NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)

EPISODE 4 : A celles et ceux qui deviennent qui ils sont (4/4)

« Tu n'es, rappelle-toi, que l'acteur d'une pièce réglée par le metteur en scène. »

A proximité de l'allée des Solis de l'Agora, quartiers des nouvelles habitations de la Cité Einstein, zone centre sud-ouest, semaine de Liberalia de l'épreuve du Dôme :

Le groupe des hastatis longe les murs de l'immense Agora dans laquelle bien souvent des festivités sont organisées, et pour égayer les murs, des colorations ou des projections vitrées tournent en boucle.

Tout en marchant, Vasco se reprend en appuyant avec émotion sur son bras :

- C'est mon jour, je vais prouver à tout le monde les valeurs d'un vrai citoyen ! A la vie, à la mort, fidélité à la Cité.

- Je te donnerais volontiers ma place, s'il était possible d'être doublement citoyen ! mesure Martin.

L'épreuve le stresse tellement qu'il en tremble des mains. Les cheveux noir frisés qui entourent son visage doux se redressent presque à la simple évocation de l'examen du Dôme.

- Moi je suis tellement impatiente ! crie Emilie en tirant sur son sweat. Vous avez trop de chance, vous ne vous rendez pas compte !

- Qu'est-ce qui te rend si impatiente exactement ? demande Martin.

- C'est trop génial de voir son avenir !

- Certes, mais qu'aimerais-tu y voir par exemple ? insiste-t-il.

- La décoloration à venir de ses cheveux, se marre Vasco.

- Hilarant mon grand, reprend Emilie. C'est clair que c'est pas ta tête qui se colore.

- Attends, c'est censé être une vanne ?

Elle lui tire la langue en insistant volontairement, de ses grands yeux, sur l'aspect immature de l'échange.

- Ah oui ! s'étonne Vasco. Je suis tellement humilié dans ce cas, tu m'as séché sur place !

L'immense jeune homme s'exprime avec de grands gestes. Noa et San-Suu les regardent se chamailler, comme de coutume, toujours d'une manière si discrète qu'ils sont entendables jusqu'à l'autre bout de l'allée.

- J'aimerais voir Suu réussir ! Devenir une puissante Sénatrice, même une des trois consules je suis sûr !

San-Suu rougit.

- Je suis flattée Emilie, mais tu me connais, je ne pense pas que j'ai les compétences pour un tel poste...

- Si je le vois, tu le seras ! C'est l'intérêt du Dôme.

- Ça me fait peur ce genre de phrases. J'espère ne rien voir de tel l'année prochaine... c'est comme si on me privait de ma liberté.

Apparemment, personne ne s'attendait à une telle réaction. Tous les amis connaissent le manque de confiance en soi de San-Suu, mais ils en découvrent chaque jour les implications réelles depuis un an.

Surtout, mêlée à son intelligence, la faible estime tourne à des considérations philosophiques générales dont il est délicat de répondre. Il n'est pas aisé d'être au niveau de réflexion de la jeune femme, même lorsque celle-ci aborde un sujet pour la première fois.

Sous l'effet du stress et du regard de tous, elles tricotte ses longues mèches de cheveux châtains qui tombent sur sa veste de costume. Elle les ramène en arrière, sur les oreilles, et laisse apparaitre les vibrants éclats de ses yeux.