[ 8 ] Casse, coffre et tremblements

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[ Banque centrale de la Fédération de Russie, district Central, Moscou,
18 Avril 20**,
23H55, heure locale ]

[ Tjana ]

Je termine de passer l'élastique au bout de la tresse qui court le long de mon crâne, puis rajuste le harnais qui ceint ma poitrine pour glisser mon pistolet sous mon aisselle, le tout en fixant la banque du haut de notre cachette.

— J'arrive pas à croire que je m'apprête à faire un truc pareil. Putain...
— Moi non plus. Je suis censée être du côté des gentils ! De la loi !
— Stressez pas, les filles, ça va bien se passer. Et puis, la loi, c'est très surfait. Ce qui compte, c'est la morale.
— Et c'est moral, un cambriolage ?
— Lorsque c'est pour récupérer ce qui t'appartient et qui pourrait en plus sauver des vies, oui, assuré-je en me levant, face à l'encadrement de la fenêtre.

Alysse et Katinka terminent de boire leur poche de sang, et se lèvent à leur tour pour prendre place à mes côtés.

— De toute façon, soupire la brunette, quoi qu'on en dise, on te suivra.
— N'importe où, ma chère tsarine, confirme celle aux yeux indécis.

Je souris face à leur dévouement. J'espère qu'elles savent aussi que je suis prête à bien des absurdités pour elles. Toutes les absurdités, à vrai dire.

— Allez, mettez vos masques. Que le spectacle commence, dis-je en ajustant le mien, noir avec des détails orangés, sur le bas de mon visage.

Elles acquiescent. Alysse et Katinka enfilent leurs masques qui ne consistent qu'en une bande élastique et solide qui couvre leur yeux, l'un bleu azur, l'autre mauve. Nous remontons nos capuches sur nos têtes. Celle de Kat' a des oreilles de chat.

Pour vérifier sa solidité, je tire quelques coups secs sur le câble de la tyrolienne qui mènera Shadow Kat jusqu'au toit de la banque.

— Ça va aller ? lui demandé-je.
— T'inquiète même pas.

Elle attrape à deux mains la barre qui va la faire glisser jusqu'au toit, de l'autre côté de la rue. Elle déglutit, puis se jette dans le vide. Dragonfly et moi regardons sa silhouette noire disparaître dans la nuit, éclairée par les lumières urbaines. Quelques secondes s'écoulent à notre montre...

— Hey ? Vous m'entendez toujours ?
— Cinq sur cinq. Comme je te l'ai dit, il y a des brouilleurs. Avec ces oreillettes, ça devrait aller, mais fais attention quand même.
— OK, chuchote-t-elle. Et mon traceur ?

Dragonfly regarde l'écran tactile entre ses mains. J'y vois un point rouge clignoter.

— C'est OK, assure ma petite amie.
— Et les caméras ?

J'entends du stress dans sa voix. J'observe mon propre écran, divisé en plusieurs cadres dans lesquels s'étalent couloirs et pièces filmés par les caméras de surveillance qui quadrillent la banque. Je ne suis pas Taima, mais grâce à la technologie récupérée auprès d'Alejandro, je devrais m'en sortir.

— Je vois ce que voient les caméras, je te préviendrai si quelqu'un arrive. Promis.
— OK...

Je l'entend inspirer et expirer profondément.

— J'y vais.
— Merde, lui souhaitons-nous en chœur.

Je tapote à quelques reprises sur mon écran pour voir précisément l'endroit où elle doit atterrir. Nous avons convenu qu'en maintenant son invisibilité, Katinka traverserait les sols des différents étages afin d'atteindre le sous-sol où se trouve la salle des coffres. Sur l'écran, rien n'est visible. Pourtant, sa voix dément l'absence d'événement sur les caméras.

TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant