TOME 2 // Angels Of Hell : Demons

Chapitre 43

Kozmic Blues - Janis Joplin

Danaé

Une fois de plus c'est comme si le néant m'avait englouti. Il fait noir, il fait noir dans mon esprit, j'ai mal. Depuis que Health est parti, j'ai la sensation qu'un vide s'est créé dans mon cœur. Je n'arrive pas à gérer l'afflux d'émotions qui me percutent. Des millions de questions tournent dans ma tête. Une seule personne a les réponses, mon Jojo, mon fils, ma vie.

Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il a pu lui passer par la tête. Est-ce qu'il croyait que l'on ne l'aimait pas ? Est-ce qu'on a été si mauvais que cela ? Est-ce qu'il n'a pas compris qu'on l'aimait ?

Je ne comprends pas, je n'arrive pas à comprendre.

De temps en temps la douleur, me ramène un peu à la réalité, mais elle est trop dure, je ne peux pas l'affronter sans lui, sans eux. Health est parti à sa recherche, mais j'avais besoin de lui. Je continue de frotter, de frotter ce comptoir comme si c'était la seule chose qui pouvait m'aider à remplir ce vide.

Mes oreilles bourdonnent. Je n'entends plus les personnes qui m'entourent, je n'entends plus la musique. J'entends uniquement mon cœur qui se brise un peu plus à chaque fois qu'il bat alors que mon Jojo n'est pas là.

La seule chose qui me permet de ne pas m'effondrer c'est de frotter, frotter ce maudit bar, comme si cela pouvait enlever la peine que je ressens. Comme si, cela enlevait ma douleur, comme si cela pouvait effacer le fait que j'ai l'impression que l'on m'a arraché une partie de mon cœur.

Des voix lointaines me parviennent de temps en temps. J'ai l'impression qu'il y a de l'agitation, mais je n'arrive pas à me décoller de ce foutu bar. J'ai mal, j'ai mal aux doigts, je vois du sang s'écouler sur le plan de travail, je sais que c'est le mien. Je sais que le fer est en train de s'imprimer dans ma peau. Je le sens, mais c'est la seule chose qui me permette de ne pas m'effondrer. De résister de me laisser repartir dans un trou noir dont je ne suis pas certaine de revenir. Je sais que je dois avoir l'air d'une folle. En revanche, je ne peux pas m'arrêter, si je m'arrête la réalité vas me sauter à la tronche, la perte de mon petit bout va continuer de m'arracher le cœur. Je suis morte d'inquiétude, je suis pétrifiée de peur à l'idée de l'avoir perdu, mais si je m'arrête cela sera trop dur. Son absence me transpercera et la douleur deviendra insupportable.

Je suis complètement déconnectée de la réalité, seul compte ce foutu comptoir, il doit être propre. Je vois des taches de sang et j'y repasse dessus. J'essuie mon sang. Mon cœur s'emballe et j'ai du mal à retenir l'émotion qui me submerge. Elle est coincée dans ma poitrine, je sais que si je la laisse sortir plus rien n'aura de sens. Plus rien n'existera à part la colère, la peur et l'angoisse.

Ma respiration s'emballe à son tour et mes larmes coulent comme des torrents, je les vois tomber sur le sol du StreetRide. Je manque une respiration quand soudain je sens une pression sur mon corps. Je me débats.

Il faut qu'il me laisse finir, je dois finir ce que j'ai commencé.

Je tente encore de me débattre. Mon corps est pris de spasmes et tout d'un coup, c'est comme si le monde recommençait à tourner. Sa chaleur, son toucher hésitant, sa peau, sa cicatrice.

Mes paupières s'ouvrent subitement et je tombe nez à nez avec Health. La totalité de son corps et tendu, ses poings sont serrés dans mon dos. Son regard est noir pourtant, je croirais voir perler de l'inquiétude dans ses yeux. Je comprends alors qu'il n'a pas retrouvé son fils. Je pousse du plus fort que je peux sur mes bras pour m'éloigner de lui, quand il me relâche, c'est comme s'il m'avait dégoupillé, je ne retiens plus rien. Ni émotions, ni sensations, ni pleurs, ni cris.