[ 17 ] Kazakov, patience et répulsion

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[ Moscou, district Central, Russie
22 Avril 20**
08H33, heure locale ]

[ Tjana ]

Cachées, perchées sur l'une des épaisses poutres de métal qui supportent le toit du parking, plus large qu'un pâturage mais aussi vide que Centralia, Pennsylvanie, nous observons cet homme, qui avance sans se presser. Seuls ses pas résonnant contre les hautes parois de béton donnent vie à ce vide. Il sort une clef de sa poche ; Une voiture clignote en poussant un son aigu. Alysse me donne un petit coup de coude, l'air de dire « on a deviné la bonne voiture ». Je hoche la tête mais lui fais signe de ne pas s'agiter pour ne pas attirer l'attention. Je fixe la silhouette comme un chat s'apprêtant à sauter sur un mulot. Ç'a été facile de le retrouver grâce au manuscrit laissé par notre babouchka. Pour le reste, vive Internet.

L'homme contourne sa voiture. C'est ce moment que je choisis pour sauter de mon perchoir. En atterrissant, mes boots frappent bruyamment le sol. Ma cible se retourne vivement. Trop tard. Je le saisis par le col, le plaque contre le capot de sa voiture, plante mon pistolet sous sa mâchoire. Il lâche un couinement qui déraille dans le fond de sa gorge.

— Kak dela, Kazakov ?

Kat' et Alysse me rejoignent.

— Ouah ! C'était si rapide et fluide ! Bravo, chérie ! m'applaudit Alysse.
— Il faut absolument que tu m'apprennes à faire ça !
— Un d'ces quatre, Kotenok.

Je reporte mon attention sur l'homme qui glisse sa main à sa ceinture, derrière son dos.

— Bouge pas, toi ! reprends-je en russe.

Plus rapide, je tire sur son poignet et attrape le cellulaire qu'il tient pour le jeter au loin. Son bruit de plastique semble assourdissant dans le silence du parking

— Toi, tu vas me dire où se trouve Vadim.
— Je vois pas de qui tu parles, gamine.

Je hausse un sourcil. Il croit vraiment qu'il va m'énerver avec ce doux nom ?

Te fous pas de moi. Je sais que tu travailles pour lui. Où est Vadim Asalana ? martelé-je.
— Pourquoi tu le cherches ?
— Ça t'regarde pas.

Il lève ses mains vides et jette un coup d'œil à son corps coincé contre sa propre voiture.

— Je crois que ça me regarde un minimum maintenant, non ?
— Je m'appelle Tatjana. Tatjana Aslana.

Ses traits se décomposent, son teint blanchit.

— La p'tite de Missis Svetlana Aslana...
— Elle-même. Vadim l'a butée. Je sais que tu étais l'avocat de Svetlana...
— Je ne vois pas de quoi tu parles, me coupe-t-il.

Je le malmène un peu contre le capot, enfonçant le canon contre sa peau qui rougit. Il jure.

— Ça va, ça va...
— J'ai pas fini ! Je sais que tu étais l'avocat de Svetlana Aslana, répété-je. Que tu t'es occupé de son testament. Testament qui fut en faveur de Vadim Aslana et pas de nous. Je veux le retrouver et...
— Et quoi ? Tu comptes lui régler son compte ?
Da.

Cette fois-ci, il explose de rire. Je trouve qu'il s'esclaffe très facilement, pour un homme qui a un canon à la gueule... Il cesse de rire, une petite larme brillant au coin d'un œil.

— C'est bon ? On est calmé ?
Da, da... Tu veux tuer Vadim ? T'as quoi pour ça ? Ton propre réseau ? Parce que Vadim, lui, il a des gars, beaucoup de gars. Une ribambelle de sous-fifres qui donneront leur vie pour lui. T'as quoi pour faire face à ça ?
— Bah... J'ai une petite sœur, dis-je en faisant un signe de tête à ma gauche, une petite amie, poursuis-je en indiquant Alysse à ma droite, et le pouvoir. Le vrai, terminé-je en faisant apparaître des sphères dorées tout autour de nous.

TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant