[ 14 ] Café, départ et "Noticias de última hora"

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[ Maison de la famille Del Rey, Rosario, Santa Fe, Argentine,
20 Avril 20**
09H28, heure locale ]

[ Trixie ]

Après le départ d'Adam à moto, Conan et Johanna nous ont abandonnés dans leur canapé. Ils ont préféré s'isoler dans leur cuisine, puis dans leur chambre, à l'étage. Isaac, Arsène et moi sommes restés dans le salon. Une fois que nous avons été certains que le couple ne redescendrait plus, au cas où ils se seraient aperçus qu'ils avaient oublié de nous faire un bisou avant le dodo, nous sommes allés piocher dans leur frigo.

De retour dans le canapé, nous avons discuté de tout et de rien. Surtout de rien, ce qui était très appréciable pour ma part. Arsène m'a laissée pleurer silencieusement et brièvement sur son épaule, histoire d'évacuer les émotions et la pression, et Isaac m'a divertie avec ses blagues et ses aventures rocambolesques.

Nous nous sommes endormis tard. Mais c'est tôt que nous nous sommes réveillés, vers sept heures, avec des courbatures et la nuque en miettes.

Après avoir soigneusement noté chaque information obtenue la veille auprès du couple Del Rey, nous aurions pu partir et ne jamais revenir, comme ce que j'avais prévu. Un simple aller-retour, comme si nous n'étions jamais venus. Sauf qu'après avoir découvert qu'Adam était un marqué et qu'il est parti d'un coup à moto, je veux attendre qu'il revienne.

Ce doit être mon instinct de grande sœur, je ne sais pas...

Ça faisait longtemps que je n'avais pas pensé à Adam, en vérité. La seule image qui me restait de lui était celle d'un garçonnet, mais lorsque cette porte blanche m'a été ouverte, c'est à un beau jeune homme que j'ai fait face. Je suis peut-être mal placée pour penser cela, mais je m'inquiète pour lui, alors je ne veux quitter cette maison que lorsque je l'aurais revu...

Juste une dernière fois, pour lui dire adieu.

Après avoir machinalement allumé la télévision, Isaac intercepte mon regard. Je n'essaie même pas de forcer un sourire. En ce moment, je n'ai pas envie de faire semblant. Il tend la main vers moi, frotte mon sourcil de son pouce.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? suis-je ahurie.
— T'es pas belle quand tu fronces les sourcils.
— Quoi ? m'inquiété-je en fronçant justement les sourcils.
— Qu'est-ce que j'viens d'dire ?

Isaac me donne une pichenette au front avec l'habituel sourire taquin qui illumine son visage d'une oreille à l'autre. Mes sourcils se défroissent instantanément pour s'arquer vers le haut et je porte mes mains à mon front. Son rire et son sourire sont contagieux. Mes lèvres s'étirent à leur tour et mes épaules tressautent au rythme de ses éclats de rire.

— Chut, tu vas réveiller toute la maison, chuchoté-je.
— C'est sympa de te voir rire et sourire, aussi.

Arsène refait son entrée dans le salon avec quelques victuailles dénichées dans le frigo et les placards de la cuisine. Il pose le plateau sur la table basse et reprend sa place à ma gauche. Je me blottis de suite dans ses bras, une tasse de café salvatrice dans la main.

— Eh beh, sympa cette grande télé, note le brun en mordant dans un morceau de pastèque.

Je hoche discrètement de la tête, ne m'intéressant guère aux propos de la présentatrice d'un journal régional, mes pensées gluées à mon frère.

C'est très étrange à penser : mon frère...

Un grommellement affamé se manifeste. Arsène et moi tournons la tête vers Isaac, qui rougit de gêne. Une chose amusante chez lui : il a horreur que nous l'entendions gargouiller.

TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant