« Chacun vaut ce que valent les objectifs de son effort. »
Quartiers Nord-Est de la Cité Einstein, semaine de l'épreuve du Dôme
Les quartiers nord-est s'activent autour d'un unique sujet : la semaine de l'épreuve Liberalia qui débute. Les jeunes Hastatis deviendront ainsi des citoyens confirmés de la Cité Einstein, des Triariis. Cela validera leur droit de vote, la détermination du métier et des buts de la vie, l'accès aux enfants... Par-dessus tout pour la Cité, il s'agit de la confirmation du sens du rituel du Dôme Stare « Les Yeux du Futur ».
Toute Cité humaine de toute époque détint ses rites initiatiques, les habitants de la Cité y sont attachés. En ce début d'année, premier mois de l'année pour être précis, à partir du 17e jour de la mi-Martius, les rites domiens entrainent de nombreuses fêtes parmi la Cité. Même si le centre de la Cité n'est pas en reste, c'est surtout aux abords des forêts du Sud que les habitants se munissent de n'importe quelle raison pour chanter et danser.
Les habitants vont et viennent dans les larges allées qui bordent les appartements maisonnées sous la forme de cubes empilés et décalés de manière presque aléatoire. Certains parlent fortement, se récitent les règles de l'épreuve, en route ou de retour des marchés de la Mer de l'Est. D'autres encore comme les enfants jouent à imiter les hastatis qui entrent dans le Dôme pour en ressortir citoyens. Devenir Triattis constitue la fierté et le rêve de tous les enfants.
Si la majorité des habitations réhabilitées se font face, comme deux falaises d'appartements qui se rejoignent, les habitats des Bright ont la distinction des classes hautes aux vitres larges face aux horizons ouverts, de préférence les Mers pour ce peuple fasciné par le caractère des étendues d'eau.
Chez les Bright donc, un large escalier en miroir traverse le grand salon au sein duquel l'espace cuisine est ouvert. Les personnes en présence se répartissent dans l'espace, entre la table de séjour au centre de la pièce signé de ce grand tapis vert et le lieu de cuisine et des rangements repérable à l'unique mur peint, de couleur verte aussi évidemment. La pièce est lumineuse, entourée de vitres dont la lumière naturelle du soleil supernova se répercute sur les murs blancs et les nombreux miroirs.
La fratrie signe l'ambivalence du rapport à la lumière. Tandis que Noa aime cet éclat qu'il contemple à chaque occasion, les yeux face à l'étoile géante, Emilie s'en cache dès que possible et n'hésite pas à s'en plaindre en permanence. En cet instant même, Noa porte son visage à la lumière dont les néons s'éclatent sur les verres de ses lunettes asymétriques, pendant que sa sœur se camoufle le visage avec la capuche de son large sweat.
- En tout cas, je n'ai pas hâte d'avoir ces vestes ridicules, commente Emilie.
- Pourquoi ? rit Vasco, dont on sent la réplique qui s'approche : Elles ne vont pas avec ta coupe millimétrée ou la couleur si discrète de tes cheveux ?
Emilie lui envoie en réponse son sourire sarcastique, bien à elle, tout en prenant soin de recoiffer ses cheveux bleus emmêlés à l'aide de son épingle papillon.
- Elle n'irait pas avec mon shorty... lui rétorque-t-elle. Toi t'es grand, mais imagine-moi avec ça sur le dos, on croirait une de ces vieilles toges que vous aurez ce soir...
- C'est clair, reprend la tante Francine visiblement tout aussi piquante. Alors que ton sweat trois tailles au-dessus, lui, est tellement ajusté pour ton shorty !
- Tiens ! ajoute Vasco.
Il pose une pièce de monnaie sur la table pour la narguer.
- Tu pourras t'acheter quelques centimètres de plus !
Elle le fixe dans les yeux, les sourcils froncés, l'air faussement vexé :
- Hahaha, c'est là que je dois faire semblant de rire ou j'attends de voir ta tête ce soir à l'épreuve du Dôme ?
- Mais, par les probabilités, tu as essayé de faire une blague ? C'est bien, tu vois, tu grandis déjà !
Vasco répond sans se laisser faire. Noa, plus encore que les autres, a l'habitude de les voir ainsi prendre plaisir à se déchirer. Emilie lui rend sa pièce et lui dit d'un ton osé :
- Garde là, en parlant de centimètres à ajouter tu pourrais en avoir besoin...
Ils éclatent tous de rire, chacun à sa façon. San-Suu est discrète et distinguée quand Emilie est spontanée et directe. Noa lui est introverti, d'un sourire discret, lorsque Vasco est démonstratif et bruyant. Karl reste empathique en toutes circonstances, envers tout le monde, alors que Francine ne masque en rien son expression ironique proche de la moquerie.
L'oncle Karl saisit l'occasion pour rappeler son désaccord avec les propos visant à déroger aux règles fondatrices de la Cité :
- En ce qui concerne le fait que les participants de ce soir dévoileraient ce qu'ils verront, n'y comptez pas un instant. Les legis sont claires Emilie, il faut parfois revenir ici-bas et éloigner ta tête des deux lunes.
- Les lois sont des règles et des accords fixés entre les membres, si nous sommes tous d'accord pour y contrevenir... dit doucement mais avec conviction San-Suu.
- J'aime bien comment elle raisonne cette petite, tu vois Karl, commente la tante. Prends un peu son exemple et exerce-toi auprès de tes amis du Sénat !
- Ouais, c'est ma copine ! ajoute Emilie, voyant visiblement les affects comme une forme d'argument d'autorité.
- Toutes les règles ne sont pas que des représentations individuelles Francine, ou de simples accords à un temps « T » San-Suu.
- Pour cela oncle Karl, il faudrait savoir d'où viennent ces règles, exprime Noa accompagné de ses blocs-notes et crayons.
- Peu importe, si elles sont là c'est qu'il y a une bonne raison ! répond Vasco en rangeant sa partie de la table, dont il ne reste plus rien à manger.
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NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)
FantasyLivre récompensé aux Watt'Cheers22 (Fantastique) et Concours des Futurs Ecrivains 2022 (Fantasy) ! Saison 1 : L'Epreuve du Dôme. Edité par ©2PO Science & Fiction, livres accessibles sur Amazon (Kindle & format Livres) : https://www.amazon.fr/s?i=str...