Chapitre 1

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Hurt- Johnny Cash 

Danaé

- Sandy ! Elle a besoin de toi ! 

Une douleur me scie le ventre, ma tête à l'air d'être coincé dans un étau et soudainement, c'est le noir, le plus complet.

Voilà la dernière chose dont je me rappelle. Avant d'atterrir là, dans ma boucle infernale, aussi perverse que vicieuse.

Vous voyez le moment où vous n'arrivez plus à vous regarder dans un miroir. Le moment où vous en avez simplement assez de vous-même. De voir votre corps, vous rappelant que vous n'êtes plus la même qu'avant, de votre reflet qui vous rappelle sans cesse que plus jamais vous ne serez la même physiquement et psychologiquement. Quoi que vous puissiez faire, vous savez que vous avez changé, vous ne vous reconnaissez plus. Les derniers remparts qui vous protégeaient ont fondu, il ne reste plus rien, il ne reste plus que votre coquille, remplie de peur, de haine et de rage.

Ben, c'est moi, Clélia avant, Danaé aujourd'hui, l'ironie du sort, c'est que ce nom m'aller à la perfection. Ils me l'avaient attribué lorsque j'avais atterri dans leur cachot. L'héroïne de la mythologie grecque, enfermée par son père pour se protéger. J'étais loin d'être une héroïne, mais j'avais été séquestrée et enfermée pour protéger Léanna, ma meilleure amie et finalement au bout d'une bataille pour retrouver la liberté, j'avais été enfermée à nouveau.

Ils avaient brisé Clélia, ils l'avaient déshumanisé, jusqu'à temps qu'elle soit tellement brisée en mille morceaux qu'elle n'existe plus. Ils l'avaient remplacé par Danaé. Une femme emplie de démon, par moments une vraie machine de guerre, dénuée de sentiments. J'avais laissé ma part d'humanité, dans le cachot dans lequel il m'avait enfermé, pour sauver ma vie. Ils m'avaient enfermé dans une prison d'argent et pour survivre, j'avais dû plier, et je l'avais fait.

Aujourd'hui, je travaille au Calypso, ma prison d'argent. Ce n'était rien de très reluisant, un club de striptease à Augusta. J'avais hérité du statut de danseuse et de chanteuse officielle du club, j'étais celle que l'on place en haut du podium, pour être admirée et faire rêver les hommes qui passaient les portes du Calypso. Dans ce lieu, tenu par la mafia, loin de tout, chaque détail, chaque décor, chaque danse appelait à la luxure. Nous devons devenir, le fantasme des hommes. Même moi, le géniteur de Léanna avait mutilé mon corps, mais avec quelques tatouages et quelques implants, mes cicatrices étaient devenues des bijoux. J'étais devenue la "déesse" des lieux comme ils disaient, leur déesse, et ils ne se gênaient pas pour me le rappeler.

J'avais fini par me soumettre et ils avaient fini par me lâcher du lest. Je n'ai plus de passé et plus d'avenir.

Qu'adviendrait-il de moi lorsque je ne leur conviendrais plus ? Je n'avais pas la réponse à cette question

La seule chose dont j'étais sûre, c'est que je devais être heureuse de vivre une journée de plus, chaque fois qu'elle était terminée. Je n'avais pas la vie parfaite dont je rêvais, mais j'avais au moins un semblant de liberté. Ils m'avaient installé dans un appartement en haut d'une tour luxueuse. À y regarder de plus près, je vivais comme une princesse. C'était sans compter la surveillance presque constante dont je bénéficiais et ce qu'ils me faisaient subir si je tentais quoi que ce soit, ils me tenaient et ils le savaient.

Le soleil commence déjà à pointer le bout de son nez. J'étire mes muscles encore endoloris de la veille. Passer toute la soirée autour d'une barre afin de faire rêver les hommes était douloureux pour mon égo, mais tout autant pour mon corps. Je détestais être leur jouet, tout comme je détestais le regard pervers qu'il pouvait me lancer. Je suis sale, je me sens sale, même en frottant ma peau jusqu'à m'en faire saigner, je reste sale.

TOME 2 // Angels Of Hell : DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant