TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type

[ 49 ] Nosoul Land

[ Nosoul Land

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[ Trixie ]

Je m'écrase violemment par terre en lâchant une plainte. En m'époussetant et en frottant mes mains l'une contre l'autre pour en faire tomber la saleté, je tourne sur moi-même. Je ne reconnais pas tout de suite ce parking désert, ces habitations en pierre entourées de jardin clos et ces grilles en fer forgé, jusqu'à ce qu'une voiture rouge attire mon attention en partant en trombe. Je lève les yeux vers le clocher de cette ancienne abbaye. Je suis de retour à l'orphelinat devant lequel mes géniteurs m'ont abandonnée, quinze ans plus tôt, à mes treize ans. Mais l'atmosphère a quelque chose de différent, teintée de rouge. La couleur du danger et de la passion, du sang et de l'énergie vitale. Ma couleur.

Au détour de cette fontaine de pierre que je n'ai jamais vue larmoyer, je remarque quatre personnes : Taima, Tjana, Adam et Arsène. D'abord, mon cœur bondit dans ma poitrine, je souris et cours à leur rencontre. Ma détermination est vite ébranlée lorsque j'aperçois leurs visages fermés et leur mouvement de recul. Mais que se passe-t-il ? « Ne nous approche pas. » Mes pieds se figent dans le gravier mal étalé. « Tu es effrayante, commence Adam.

— Quoi... ?
— Je t'ai vu perdre le contrôle, poursuit Tjana.
— Tu es un danger, affirme Arsène.
— Personne ne devrait posséder une telle puissance, confirme Taima.
— Je t'ai vue perdre du sang à cause de ce qu'il y a en toi, assume Arsène. Tu ne peux pas le gérer, ton propre corps en pâtit. » Moi qui croyais qu'Arsène, celui que je considère comme l'amour de ma vie, me voyait comme une femme spéciale, forte... Lui qui m'a même déjà surnommée « ma jolie déesse »... Pourquoi ? Pourquoi me disent-ils subitement, tous les quatre, qu'ils sont effrayés par moi avec ces regards si froids ? « Tu es trop dangereuse, reprend mon petit frère sans que j'ai le temps de répliquer quoi que ce soit. Tu as eu l'occasion de régler les choses il y a des années.
— Avec cet homme : ce Renard, reprend la brune.

— Mais tu n'en as fait qu'à ta tête, enchaîne la blonde.

— Comme toujours, tu n'as pensé qu'à toi, continue Adam.

— Alors arrête de mettre en danger tout le monde... me demande Tjana.
— Et disparais, conclut Taima. » Sous l'effet de leurs paroles écrasantes, je tombe à genoux. Le gravier me fait mal aux jambes et aux mains lorsque je m'y enfonce, mais cette douleur-là est tellement, tellement dérisoire face à celle de mon cœur. Mes épaules sont animées de soubresauts lorsque de chaudes larmes me montent aux yeux. Je les refrène tant bien que mal en reniflant. « Mais pourquoi... ?

— Nous ne voulons plus rien avoir à faire avec toi, jure Tjana. » Mes yeux s'exorbitent. « Non ! Attendez ! » Je me relève, trébuche, cours vers eux en tendant la main. Ceux que j'aime se détournent de moi. « Adieu. »

Tout coule autour de moi. L'environnement fond comme un sorbet à la grenade en plein Sahara. Tout devient rouge. Le sol se dérobe sous mes pieds. Je suis en chute libre dans cet infini rougeoyant. Je tombe dans l'eau et coule, incapable de me mouvoir et de nager vers la surface, mes capacités motrices et cognitives paralysées par la scène que je viens de vivre. Je ferme les yeux et me laisse engloutir, incapable de penser, de comprendre, de ma battre... Je suis fatiguée de me battre.

— Je sais que vous souffrez, que vous avez peur. Je le ressens comme si c'était moi...

Je rouvre les yeux. Cette voix masculine, douce et sereine, me rappelle quelque chose.