[ Washington D.C, U.S.A,
04 Juin 20**,
03H33 : Début des opérations ][ Taima ]
Le vaisseau, dont la carlingue semblable à une peau de reptile, est en mode camouflage et le moyen de propulsion, semblable à quatre immenses ailes d'insecte, stationne au-dessus du laboratoire.
— Bon. Vous êtes prêts à entamer une bataille dans la capitale de la première puissance mondiale ? sourit Tjana en faisant tourner son bâton en aluminium doré.
— Hof ! On est plus à ça près ! s'exclame Alysse. Après tout, notre mission de cette nuit est de transformer quelques voitures en ballons de foot, alors...
— Assez blablaté ! s'impatiente Wolfgang.
— Les filles. Sautez...La blonde lève les yeux au ciel. J'attrape la main de Katinka, juste avant que la gravité ne cesse d'avoir de l'emprise sur nous. Les pouvoirs de Trixie prennent le relais. J'ai juste le temps d'envoyer un sourire rassurant à Azaz, qui m'observe partir avec un air grave. La télépathe nous fait descendre jusque sur le toit du laboratoire Nettie Stevens. Ne plus voir, ou plutôt ne pas voir mon propre corps sous les effets du pouvoir d'invisibilité de Katinka me perturbe. Je me demande comment je vais faire pour marcher et donner correctement des coups de poing... Je n'ai pas le temps d'y penser. Nous traversons le rooftop pour atterrir sous la charpente. Mes réflexes me sauvent d'une jolie chute en avant.
— J'espère que t'es prête, me chuchote Shadow Kat, parce qu'on va descendre encore quatre étages comme ça.
— T'inquiète, maintenant j'ai compris comment faire.C'est comme ça que nous sautons encore quatre fois deux mètres cinquante de haut, jusqu'à ce que nous atterrissions dans la salle des caméras. Main à la crosse de leurs revolvers, les trois gardes en poste sursautent en entendant le bruit de nos rangers frapper le sol, mais ne voient rien en se retournant. Je ne leur laisse aucune chance et les électrocute à un voltage suffisant pour qu'ils tombent inconscients.
— Tu... les as tués ? questione Shadow Kat en nous faisant redevenir visibles.
— Non. Ils sont juste dans les vapes. Allez, aide-moi à les attacher, demandé-je en extirpant l'un des hommes évanoui de son fauteuil.En sortant des liens de nos poches, nous attachons leurs poignets et leurs chevilles, les bâillonnons, les entassons dans un coin de la pièce et les défaisons de leurs armes ainsi que de leurs moyens de communication. Poussant une chaise à roulettes hors de mon chemin, je me précipite sur le mur d'écrans qui nous fait face. Les boutons lumineux devant moi, aussi nombreux que sur un synthétiseur de grande maison de disque, ne m'effraient pas. Je vérifie l'heure.
Merde !
Je dois terminer ça avant minuit dix. Mes doigts courent sur les touches. En quelques minutes à peine, j'obtiens des images fixes. Voilà qui devrait nous donner de l'avance, jusqu'à ce que quelqu'un se rende compte qu'il n'y a plus de réponse en salle de surveillance. Je branche ma tablette au tableau de bord et transmets le plan de la prison et du laboratoire souterrain, ainsi que l'image d'un des couloirs, à l'équipe restée dans le vaisseau des Ases. Les chiffres de ma montre m'indiquent que j'ai terminé juste à temps, une minute en avance. Je porte ma main à mon oreille, allume mon oreillette.
— Guiño ? T'as les visu' ?
[ *** *** *** ]
[ Washington D.C, U.S.A,
04 Juin 20**,
03H40 ][ Trixie ]
Un signal sonore m'indique que Thunderbird et Shadow Kat sont venues à bout de leur première mission. Guiño regarde par-dessus mon épaule pour étudier l'image qui s'affiche sur l'écran de la tablette.
— Guiño ? T'as les visu' ?
— Cinq sur cinq.À la place de la porte béante de la soute qui offre une vue plongeante sur le laboratoire Nettie Stevens, un portail apparaît. Au travers, un couloir immaculé et aseptisé se dévoile. Dégainant leurs armes respectives en prévision des combats à venir, Brain, Jet, Wolf, Fairy, Gémeaux, et Guiño en dernier, traversèrent avec lenteur et appréhension le portail. Le passage se referme derrière eux, la ville en contrebas reparaît. Ses lumières nocturnes sont presque plus irréelles que le portail de téléportation de Guiño.
Je secoue vigoureusement la tête, abaisse mon masque magenta sur mes yeux. Nous n'avons pas le temps d'avoir peur pour les autres, nous devons juste leur faire confiance et les laisser gérer de leur côté pendant que nous faisons de même.
— Dragonfly, t'es prête ? demandé-je lorsqu'elle s'arrête à mon niveau, le regard rivé en contrebas.
Elle avale les dernières gorgées de sa bouteille de sang. Elle va en avoir besoin.
— J'ai toujours rêvé de détruire une mégalopole, assure-t-elle en jetant le contenant rougi dans une bouteille derrière elle. Tu m'aides à remplir ma bucket list.
— Ravie de t'aider.Lyssa remue pour sortir de ma tête. Des volutes s'enroulent autour de nous. Nous sautons dans le vide pour atterrir sans mal sur la macadam, quelques cent mètres plus bas. D'ici, l'héliporteur aux allures de dragon mécanique est invisible.
— Amusons-nous, dis-je en levant les mains.
Toutes les voitures de la rue s'élèvent simultanément à un bon mètre du sol, puis je les laisse retomber dans un grand fracas de tôle froissée et d'alarmes anti-vol affolées. Les personnes présentes dans cette rue, peu fréquentée de nuit, observent ce phénomène, bouche bée, puis réalisent et prennent la poudre d'escampette. Beaucoup crient, quelques-uns pensent à protéger leur tête avec leur bras ou leur mallette de bureau. Certains ont le réflexe de dégainer leurs téléphones portables pour prévenir la police ou, au contraire, pour filmer et se la jouer reporter de guerre, mais la majorité panique et se rue à l'abri. Ce qui retient le mieux l'attention de mes oreilles, c'est le rire de Dragonfly s'élevant dans la nuit, malgré un petit « pauvres voitures ». Tjana a vraiment déteint sur elle...
— À mon tour ! On va faire sortir les fourmis de leur cachette !
De la fumée grise commence à s'échapper des yeux masqués de Dragonfly, qui tend les mains de chaque côté de son corps. Une épaisse brume se répand dans la rue, autour du laboratoire, s'élève vers le ciel. Les fenêtres du laboratoire éclatent dans une pluie d'éclats de verre. Je localise les caméras de surveillance extérieures pour les diriger vers nous. Nous leur faisons « coucou » avec un geste ingénu de la main. Je leur envoie même un baiser et un clin d'œil à la Marilyn Monroe. Mon excitation malveillante attise la personnalité volcanique de Lyssa. Je la laisse surgir tout en tapant du pied au sol. Une large lézarde fend le goudron et le parterre de gazon. Elle galope de mon pied jusqu'à la façade de brique rouge avant de remonter celle-ci.
— Si avec ça, ils ne sortent pas la cavalerie, je ne comprends pas, fais-je remarquer.
C'est justement lorsque j'émets cette idée que des sirènes retentissent non loin de nous, dans la ville. Des voitures de police, flanquées des couleurs rouge et bleu de la MPDC, arrivent pour se garer en travers de la rue et nous encercler. Des duos, décorés de l'insigne or, bleu, rouge et blanc de la Metropolitan Police District of Colombia, en sortent pour se mettre à l'abri derrière leurs véhicules. Dans une suite de cliquetis presque parfaitement synchronisés, ils nous mettent en joue avec leurs Glock 9 mm.
— Rendez-vous ! Vous êtes cernées ! s'écrie une voix au combien masculine.
Notez l'ironie.
La brume réagit pour tourbillonner autour de ma coéquipière et moi. Je lève ma main près de ma bouche.
— Je m'en occupe, lui chuchoté-je avec un clin d'œil.
Me faisant confiance, la jeune femme acquiesce et laisse retomber sa brume pour qu'elle ne noie plus que nos pieds, comme une mini mer, couvrant l'intégralité de la rue et du périphérique du laboratoire.
— Désolée, on est pas là pour vous...
J'effectue un tour sur moi-même pour englober du regard nos « ennemis ». Je reviens face au sergent. Je soupire face à sa mine déterminée, même si je sais d'ici qu'une grosse goutte de sueur coule le long de sa tempe.
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TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type
Fiksi IlmiahL'institut Electre Even a été détruit, beaucoup de marqués ont été emportés. Ceux qui restent doivent trouver une nouvelle cachette. Les Indominus Lex on prouvé à quel point ils sont redoutables. Taima a été enlevées par une créature recouverte d'é...