EPISODE 3 : A celles et ceux dont le scénario semble écrit (1)

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« L'inévitable dette est suspendue sur toi. »


Quartiers Nord-Est de la Cité Einstein, semaine de l'épreuve du Dôme

Les cheveux longs dégradés couleur châtain, elle est toujours aussi soigneuse de son physique, ni vulgaire ni austère. Elle a une chemise claire, une jupe en galaxie, noire et blanche et une veste sombre de costume qui la recouvre en partie. Ses yeux aux éclats foncés comme de brillants minerais appuient son regard déterminé qui tranche avec son visage doux.

A peine arrivée, elle pose sur la table une pile de tracts en opposition aux décisions sociales prises récemment, une pile que Vasco fait mine de pousser et qu'il commente :

- T'en as pas assez de t'opposer tout le temps à tout Suu ? Comment peux-tu savoir, toi, mieux que nos algorithmes ce qui serait bon à faire ?

- Excellente remarque Vasco ! soutient l'oncle Karl. La science ne se discute pas San-Suu.

- Je ne discute pas de la science, mais de la manière dont les assemblées la suivent.

- Que pense Martin de ces tracts-là ? rétorque Vasco.

- Sûrement en désaccord, répond Karl.

- Mesuré comme il l'est... s'amuse Emilie.

- Mesuré ? s'étonne San-Suu, c'est un euphémisme. Mon frère est tellement neutre qu'il n'oserait rien dire par peur de prendre position sur sa propre position, soupire-t-elle en jetant un œil intéressé vers Noa.

- Laissez-là ! Elle a le droit d'exprimer ses opinions après tout...

La tante Francine donne l'impression à San-Suu de l'appuyer, une impression qui s'évapore aussitôt avec l'ajout sarcastique :

- Après ton service de citoyenneté ma pauvre San-Suu et l'épreuve du Dôme, tu n'auras surement plus l'occasion de croire en tes idéaux.

- Ne fais pas attention à eux ! lui sourit Emilie. Vous n'êtes que des rabat-joie, moi je crois en toi !

- Moi aussi, je crois en toi Suu, exprime posément Noa.

Son sourire est rempli de gentillesse, ses yeux toujours aussi pensifs derrière ses lunettes ronde et carré. Les fossettes qui creusent ses joues font rougir San-Suu. Dans un fou rire, Vasco mime un geste sexuel envers Noa.

- Vasco, attention à tes propos sous mon toit s'il te plaît, dit l'oncle. Tu connais ma règle sur le respect dû à chacun.

La tante Francine se tient derrière et réalise une imitation irrésistible de l'oncle Karl qui exige le respect.

- Bien sûr Karl, affirme en riant Vasco.

- Et ton père mon gars ? En ce grand jour de ta majorité, il t'emmène au Dôme ? Dix-sept ans, ce n'est pas rien.

- A cette heure, il doit être encore ivre quelque part dans les étals.

- Difficile de repérer le porc de l'humain quand il s'agit de ton père, rétorque la jeune fille à ses côtés.

- Emilie ! qu'ai-je dit à propos du respect.

- Karl, je suis d'accord avec elle cette fois-ci, reprend la tante Francine en terminant son café. Tu le sais aussi d'ailleurs, sinon il ne dormirait pas un jour sur deux ici depuis... je peine même à me souvenir tant ça remonte.

- Vasco est comme de la famille !

Emilie le prend dans ses bras... enfin, elle tente difficilement de faire le tour de son buste. Elle n'oublie évidemment pas de regarder de près ce tatouage de cercle de fidélité sur le bras de Vasco qu'elle aime tant.

NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant