Chapitre 19

992 108 13
                                    

The Sound Of Silence - Simon & Garfunkel

Danaé

Un mur, une paroi, une cloison nous séparait, pourtant ce moment-là, je l'avais vécu, comme s'il était avec moi. Je sais que Health refuse qu'on le touche, mais mon Dieu ce que ce moment était magique. Nous ne nous étions pas touchés, néanmoins cet orgasme avait été l'un des meilleurs de ma vie. J'avais choisi de me faire du bien. De plus, j'avais pris un réel plaisir à le partager avec lui, une sensation que je n'avais jamais ressenti au par avant. Cette sensation était salvatrice, pour mon corps, pour mon âme. Elle venait aussi me prouver que mon corps était encore capable de me donner quelque chose de bon et d'agréable. Je ne l'aurais jamais cru et toutefois Health, M. FatBoy, avait réussi à me rendre cela. Je lui devais plus que la vie, et après ce soir, j'en étais encore plus consciente.

J'entends l'eau couler derrière la paroi, je sais que Health finit de se doucher. Il doit probablement faire disparaitre les dernières traces du plaisir que nous nous sommes donnés. Le silence est de mise maintenant.

Comme deux amants d'une nuit, après cette parenthèse, chacun retourne à ses démons. J'aurais tellement voulu que cela ne s'arrête jamais. Ce moment, notre moment, cette pause dans nos vies complètements noires.

Je vacille quelques secondes sur mes jambes, le temps de reprendre le fil cohérent de mes pensées, j'essaye de reprendre pied dans l'instant présent. Mon corps s'y oppose. De rage, je tourne le mitigeur et l'eau froide qui vient mordre ma peau, me réanime. Je m'emploie consciencieusement à finir de me doucher avant de me jeter dans mon lit.

Je suis épuisée, frigorifiée, l'orgasme que vient de me donner Health et les sensations qui l'accompagne ont eu raison de mon cerveau et de mon cœur. Je papillonne des yeux quelques secondes et je me retrouve projetée dans le royaume des rêves.

Quand je rouvre les yeux, le jour est en train de se lever. Je ne veux pas penser à ce qui s'est produit hier soir. Même si j'ai l'étrange sentiment que la tristesse s'est insinuée au plus profond de mon être. Je reprends la même routine que la veille. J'enfile ma tenue de running ainsi que mes baskets. Il est 8 h 00, j'essaie donc de faire le moins de bruit possible, puisque visiblement la fête d'hier a été plus que rude. Je referme la porte derrière moi. Je n'ai pas le temps de me retourner qu'une voix me fait sursauter.

- Alors Démon, on essaye de faire l'école buissonnière.

Quand je me retourne, j'aperçois un quarantenaire, taillé lui aussi comme un dieu avec un sourire suffisant accroché sur son visage. Ses yeux sont soulignés par de larges traces noires. Quand je prends le temps de le détailler, je remarque qu'il porte une tenue de sport.

Merde ! 

Visiblement, je vais avoir un chaperon. Je grimace, ce qui le fait sourire d'autant plus. Je grogne vainement pour essayer de montrer mon mécontentement, mais il ne bronche pas et son sourire ne fait que s'élargir.

- Si tu comptes te débarrasser de moi, c'est mort. Ordre du VP, je dois te surveiller.

Bien évidemment, Health est passé par là. Je ferme les yeux, le temps de prendre une grande inspiration, ce type me tape déjà sur le système. Tout à coup, je sens que son souffle vient s'échouer dans mon oreille.

- Non Démon, je ne suis pas un cauchemar, tu vas m'avoir toute la journée sur le dos.

Je rouvre les yeux, le fusillant du regard au passage. Sans rien dire, je traverse le StreetRide et j'entame mon jogging.

Si vous saviez comment il est pénible de courir avec quelqu'un surtout que Mr Démon reste derrière moi. Entendre le bruit de ses pas derrière moi, me perturbe, j'ai la sensation d'être épiée et suivie, et à nouveau mon cœur se sert. J'angoisse. J'ai cru qu'au bout de quelques kilomètres, il me lâcherait la grappe, mais non, c'est qu'il tient la forme. Après plus d'une heure trente de course effrénée, essayant de lui échapper nous arrivons enfin au StreetRide. Je me stoppe quelques secondes devant avant de rentrer et quand je me retourne, il est à nouveau derrière moi, un sourire étire son visage. Je grogne une nouvelle fois, il s'avance vers moi posant sa main sur mon épaule. Mes muscles se contractent quelques secondes, mais il ne relâche pas sa prise et quand je plonge dans son regard, j'y trouve une certaine tendresse avec une pointe d'espièglerie, qui le rendrait presque enfantin.

TOME 2 // Angels Of Hell : DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant