[ L'Arche, île Nootka, Colombrie-Britannique, Canada
28 Avril 20**,
08H12 ][ Tjana ]
Il y a toujours quelque chose à faire à l'Arche : aller chercher du bois, faire la plonge ; préparer à manger pour une centaine de personnes — nous avons doublé le nombre d'habitants lorsque nous sommes arrivés ; s'occuper du potager ; faire un tour dans la ville la plus proche, à deux heures d'ici ; faire l'inventaire des provisions ramenées de la ville ; pomper l'eau du puits...
Il y a toujours quelque chose à réparer aussi : les enclos des bêtes ; les clapiers à lapins ; le toit d'une cabane ; la radio ; l'antenne-satellite...
Il y a même des entraînements à assurer, comme à l'institut Électre Even — ça, c'est toujours moi qui m'en occupe.
Bref, c'est impossible de s'ennuyer.
Surtout quand on attent la putain de réponse d'un réseau de mercenaire à propos d'un enlèvement extraterrestre et d'une espèce de société secrête à mi-chemin entre les Illuminaties et les Templiers...
Surtout quand on crève d'impatience et qu'on tient plus en place.
Moi, ma mission du jour – du moins puisque je l'ai acceptée – c'est de fendre du bois.
Sans réfléchir, j'abat la lame de fer avec assiduité. L'activité physique me fait du bien. J'entretiens ma musculature et, en même temps évite, de penser à tous nos disparus et à nos contacts qui doivent nous rappeler...
... S'ils ont du nouveau...
J'ai jamais prié de ma vie. Pour quoi que ce soit. Mais c'est dernier temps, je me surprends à regarder les étoiles et à leur demander un signe. N'importe quoi. Un truc qui me fera dire que Taima va bien, que Trixie et moi on va la retrouver, qu'on va retrouver tous les autres, que tout ça sera un jour derrière nous.
Je secoue la tête.
Ça y est, je recommence avec ces foutues pensées qui me donnent l'impression de respirer du plomb.
Pour m'en débarrasser, je me donne à fond et abat de toutes mes forces ma hache sur chaque rondin, comme s'ils me l'avaient tous fait à l'envers et qu'ils devaient payer pour ça. Je suis essoufflée et mes vêtements sont collants de sueur, quand je m'arrête un instant pour admirer admire mon œuvre, me délecte de cette brève sensation de satisfaction.
Un bruit sourd attire mon attention. Le Prof a laissé tomber des cartons sur la terre battue, pas loin, autour de la place du foyer. Il se tient la jambe avec une grimace. Je fronce les sourcils.
Normalement, il a des médicaments pour calmer la douleur qui se réveille là où son membre a été sectionné et où la jambe artificielle est sanglée. J'ai remarqué que, depuis quelques jours, il boite davantage, se tient la cuisse, fronce les sourcils. Mais il a donné ses derniers ses derniers anti-douleurs à ceux qui en avaient besoin, durant notre traversée.
Je laisse tomber ma hache par terre pour le rejoindre. Wolfgang me devance en apparaissant entre deux cabanes. En pestant, il empile et soulève les cartons que le Prof a échappé.
— T'es plus empoté que dans mes souvenirs, Arthur.
Ce dernier se renfrogne et récupère sa canne pour s'y appuyer. J'imagine qu'il réplique quelque chose au chef de l'Arche, vu son sourire sarcastique.
— Ah, la bonne excuse : j'ai une jambe en moins. Franchement, tu pourrais trouver mieux, non ?
Les deux hommes se font face et rient de conserve. On dirait que leurs liens ne se sont jamais vraiment brisés, même s'ils ont gardé des griefs l'un envers l'autre.
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TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type
Ciencia FicciónL'institut Electre Even a été détruit, beaucoup de marqués ont été emportés. Ceux qui restent doivent trouver une nouvelle cachette. Les Indominus Lex on prouvé à quel point ils sont redoutables. Taima a été enlevées par une créature recouverte d'é...