EPISODE 15 : A celles et ceux qui dans le Futur meurent Aujourd'hui (2)

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"Qui vit en paix avec lui-même vit en paix avec l'univers."


Sénat, Agora, quartiers centraux de la Cité Einstein, semaine de Liberalia :

"Allez No, balance tout et on rentre à la maison. Je sais que tu es innocent !" se narre Emilie en imaginant que ses pensées se transmettent jusqu'à son frère jusqu'en bas de l'amphithéâtre.

Derrière ses lunettes asymétriques désormais tentées, remaniées pour lui permettre une vue par sonar, Noa contemple l'Assemblée majestueuse. Les discussions enflammées des sénateurs pour cette Commission d'enquête provoquent une résonance des ondes que son IA capte et lui traduit. Il perçoit les lieux comme la luminosité douce d'une ville active de nuit vue depuis le ciel.

L'Amphithéâtre est sublime, bordé de nombreuses sculptures aux formes étranges. Si de l'extérieur l'Agora ressemble à l'une de ces pièces Gaudiennes qui décorent aussi l'entrée du Dôme et du Parlement, l'intérieur est plus de l'ordre du songe.

Il y a des animaux aux pattes fines et géantes, portant des formes géométriques, des papillons qui réfléchissent ici et là dans des espaces en plusieurs dimensions.

Sur la partie ouest, des formes humanoïdes apparaissent, avec des corps de femmes mêlés à des animaux et du mobilier. Noa se fascine pour les corps dont des tiroirs vides leurs sortent des ventres pendant que des bras tendus couverts d'insectes indiquent la direction des ponts qui bordent les parties nord et est de la Cité.

Jamais Noa n'avait vu un tel spectacle, surtout ressenti par l'I-R d'images sensorielles lumineuses par ondes qui se propagent.

Enfin, le garçon suit en hauteur une sublime projection lumineuse qui traverse le faux ciel qu'il ne distingue hélas pas mais qu'il remarque en forme de Dôme. Ce qui plaît tant à l'Hastatis au-dessus de lui est cette statue démesurément grande, prenant l'entièreté du mur. Il y perçoit une fresque titanesque composée une nouvelle fois d'étranges humains qui tendent les mains.

Cette fois, les mains ne pointent pas les ponts, mais se dirigent vers d'autres sculptures, celles de grands objets dans le ciel. Il s'agit des mêmes objets de navettes projetées dans l'Horloge qui habille l'entrée de l'Agora et le cœur de la Cité Einstein.

Sur la fresque, l'un des hommes tient fièrement un Manuel qu'il tend à une femme qui le refuse. Derrière eux s'étend un animal menaçant, une sorte d'ombre qui les enveloppe. Noa estime qu'il s'agit certainement d'une histoire contée. Néanmoins, le jeune homme en ignore la signification, comme la majorité des habitants qui se fie essentiellement aux bandes de stockages des IA.

- Noa, murmure la voix de l'oncle Karl. Noa, vas-y, il faut parler, soutient comme le peut l'oncle, ce qui fait réagir le garçon.

Il tient la pièce entre ses doigts, « Memento Mori ». Il se concentre sur sa respiration et l'odeur de lavande et laisse revenir à lui les souvenirs.

- J'ai vu une forme humaine d'une couleur inhabituelle, ni blanche ni bleue...

- Une personne, avec une couleur ? relance la Consul Monty. Un avatar plutôt, non ? De quelle couleur pensez-vous l'avoir vue ?

- Une couleur ocre, dit-il avec hésitation. Comme celle des pierres de l'ouest sur le marché une fois la période des céréales ramassés.

- Très bien, nous notons, comprend-elle. Et cette forme, alors, que s'est-il passé avec elle ?

- Elle... Elle m'a dit...

- Oui, que vous a-t-elle dit ? tente-t-elle d'activer.

- Elle m'a dit... "Dans quatorze ans, tu meurs aujourd'hui".

NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant