TOME 2 // Angels Of Hell : Demons

Chapitre 15

This is Me - Keala Settle

Danaé

Cette nuit, j'avais pris la décision d'avancer et de recommencer à m'ouvrir, mais je n'avais pas la moindre idée de savoir comment faire. La seule chose dont j'étais certaine, c'est que j'avais besoin de retrouver ma routine. Je n'avais plus mon petit Jojo pour tenir la tête hors de l'eau et la seule façon pour moi de tenir sans lui était la routine, ma routine. Ce cadre rassurant qui me permet de voir ma vie passée, de m'apercevoir qu'elle ne s'est pas arrêtée.

De toute manière, après ce qu'il s'était passé cette nuit, si tant est, que cela puisse, représenter quelque chose pour nous, Morphée avait décidé de s'esquiver et je n'arrive pas à dormir. Je tourne la tête vers le réveil posé sur la table de nuit, cet objet de malheur qui me rappelle durement que mon sommeil ne reviendras pas.

À sept heures, après avoir dansé toute la nuit dans le lit pour arriver à trouver une position me permettant de dormir un peu, je décide de me lever. J'avais besoin de retrouver ma routine, pour me rassurer et pour retrouver mes repères. J'enfile une tenue de sport que la première Dame m'a donné. Cette Léna est d'une beauté à couper le souffle, c'est un petit bout de femme rousse avec des yeux verts. Elle a une voix douce, quand elle parle on peut avoir l'impression que le son de sa voix nous caresse. Je ne l'avais aperçue que deux fois, mais elle me semblait faire partie des personnes qui sont simple. Elle m'a aussi prêté une paire de baskets qui fera l'affaire pour une dizaine de kilomètres, après tout cela fait un moment que je n'ai pas couru. Je ne compte pas faire plus, j'ai juste besoin de me vider la tête.

Discrètement, je sors dans le couloir, j'essaie d'éviter de faire de bruit, parce que je sais qu'ils ne me laisseraient pas la moindre chance de sortir. Trop risqué pour moi ou simplement par peur que je me carapate. Heureusement pour moi, tous les bikers ne sont pas des âmes torturées complètement insomniaques ne dormant pas de la nuit. Je traverse le couloir, écoutant aux portes, de temps en temps des ronflements surgissent, parfois ce sont des gémissements, prouvant que la vie est présente dans chaque chambre. Les gazouillis sortant de la chambre d'Elliot me tirent un sourire et me réchauffent le cœur. Ce gamin est vraiment un ange. Cette fois-ci, les mots de Sandy m'atteignent de plein fouet. Je refuse de m'attarder plus. Comment je pourrais m'attacher à ce petit ange, alors que je ne sais pas ce que sera mon futur, où même si j'en aurais un.

Un jour après l'autre Danaé, une brique après l'autre.

Je me répète cela comme si ça pouvait avoir un quelconque pouvoir sur moi. Je poursuis ma course, descendant les escaliers qui mènent directement dans le StreetRide. La porte du couloir menant aux bureaux est restée ouverte et une lumière filtre, je suppose que Health est là. Ma respiration se coupe quelques secondes en repensant à lui. Cet homme fait partie des bikers aux âmes torturés. Je souffle et sur la pointe des pieds, je me dirige vers la sortie. Discrètement, j'ouvre la porte, et la referme en essayant de faire le moins de bruit possible.

J'y suis arrivée. Je souffle un bon coup, profitant de l'air pur, qui imprègne mes poumons. L'air de Rockland n'a pas changé, j'apprécie toujours autant le respirer. C'est un air pur baigné d'une certaine humidité.

Cette ville m'a réellement manqué.

Sans attendre, j'entame ma course, je n'ai rien oublié de la géographie de ma ville natale. Je remonte la rue du StreetRide, me retrouvant rapidement dans la rue la plus vivante de la ville. Des souvenirs essayent de franchir mon subconscient, mais je les refoule, refusant de me faire assaillir par un passé qui ne m'appartient plus.

J'augmente mon allure, me délectant de l'air qui vient brûler mes poumons. Tout le monde déteste cet effet, pourtant pour moi, c'est le seul moyen de me sentir vivante. Je suis capable de sentir chaque alvéole , de mes poumons en surchauffe, s'ouvrir et se remplir d'air. Sentir mon cœur accélérer et tambouriner dans ma poitrine. C'est parfois le seul moment, où je m'aperçois que ce dernier bat encore.