NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)

EPISODE 13 : A celles et ceux qui se réveillent enfin (4/4)

« C'est le fait d'un homme non formé que d'accuser les autres des malheurs dont il est lui-même l'auteur... »

Centre hospitalier, quartiers centraux de la Cité Einstein, semaine de Liberalia :

- Bonjour, Madame Bright née du Chatelet 2-V-182, énonce une voix quelque peu artificielle.

- Heu, c'est quoi ça No ? s'étonne la jeune fille à côté du groupe qui vient de revenir au centre de la pièce.

- Ah pardon, je te présente J.B., mon I.A.

Dans l'incompréhension, le groupe se regarde et se sourit.

"Du Noa" pensent-ils de concert.

L'ingénieur s'installe à côté, satisfait d'avoir terminé le process et validant simplement la mise à jour.

- Et tu lui as donné un nom à ce truc qui parle comme les collègues d'oncle Karl ? Une phrase de la fille aux cheveux bleus qui soulèvent les sourcils de l'ingénieur H. Sheldon.

- Et moi, le logiciel ne m'a pas salué par contre ? soulève Vasco visiblement vexé d'être ignoré par une IA.

- Je ne suis programmé que pour le respect dû à la famille Bright, explique froidement l'IA.

- D'accord, je comprends... donc maintenant, même les softwares ne nous respectent plus, se ferme Vasco, c'est parfait.

- Oui, J.B. est... spécial, prévient Noa.

- Tu voudrais qu'il t'appelle aussi comme un sénateur ? s'esclaffe la sœur.

- Au moins, il t'appelle, répond le grand Hastatis.

- C'est rien Vas, le rassure Martin. Je suis là depuis tout à l'heure et il ne m'a pas salué non plus.

- Je crois qu'on dit « une » IA non ? intervient San-Suu, toujours aussi précise.

- Mais quelle importance ? proteste Vasco.

- C'est clair, approuve Norwell.

La sœur revient près de son frère lorsque l'ingénieur s'immisce également à ses côtés.

- Ne me prêtez pas attention, dit le jeune ingénieur. J'effectue simplement les derniers ajustements de mise à jour.

- Oui... mais parce que... se montre perdue la jeune femme, en fait, vous êtes qui ?

- Je suis Henry Sheldon, le psychologicien de l'Hastatis Bright. Nous nous sommes rencontrés ici même il y a un instant.

- Oh c'est possible, vous vous ressemblez tous avec vos petites vestes ! rétorque-t-elle sans complexe.

- Dans les yeux d'Hastatis, j'imagine bien ! sourit-il, avant de compléter d'un ton moqueur : Nos vestes sont peut-être petites, mais vous n'êtes pas obligés d'échanger vos sweats non plus...

Le jeune ingénieur ne manque pas de se défendre avec cynisme face à Emilie. Elle regarde Vasco et constate qu'effectivement son habit qui lui déborde sur les jambes pourrait sans problème convenir à son grand ami.

- Il n'a pas tort, approuve Martin.

- Tu t'es fait rembarrer par un ingénieur, se moque Norwell.

Emilie cherche du réconfort autour d'elle, en vain, jusqu'à forcer une grimace auprès de sa tante, supérieure du psychologicien.

- Tu l'as cherché, ma grande, et Henry n'est pas le dernier à répondre ici. Tu es mal tombée !

- Mais sinon, intervient le plus grand de la pièce, êtes-vous toujours obligé de préciser que nous sommes Hastatis ? s'agace Vasco face aux larges baies vitrées du Centre. Notre prénom suffit bien pour nous repérer...

Chacun à son façon envoie un soutien à Vasco.

- Le pire, fredonne San-Suu à Emilie, c'est que techniquement il n'est même plus Hastatis...

- Ah mais oui... prend-elle conscience, avec désolation.

- Lorsque les choses reviendront à la normale, il sera officiellement... la jeune femme touche son collier avec émotion avant de finir sa phrase... un des Caligulas.

- Voilà, tout est prêt, indique Henry Sheldon. Je vous positionne vos lunettes qui ont seulement un léger ajustement sur les tempes et une teinte noire pour vous couvrir au mieux les yeux.

Il positionne les éléments et active l'IA du brasseport.

- Quand vous êtes prêts monsieur Bright, vous n'aurez qu'à ouvrir les yeux et demandez à votre IA de passer en vue par "I-Résonnance".

- Je suis prêt, J.B., activez la vue I-R je vous prie.

- Bien sur Monsieur, voici l'activation.

- Ça va encore nous cacher tes yeux derrière une forme d'écran, se désole San-Suu. J'aime beaucoup ton regard moi.

- Suu, tu le fais exprès ou quoi là ? s'emporte Vasco.

- Je ne comprends p... La jeune femme avec sa veste élégante par-dessus une robe ajustée se prend le visage dans les mains... je suis désolé, No ! Je voulais juste dire, enfin...

Noa ne dit rien, il tourne la tête dans tous les sens, calmement, comme s'il cherchait seul son chemin dans un territoire inconnu.

- No ? demande Emilie.

- Et mon frère, ça va là-dedans ? questionne à son tour Vasco.

Noa ne réagit toujours pas. La tante regarde l'ingénieur Sheldon pour s'assurer que tout aille bien, ce qui lui est confirmé d'un geste après une rapide vérification sur l'écran holographique central.

- Ah oui, mais on ne voit même plus ses yeux, n'apprécie guère San-Suu. Qu'est-ce que c'est que cet appareil ?

- Il s'agit de IA-Glass, connectée à l'IA du brasseport.

- L'IA du brasseport se nomme J.B., pour information répétée, précise le 8 incliné depuis le bracelet.

- Oui, enfin, connectée à J.B., se reprend l'ingénieur avec un sentiment d'étrangeté. Le bracelet détecte les mouvements par un système sonar que l'IA transforme en repère géospatial pour le porteur, en l'occurrence Monsieur Bright.

- Donc, il voit... conclut Martin.

- Oui, enfin, à son façon, calme H. Sheldon.

- Je vous remercie Dr Sheldon, dit respectueusement la tante Francine. J'avais vu les tests, mais je n'avais pas suivi les évaluations expérimentales confirmatoires. Vous avez donc mené un travail de grande qualité.

- Tu vois vraiment quelque chose avec des lunettes comme ça ? s'étonne Emilie.

- C'est très étrange, répond pour la première fois Noa, mais oui.