EPISODE 5 : A celles et ceux qui craignent la Mort (3)

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« Notre salut et notre perte sont en dedans de nous-mêmes. »


Taverne de Parfuma, rue de la Cultura, quartiers centraux de la Cité Einstein, zone centre sud-ouest, semaine de Liberalia de l'épreuve du Dôme :

- Fini ! Ah, ça fait du bien de manger, s'exprime sans retenue Emilie.

Les enfants autour regardent la jeune femme aux cheveux bleus avec autant de fascination que de frayeur, comme si elle allait les manger aussi. Aucun doute qu'ils voient pour la première fois un phénomène tel qu'Emilie Bright !

Lorsqu'il s'agit d'Emilie, Vasco ne peut se retenir d'une remarque :

- De toute façon, Parfuma n'a surement plus rien en cuisine avec tout ce que tu as englouti !

- Attends, c'est toi qui dis ça ? lui rétorque San-Suu.

- Oui, regarde ton frère, ce pauvre Martin doit se contenter des miettes !

- Laisse-là tranquille Vas, répond le jeune homme. Même si je ne dis jamais non à quelques pâtisseries, j'ai le ventre noué rien qu'à l'idée de l'épreuve.

- Ou bien... une certaine Bacchusa n'est pas loin... commente sans équivoque sa sœur.

- Pareil, approuve Vasco. Je fais attention en ce moment. En plus, j'ai peu de temps pour mes exercices je prends du gras.

- Ça va, y a de la marge, t'es une armoire ! rit Noa.

- Heu attends... s'amuse Emilie, tu fais attention là ?

- Oui, enfin plus ou moins, le loukoum est mon péché mignon. Disons qu'il fait exception.

La joie des membres du groupe est palpable, ils sont heureux de se retrouver ici, ensemble. Ces Hastatis ne sont pas que de simples amis, ils correspondent à ce que nous pourrions attendre d'une famille affective, protectrice, un dôme dans le dôme.

Ils poursuivent leurs échanges jusqu'à ce que San-Suu remarque l'heure. En se dirigeant vers la sortie, ils passent devant Bacchusa qui leurs adresse un magnifique sourire, particulièrement expressif en direction de Martin qui rougit et répond timidement...

Ceci lui vaut un commentaire de Vasco : « C'est le moment de goûter une fleur de Bacc l'ami ? » tout en adressant un clin d'œil à Bacc qui l'a entendu.


Tandis que les amis sortent un par un, Noa, dernier du groupe, est interpellé par Bill le serveur. Il lui saisit le bras pour le tirer vers lui. Il s'approche et lui murmure dans l'oreille, exposant Noa à la forte odeur de lavande :

- C'est le jour mon garçon. La cheffe m'a dit de te transmettre ça.

Il lui glisse dans la poche un petit rouleau de parchemin.

- Tu ne devras l'ouvrir qu'au moment de l'épreuve et le comprendre réellement que lorsque tu seras prêt.

- Prêt ? comment cela ? Prêt à quoi, à l'épreuve, à prendre ma décision ?

- Tu le sauras le moment venu.

- Parfuma sait ce que je vais voir ?

- Personne ne sait ça.

Noa regarde en direction des cuisines et y voit le seul œil non recouvert de la vieille femme, un regard perçant, intense. Parfuma passe sa main sur le ventre et Noa agit par mimétisme.

Il observe le mouvement de sa main et comprend qu'elle évoque le trou dans son ventre. A ce moment, elle accompagne le mouvement d'un large sourire, confirmant l'intuition du jeune homme aux cheveux éparpillés.

- La cheffe me fait te dire que nous aimions ton père. Le petit NOw-A qui devient grand.

- Mon père ? Comment cela ? Oncle Karl ?

- Un oncle est-il un père ? Bien sûr bien sûr, dit-il en réfléchissant, par bien des aspects, mais pas en d'autres. Parfuma me rappelle souvent ce que Julius Bright a fait pour nous. Elle parle toujours de tellement de choses, je ne sais pas comment elle fait.

- Ju... Bright ? Noa voit ses pensées s'agiter et se perdre, dites-m'en plus !

- Tout est ici mon garçon.

Le vieux Bill lève les yeux vers les inscriptions à l'encre au-dessus de l'entrée principale : « Decernere, agere, ridere ».

- Décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux mon petit, enfin mon grand.

A ces mots, Bill ferme la porte de la Taverne et Noa se retrouve sidéré face à l'établissement dans une rue de la Cultura mal éclairée aux chaleureuses lanternes.

Emilie, Vasco, Martin et San-Suu lui demandent immédiatement s'il va bien et ce qui s'est passé. Ils constatent tous sur son visage qu'il vient de vivre quelque chose d'inhabituelle. Mais, au fond, c'est Bill et c'est Parfuma Cultura, tout y est tellement étrange.

Il est pris dans le tourbillon des échanges, de la bonne humeur et du stress qui monte devant l'épreuve qui approche. 

Noa se rend bien compte que ce n'est pas le moment d'en dire plus ni de retourner dans la Taverne. Toutefois il peut consigner ce qui vient de se passer dans ses notes.

NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant