[ 16 ] Testament, prianik et révélations

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[ Moscou est, district Central, Russie
20 Avril 20**
15H03, heure locale ]

[ Tjana ]

Après pas mal d'heures de route, pour mettre un maximum de distance entre la demeure des Aslana, remplis d'hommes évanouis, et nous, Alysse, Katinka et moi nous sommes mises en quête d'un lieu calme et discret dans lequel nous pourrions nous cacher, reprendre des forces et faire le point. Le chemin était encore frais dans nos esprits lorsque nous sommes descendues vers Moscou. En périphérie de la capitale, nous avons trouvé un petit motel, calme pour la saison.

Parfait.

Je pousse la porte du motel en question.

Lorsque le propriétaire a passé sur nous son regard blasé, il nous a dit qu'il ne restait que des chambres avec un lit deux places et un lit simple. J'ai chassé l'air de ma main pour lui dire que c'était parfait tant que la chambre se trouvait au fond du couloir au dernier étage. Il nous a lancé un regard intrigué, mais ne s'est pas montré intrusif, se contentant d'attraper une clef sur la rangée la plus élevée derrière lui. Il nous a indiqué le chemin et donné le prix d'une chambre pour quelques nuits.

Je salue le vieil homme derrière son comptoir, occupé à lire un magazine daté, puis remonte l'escalier vétuste, datant probablement de l'U.R.S.S.

Lorsque nous sommes arrivées dans la chambre et que la porte s'est refermée derrière nous, nous avons laissé tomber nos sacs au sol et nous sommes effondrées sur les matelas, Alysse blottie contre moi dans le lit double.

Plus tard, après quelques heures de sommeil amplement méritées et une excursion rapide en ville, je glisse la clef dans la serrure griffée, déverrouille la porte et l'ouvre sans faire trop de bruit. Je suis ravie de constater que Katinka et Alysse sont réveillées. Je lève triomphalement les deux sacs de nourriture que je tiens dans une main.

— Qui a faim ? chantonné-je en retirant mes bottines marron.
— Moi ! J'ai tellement la dalle ! s'exclament-elles en tendant leurs mains avides vers moi.

Je ris et m'assieds sur le lit double. Katinka nous rejoint et croise ses jambes en tailleur, sortant avec bonheur la nourriture encore chaude du sac en papier.

— T'as pris des laits d'oiseau ? Oh ! Et des prianik ! s'émerveille la brune. Je t'aime ! T'imagines même pas !

Je ris. Quand j'étais petite et que je faisais une bêtise qui faisait pleurer Katinka, ou simplement quand elle était triste, je lui cuisinais des prianik, des petits pains au sucre brun et au miel. Pour avoir Kat' dans sa poche, c'est simple : il faut parler à son ventre.

— Hmmm... Ça sent trop bon, affirme Alysse en déballant son pain fourré. Merci !
— De rien.

Dans les sacs, il y a même une petite surprise supplémentaire : des poches de sang, que j'ai volé dans un hôpital surchargé. Elles requinquent nos corps pendant que les sucreries font du bien à notre moral.

Pendant quelques minutes, on se contente de manger en silence et de nous rassasier. Je termine mon pirojki en fourrant une dernière grosse bouchée dans ma bouche, tape mes mains l'une contre l'autre pour en chasser les miettes, puis essuie mes doigts et ma bouche avec une serviette.

Je tire mon sac et sors le sachet étanche trouvé dans la statue. Il est temps de découvrir les secrets qu'il renferme. Sous les regards attentifs d'Alysse et Katinka qui mastiquent dans l'expectative, je le déchire avec les dents, sort du plastique un manuscrit et une enveloppe. J'ouvre celle-ci pendant qu'elles se rapprochent de moi pour jeter un coup d'œil à ce qui y est inscrit.

TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant