NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)

EPISODE 6 : A celles et ceux qui saisissent le Manuel de leur Liberté (3/3)

« Applique-toi donc à ce que tu peux. »

Place du Dôme, quartiers centraux de la Cité Einstein, zone centre sud-ouest, semaine de Liberalia :

Plus à l'ouest, les étendues de terres agricoles externes laissent voir un temps dégagé. Alors que le ciel de la Cité est peint de son vert habituel parfait, au loin les hauteurs sont couvertes, grisées, comme ce que Noa observe depuis sa chambre au-dessus des mers.

Il note, dessine, recadre ses lunettes pour bien voir. On dirait des filets d'eau qui tombent du ciel. Quelle drôle d'idée n'est-ce pas ? Une sorte de rivière inversée depuis l'éther.

Tout en continuant d'échanger, ils arrivent enfin sur la place du Dôme. Pour signaler ce vaste espace ouvert, une magnifique statue taillée, et non un coutumier hologramme, se dresse face au groupe.

- C'est de la pierre ? demande Emilie.

- On dirait oui, répond San-Suu.

- C'est toujours aussi impressionnant, commente Martin.

Vasco dévisage la statue, se gratte le menton.

- C'est elle, n'est-ce pas ?

- Tu ne l'avais vraiment jamais vu Vas ? s'interroge Emilie.

- Je ne sais plus, ou bien je n'y ai pas prêté attention. C'est joli oui, évidemment, mais je n'avais pas fait le lien avec Avenzoar... pourtant elle lui ressemble.

Il continue de regarder la statue en question, puis recule et dit tout haut :

- Avoir sa petite sœur en statue comme ça, que tout le monde peut voir, qui te confronte à chaque fois que tu passes dans le coin... ça doit être éprouvant.

Martin et Noa se regardent, adressent un coin de leurs yeux vers San-Suu et Emilie, puis se font de nouveau face et baissant leurs regards.

- Je n'imagine même pas, dit le premier en refermant sa veste pour masquer son ventre qui déborde légèrement.

- Idem, confirme le second en se frottant les yeux cachés derrière les lunettes.

Les deux filles ne disent mots. Elles ressentent aussi les émotions provoquées par l'évocation d'une fratrie brisée mise à la vue de tous. Vasco se retourne vers ses amis, voit leurs visages et comprend l'impact de ses mots.

- Oui, se dit Vasco en baissant les yeux à son tour, je comprends mieux pourquoi Zo déteste le Dôme.

Il recule pour effectuer avec ses amis le geste de la solidarité, la main droite qui glisse sous la main gauche afin de dessiner un dôme.

- Moi, je comprends mieux pourquoi elle se teint les cheveux en rouge.

A ces mots, ils éclatent tous de rire sauf Emilie qui visiblement était sérieuse. Puis, contaminée par le fou-rire général, elle s'esclaffe à son tour.

- Vous pensez qu'elle sera là, à l'épreuve ? interroge San-Suu.

- C'est certain, répond Noa.

- Oh oui, appuie Martin. Elle s'est entrainée avec énormément de détermination. Hormis Vas, personne d'autre ne semble si attaché au fait de devenir citoyen.

- Tu oublies Gas quand même là, corrige Noa.

- Ah oui, effectivement. Alors, à part Vasco et Gaspard, Avenzoar est certainement la plus opiniâtre quant au fait d'être des Triarris.