NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)

EPISODE 16 : A celles et ceux pour qui apparaissent les Choses (2)

"On ne perd d'autre existence que celle qu'on vit... et on ne vit que celle qu'on perd."

Allée des Solis, quartiers centraux de la Cité Einstein, semaine de Liberalia :

Devant le terrible spectacle, le groupe est paralysé. Darius l'est tout autant, à genoux dans l'eau et la poussière, les mains brûlées à essayer vainement de libérer son ami Ash-2 déjà mort sous les pierres massives de l'horloge. Le Pr Maxwell vient l'aider, en lui couvrant les mains d'une partie de sa toge.

Devant le groupe, sur la place centrale de l'allée des Solis, la fontaine des "vents contraires" s'arrête de couler. Il fait incroyablement chaud, lourd et lumineux. Même la couleur du ciel a changé, une couleur jugée étrange pour un ciel.

- Les amis ? dit Vasco. Pourquoi le ciel est bleu comme les horribles cheveux de Mimi ?

Personne ne répond, même pas la principale visée d'ordinaire si prompt à réagir. Des milliers de parasols recouvrent l'eau éparpillée au sol, ces objets qui donnent son nom à cette magnifique allée. Enfin, de ce qu'elle avait encore hier de tellement magique.

Un nouveau bruit éclate depuis l'Agora qui ne tarde pas à s'effondrer complétement, dans un vacarme assourdissant qui recouvre en partie les hurlements des personnes écrasées.

- Oncle Karl... émettent ensemble les jeunes.

- Ils l'ont surement sorti à temps, rassure sans y croire Thomas Petra. Les Consuls connaissent tous les recoins du bâtiment, tente-t-il de convaincre les jeunes qui se regardent avec tristesse et désespoir.

Emilie est dans les bras de Vasco qui porte Noa sur son dos, et San-Suu dans ceux de son frère Martin, ou peut-être est-ce l'inverse. La bouche ouverte, les yeux blancs, l'esprit sidéré, ils ne peuvent décrocher leur attention du spectacle. Un hurlement jaillit d'hommes proches du groupe. Les images sont saisissantes, hors normes, donnant l'impression aux jeunes d'être passés dans une autre réalité.

Maxwell est en sang, le haut du corps et particulièrement le visage couvert des éclats issus de l'écroulement. L'aide s'est retournée, Darius appelant autour de lui pour qu'on aide le père de Norwell qui semble profondément souffrir en touchant ses joues dont des morceaux en ressortent largement.

Du sang, des parasols, des gravats, de la poussière, de l'eau... où sont donc passées les couleurs et les jeux d'il y a seulement une rotation terrestre ? Comment la Supernova peut-elle accepter d'illuminer un spectacle si terrible ? Les étoiles n'ont-elles pas le respect de la discrétion des souffrances humaines ?

- On... on ne fait... rien ? commente passivement Vasco.

- Que voulez-vous faire ? répond avec désolation le Principes. Vous n'êtes pas préparés à ça.

- On est d'accord que ça n'a rien à voir avec la nuit des deux pleines lunes dont parlait l'oncle Karl ? questionne pour se rassurer Emilie, ne trouvant autre chose à dire.

Une fois encore, personne n'ose répondre. Pire encore, en regardant le bâtiment en morceaux, ils tremblent de peur pour l'oncle en question.

- Il faut absolument s'éloigner du Centre ! prend en main Thomas Petra. Vous ne me quittez sous aucun prétexte, me suis-je bien fait comprendre vous deux ? Même si vous avez un nouveau message lumineux qui vous fait penser que vous avez trouvé votre destin, vous lui adressez une belle insulte et vous me collez le derrière.

Ils approuvent la remarque avec un sourire gêné. San-Suu notamment n'apprécie pas le langage vulgaire, elle si distinguée.

- Moi, je ne quitte pas Noa, exprime Vasco. C'est mon frère, je le protège, pas besoin de vous.