Chapitre 13

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Believer - Imagine Dragon

Danaé

Je pourrais passer ma vie à jouer et rejouer cette chanson.Je m'en vais tellement loin au son de cette mélodie. De temps en temps, j'ai l'impression de renouer avec Clélia. Les souvenirs d'un passé qui me parait si lointain reviennent. Je renoue avec celle que j'étais. Les seuls souvenirs qui me reviennent sont des éclats de rire, des moments passés à trois avec Léa et Dash. Cette amitié était censée durer toute une vie.
Je me laisse tout d'un coup traverser par un flot d'émotions que je ne contrôle pas. Mon cœur se serre et manque un battement, quand l'image de Léa avec son sourire de peste s'impose. Ma respiration marque une pause, lorsque le visage de Dash s'imprime dans mon esprit. Le souvenir de nos derniers moments tous les trois se matérialise derrière mes paupières closes. Je serai capable de vous affirmer quel était l'odeur qui imprégnait la pièce, quel parfum porté Léa ou encore quelles expressions, je pouvais lire sur le visage de mes amis. Dans cette bulle que je me suis créée, je laisse mon esprit s'emplir de notre souvenir.

Nous sommes tous les trois chez Léa, une fois de plus son géniteur l'a envoyé se faire paitre, elle ne dit rien, mais nous savons Dash et moi qu'elle en souffre. Pour ma part, je viens de me faire plaquer pour la première fois. Après, ma mésaventure, je n'ai pas réfléchi. J'ai attrapé ma guitare et j'ai foncé chez Léa. Pas besoin de se parler, Léa me comprend et je la comprends. Nous nous faisons un câlin pour essayer de recoller tous les morceaux de nos cœurs brisés. Dash arrive ensuite et nous sert toutes les deux dans ses bras. Léa se redresse d'un bon et avec son éternel refrain nous fait relativiser. Elle plante son regard dans le nôtre et avec son sourire de peste, elle nous le chantonne.

- Vous savez quoi les gars, la vie est une pute, mais demain ça ira mieux.

Nous éclatons de rire et Léa se joint à nous. C'est tellement bon de sentir que l'on est ensemble. Sans un mot Dash me donne ma guitare et Léa m'offre une moue de petit chiot. Je ne résiste pas longtemps. J'entonne alors Sweet Jane. Nous reprenons en chœur, le refrain et nos éclats de rire viennent recouvrir la fin de la chanson.


La chaleur de se retrouver ensemble, l'amour inconditionnel qui nous liait et la famille que nous représentions. Est-ce des regrets, des regrets de ce temps que l'on m'a volé, peut-être ? Je suis bien incapable de dire si je regrette, pour le moment seule la colère me consume, une colère douloureuse et pernicieuse qui s'inscrit dans chacune de mes respirations. Ma voix se serre sur les dernières notes de la chanson. Je ravale péniblement un sanglot qui s'était coincé dans ma gorge. J'égrène les dernières notes de la chanson et un frisson me parcourt le dos. Je sais que je ne suis plus seule. Je ne veux pas faire face aux personnes qui m'observent en silence. Pour me rassurer, je me raccroche à la cérémonie que je m'impose depuis quelques nuits. Je repose doucement la guitare. Je pourrais m'en servir comme arme, mais je n'ai pas peur, je n'ai plus peur. Même s'il n'y a qu'un faible halo de lumière dans le StreetRide. Je continue la routine que je me suis instaurée, mes gestes sont souples malgré le fait que mes muscles se tendent petit à petit. Je réinstalle le tabouret à l'endroit exact où je l'ai trouvé. Je n'ai pas le choix, je dois relever les yeux, pour poursuivre mon chemin jusqu'à ma chambre.

Je tente un regard vers les escaliers qui mènent aux chambres et je me retrouve devant mon pire cauchemar. Ils sont là, tous les quatre. Le Président, le VP, le Sergent D'Armes et l'infirmier. Je déglutis bruyamment tentant de cacher les sentiments qui m'envahissent. J'avoue, je pensais que ça prendrait un peu plus de temps que ça avant que je me fasse gauler. Je ravale à nouveau bruyamment ma salive, ravalant l'acidité qui s'était emparé de ma bouche. Sans geste brusque, je recule d'un pas. Nous nous regardons en chien de faïence pendant quelques secondes, un silence s'étire entre nous. En même temps que dire, ils me prennent pour une traitre et une pute, je ne peux pas en attendre plus. Je déteste ce sentiment, mais je comprends aussi qu'ils veulent se protéger et protéger leur famille.

TOME 2 // Angels Of Hell : DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant