammées dans mes veines et mon esprit me bouchant les oreilles. Je saisis mon arme de poing, retire la sécurité et tire sur la cible en visant la tête. Même lorsqu'il n'y a plus de balle dans le chargeur, je continue d'appuyer compulsivement, noyé dans la lave.