TOME 2 // Angels Of Hell : Demons

Chapitre 38

Let Somebody Go - Coldplay, Selena Gomez

Health

- Le Rendez-vous est programmé dans 15 jours, Terrain vague à Pittsfield près de l'autoroute.

Voilà les seuls mots qui résonnent dans ma tête lorsque j'enfourche ma moto. Ces mots, Léo les a prononcé juste avant que l'on se décide à partir. Ces derniers agissent sur moi comme un détonateur. Intérieurement, c'est un déferlement de sensations que je suis incapable de contrôler. Je donne le change, parce que je suis le VP et qu'il faut que je le donne. Je sais que je ne dois pas me laisser déstabiliser par mes émotions, mais c'est plus fort que moi. Rencontrer les Russkoffs, les grands patrons, me met dans tous mes états. J'espère qu'ils ne vont pas me reconnaitre, je me refuse à ce que le MC apprenne que le fameux « Tracker » qui a été dépêché pour tuer Léanna c'était moi. Je n'ose imaginer leurs réactions. Je serai probablement mis à mort et balancer dans un trou avec de la chaux. Je frémis, en imaginant les scènes. Je n'ai jamais craint de mourir, j'ai déjà rencontré la grande faucheuse, mais je ne pensais pas que cela se reproduirait tout de suite. Elle ne m'a jamais fait peur, dans certaines situations, quand mon démon ne me laissait aucun répit, j'en serais arrivé à souhaiter qu'elle vienne me donner le baiser de la mort. Pourtant aujourd'hui, je ne veux pas perdre ce que j'ai. Je ne veux pas perdre mes petits démons. Je ne veux pas que l'on m'enlève mon bonheur.

Putain pourquoi chaque fois, que quelque chose de bien nous arrive, il faut que ça cafouille à un moment donné.

Je suis perdu dans mes pensées quand le bruit de la Roadking du Prés' me fait sursauter. Je pose mon regard sur lui, et son regard est aussi noir que l'enfer. Je me retourne et je constate que tout le monde a déjà son moteur allumé et la première enclenchée. Je m'agite quelques secondes, mal à l'aise, qu'il m'est surpris. Je finis par appuyer sur le démarreur de ma Fatboy, son moteur rugit. J'enclenche la première et esquisse un signe de tête. Le Prés' me le renvoie accompagné d'un regard lourd de sens.

Garde ta place de VP, tes états d'âme n'ont pas lieux d'être. 

De la même façon qu'au départ, nous allons rouler en cortège et c'est le Prés' qui donne le top départ. Les gars d'Harmony nous saluent d'un signe de tête. D'un coup pied, nous prenons tous notre élan, les uns après les autres et nous nous élançons sur la route.

Je souffle un bon coup soulager de retrouver la sensation de rouler. Les sensations lorsqu'on roule en groupe sont encore plus grisantes. Tout d'un coup, j'ai l'impression que nous sommes un seul homme. Il y a une espèce de sentiment, d'union, d'appartenance qui nous porte. Tout d'un coup, on appartient à quelque chose de plus grand que nous. Les vibrations de tous les moteurs s'unissent pour former qu'un seul grondement. Les gens nous entendent arriver et se retourne. Tout à coup, tu as l'impression d'être le maitre du monde. Tu as l'impression d'être le roi et d'être assis sur un trône d'acier.

J'aurais aimé être porté par ce sentiment jusqu'à Rockland, pourtant plus j'avance vers mon chez-moi, plus j'ai cette espèce de pointe qui s'enfonce dans mon cœur. Il n'y a rien à faire. J'ai beau essayer de respirer l'air à plein poumon rien y fait. J'ai l'impression que ma cage thoracique se compresse au fur et à mesure que nous avalons les kilomètres vers Rockland. Je suis pourtant heureux de retrouver les filles et puis mes petits bouts. Je n'arrive pas à comprendre, je crois que cette fois-ci, je me mets à tourner carré.

La route passe à une allure folle. La Pres' a décidé de passer la seconde, je me doute qu'il doit être pressé de retrouver sa belle.

Très rapidement, nous arrivons à Rockland. Le panneau d'entrée de la ville est généralement un soulagement pour ma part, mais pas cette fois-ci. Le pincement que j'ai au cœur se resserre. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je manque presque d'air. J'essaie de calmer ma respiration et ce qui me sert de cerveau.