quarante-neuf.

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Je déménage dans deux jours

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Je déménage dans deux jours.

Je suis trop contente de pouvoir bientôt y être et j'ai hâte de pouvoir inviter Lexa chez moi. J'espère qu'elle pourra vite venir à la maison en vacances. Je compte bien sûr lui faire un home tour par FaceTime dès que ma mère et Todd seront partis samedi soir mais je veux qu'elle vienne voir ça en vrai. J'ai hâte de pouvoir passer du temps avec elle à nouveau.

Il ne me manque pas grand-chose. J'irais également faire les courses avec ma mère samedi après-midi, le temps que Todd termine de monter les derniers meubles. C'est son travail après tout.

Bon, je ne lui dirais pas ça sinon, je vais finir avec des énormes noeuds dans les cheveux.

Mon beau-père est très heureux pour moi. Voir que je prends enfin mon envol. Il a jeté un énorme froid en moi quand il s'est amusé à dire que j'allais pouvoir en profiter pour inviter Justin à la maison, je n'ai pas osé expliquer que ce garçon s'est simplement foutu de moi. Qu'il n'était pas intéressé par moi mais seulement par ce qui se trouve sous mes vêtements.

Bref.

Ma mère a du mal avec l'idée. Encore. Je pense qu'il va lui falloir du temps, je suis certaine qu'elle va venir me voir régulièrement les premières semaines mais je ne lui ne voudrais pas. Je serais contente de la voir quand même, c'est la maman quand même. Je ne la mettrai jamais à la porte et je ne lui laisserai jamais croire qu'elle me dérange. Jamais.

Ça me fera un peu de compagnie d'ailleurs.

Je vais certainement me sentir seule dans cet appartement. Ce n'est pas comme si j'avais des amis pour venir squatter mon canapé ou ma cuisine.

Pattie revient en chantonnant de l'atelier, des cookies en main. Elle s'assoit au comptoir et je lui sers un café quand elle me dit qu'elle en a soudainement envie.

— Tu ne veux rien toi?

— Non, c'est gentil merci.

Elle me sourit.

— Tu es prête à déménager samedi?

— Oui, j'ai hâte d'avoir mon chez moi.

— Je veux bien te croire. J'ai eu beaucoup de mal à me faire au départ de Justin moi. Enfin quand il a été à l'université surtout, j'étais déjà habitué quand il a eu sa maison après.

— Ça doit être bizarre pour une maman.

— Énormément. Encore plus quand ton seul enfant devient parent.

Je souris en pensant à Juliann puis je deviens soudainement triste. Je m'en veux d'avoir refusé ses trois invitations, j'ai eu envie de le prendre fort dans mes bras parce qu'il m'a brisé le coeur avec son air triste. Il ne comprend pas pourquoi j'ai refusé alors que je ne le fais jamais mais je ne veux pas retourner chez Justin. Je ne veux pas passer la soirée avec lui comme si de rien n'était. Je ne suis pas prête à faire ça, pas encore. Même pas pour ce petit cœur, je ne suis pas prête encore.

Je crois que j'ai peur en fait. De devoir passer du temps avec Justin à nouveau et d'avoir le cœur brisé encore une fois. Je ne veux pas me sentir humiliée et utilisée comme lundi.

— Juliann est adorable.

— Justin fait du bon travail.

Je hoche la tête, on ne peut pas lui reprocher ça.

— Il est fier de dire qu'il a une nouvelle tata.

— Ah oui?

— Le père de Justin et sa femme entendent beaucoup parler de toi.

Oh. Je suis gênée là.

— Chelsey pense d'ailleurs à venir un jour ici pour voir qui est cette fameuse Lyna.

Je souris poliment mais je prie pour qu'elle ne le fasse jamais. Je vais me sentir beaucoup trop mal à l'aise, j'espère ne jamais rencontrer la famille de Justin. Sérieusement. Je connais Pattie et cela me suffit amplement pour être honnête. Je n'arriverais pas à être à l'aise avec les autres membres de sa famille même si c'est adorable de la part de Juliann de parler de moi. Je m'en veux doublement d'avoir refusé son invitation pour aller le voir chez lui.

Pauvre petit cœur.

Je tourne le dos à ma patronne quand la sonnette retentit dans le café. Je commence à ranger un peu le comptoir et j'entends Pattie parler à un homme. Elle rigole même avec lui. Quand je leur fais face, je me décompose.

Oh mon Dieu.

J'ai mal au cœur.

Qu'est-ce que cet homme fait ici? Je le connais. Très bien. C'est un des hommes qui a osé me toucher quand j'étais jeune. Et qui ne s'est jamais fait prendre. Pourquoi Pattie rigole avec lui? Pourquoi elle lui touche l'épaule comme ça?

Oh mon Dieu. Non.

Je vais vomir. Mes jambes flanchent et je me sens mal. Je n'arrive pas à tenir correctement sur mes pieds.

Il fréquente Pattie.

Il voit ma patronne et se fait passer pour quelqu'un de bien alors que c'est un pervers. Un détraqué. Je ne peux pas oublier certains visages, ceux qui venaient le plus souvent chez mon père. Je ne pourrais jamais oublier leur tête.

Jamais.

Je suffoque. Je dois prendre l'air. J'essaie de ventiler mon visage parce que je manque cruellement d'air. Je ne peux pas rester ici. Je ne peux pas finir mon service. Je ne peux pas faire ça.

Ma patronne s'approche de moi et fronce les sourcils quand elle voit que je suis douloureusement accrochée au comptoir.

— Euh. Je ne me sens pas bien Pattie. Est-ce que je peux rentrer chez moi?

— Oui bien sûr. Qu'est-ce qui se passe Lyna?

— Euh. J'ai juste un coup de mou, je ne me sens pas bien...

— Tu veux appeler quelqu'un? Tu ne vas pas pouvoir conduire Lyna.

— Non, je. Je vais attendre. Je vais prendre l'air et. Je peux partir?

— Bien sûr.

J'attrape rapidement mes affaires et je quitte les lieux. Comme une voleuse. L'air extérieur me fait un bien fou, j'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau. Comme si l'air dans ce café m'oppressait, était en train de me consumer petit à petit.

J'arrive à ma voiture et j'ouvre la porte pour m'assoir. Je dois me calmer. Respirer calmement. Pourquoi je fais une crise d'angoisse? Je n'en fais jamais.

Est-ce parce que je ne m'attendais pas à ce que Pattie fréquente quelqu'un comme ça? J'ai de la peine pour elle, elle ne sait pas réellement qui est cet homme qui laisse penser que c'est quelqu'un de bien mais je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas lui expliquer ce qui m'est arrivé mais je ne peux pas la laisser avec ce pervers. Ce gros porc qui me dégoûte.

J'ai envie de vomir.

Non, je dois me calmer.

Inspirer. Expirer.

Inspirer. Expirer.

Je dois partir d'ici pour ne pas étouffer. L'air me paraît si pesant soudainement, je mets le contact et je sors de ma place de parking. Je conduis bêtement dans Los Angeles, je commence à tourner en rond mais je me sens mieux.

Je vais aller prendre l'air de la mer pour aller mieux. Pour me poser et ne plus penser à tout ça. Ne pas penser pour le moment que je vais devoir retourner travailler demain et que je vais devoir recroiser ce mec. Qu'est-ce que je suis censé faire?

Non, je ne dois pas penser à ça aujourd'hui.

Il me faut un moment de répit.

J'ai besoin de me vider la tête pour le moment...

Let Me Love YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant