Par-dessus le culot de ma tasse remplie de sang frais salvateur, j'observe encore le camp, en direction des deux conteneurs où nous allons dormir. Apparemment, le premier à été arrangé il y a quelque temps au cas où il y ait de nouveaux arrivants, et le suivant vient d'être sommairement aménagé par quelques insulaires brusquement tirés du lit. J'ai une pensée désolée pour eux avant d'engloutir le reste de mon bol de gruau.
Mon palais et mes papilles gustatives ont l'impression de se retrouver à l'orphelinat... Je jette presque mes couverts sur la longue table en tôle et attrape le poignet de la blonde pour la tirer derrière moi. Je profite de la foule juvénile s'égayant dans l'obscurité pour filer à l'anglaise.
Tjana lâche une exclamation surprise mais me suis, se contentant de terminer à l'aide d'une seule main son bol dans lequel elle à mélangé sa tasse de sang pour voir si ça aurait meilleur goût.
— T'fois quoa ? me questionne-t-elle, la bouche pleine.
— Je fais ce qu'on fait le mieux : espionner, chuchoté-je.Une bâtisse élaborée sur le modèle d'un chalet canadien apparaît entre les bicoques. Elle est plus tarabiscotée, avec de la tôle, des éléments récupérés, recyclés, des fenêtres discordantes... Bref, montée avec les moyens du bord.
— Tu oublies la castagne, chuchote la blonde.
Je lui souris en lui faisant signe de se taire. Nous nous faufilant jusqu'en dessous d'une fenêtre, celle en bois sombre. Tjana s'assied à côté de moi, le dos contre le mur. Je croise son regard et lève une main vers sa tempe. Comprenant mes intentions, la blonde hoche la tête. Après avoir placé deux doigts à la tempe de ma sœur, le voile écarlate sort de ma tête, s'étend dans la pièce dans laquelle se trouvent les deux hommes : un salon.
— Alors c'est ça, ce que tu as fait durant toutes ces décennies ?
— J'ai essayé de refaire ma vie comme j'ai pu, en faisant quelque chose d'utile pour les générations futures. Toi aussi, tu as fait quelque chose dans ce goût-là, à ce que j'ai vu.
— Chez moi, ç'a mis plus de temps. J'ai d'abord essayé d'être un homme normal.
— Ç'a raté...Les deux se figent, s'observent attentivement, rient de conserve après avoir prononcé exactement les mêmes paroles, mot pour mot, en même temps. Ils reprennent leur sérieux. Apparemment, ils se sont déjà raconté beaucoup de choses pendant que nous mangions et buvions : Arthur et son pensionnat, Wolfgang et son Arche, en profitant pour se raccommoder un minimum. Tant mieux, de cette façon, ils arriveront directement au vif du sujet, et nous, nous entendrons ce qui nous intéresse vraiment.
Karl rit.
— Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? demande Wolfgang en se servant une tasse de café, qu'il remplit à ras bord.
Cet homme ne fait jamais les choses à moitié, dites-moi.
— Nous sommes observés. Mais ce n'est pas grave, cela ne m'empêchera pas de te montrer l'attaque pour que tu comprennes à qui nous avons à faire, poursuit Karl en tendant une main vers son interlocuteur.
Ce dernier recule dans le fond de son siège en cuir élimé, levant une main face à lui pour lui faire signe de s'arrêter, ce que Karl fait. Sa main reste levée, à mi-chemin entre sa canne et la tempe du roux.
— Tu es en train de me dire que nous sommes espionnés ? Par tes gamins ? Tu ne peux pas leur demander de partir ?
— Non. Ces deux-là sont particulièrement désobéissants.
— Y a un télépathe, c'est ça ? sourit son interlocuteur.— Bingo. Je vois que tes fonctions intellectuelles n'ont pas été atteintes.
Par-dessus sa tasse de café tiède, Wolfgang fusille du regard le sourire moqueur de son interlocuteur.
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TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type
Ciencia FicciónL'institut Electre Even a été détruit, beaucoup de marqués ont été emportés. Ceux qui restent doivent trouver une nouvelle cachette. Les Indominus Lex on prouvé à quel point ils sont redoutables. Taima a été enlevées par une créature recouverte d'é...