NOA et la Cité Einstein [Watt'Cheers... ss contrat édition] (Saison 1)

EPISODE 13 : A celles et ceux qui se réveillent enfin (1)

« Cherchons nos biens nous-mêmes. »

Centre Hospitalier des quartiers centraux de la Cité Einstein, semaine de Liberalia :

Sur les surfaces de bois blanc du grand immeuble allongé, la lumière de l'étoile solaire supernova se lève. A l'aurore, le ciel de la Cité Einstein est encore jaune orangé avant de se retirer pour un vert pomme, doux et chaleureux. Les deux lunes demeurent visibles au large par-delà les mers, mais elles se fondent parfois à la surface vaporeuse de l'eau dans laquelle se mêlent les nuages de l'horizon.

Le centre hospitalier est en ébullition comme jamais. D'ordinaire, les analyses prédictives des Intelligences Artificielles anticipent les périodes de risque, donc de suractivité possible, et par probabilités régulent les intensités de travail.

Aujourd'hui, on croirait que rien n'a pu être calculé. Les IA garantissent une fiabilité à .01, soit un minimum de 99% de prévisibilité. Dans cette niche d'un pourcent réside aujourd'hui une quantité inhabituelle de patients. Le Professeur émérite Parkinson est lui-même stupéfait par la surpopulation. Grand, fin, allongé, avec la barbe et la coupe de cheveux courtes et claires, le Pr Parkinson est le responsable du Centre Hospitalier de la Cité.

Il est calme, expérimenté, et selon certains tout aussi prévisible que ses IA. D'aucuns s'amusent d'ailleurs à imiter ses tiques faciaux et de langage. Il ne s'agit pas d'imitations moqueuses et puériles, non, puisque ces repères sécurisent quiconque les connaît.

Le Professeur se pince la bouche et remue la tête quand il approuve une réflexion. Inversement, il ferme un œil et penche le visage quand il désapprouve. Il répète inlassablement "en ce qui concerne" et "mmm" en début et fin de phrase, permettant à l'interlocuteur de comprendre le rythme de la pensée du médecin.

- Aussi, quand la Consul Monty vient me rendre visite, je l'accueille.

- Professeur, appelez-moi Hally depuis tout ce temps.

- Je ne m'y ferai jamais à ce prénom.

- Vous préfériez sérieusement Glaucon Monty ?

- Je suis un vieil homme, chère Consul. Il est logique qu'un ancien emballage comme moi utilise un ancien système, pardonnez-moi. D'autant que j'aimais Gl-0-Con.

- Je vous sais aussi à la pointe, Professeur. Mettez à jour votre logiciel.

Les deux amis rient avec mesure et sincérité.

- Dîtes-moi alors, Hally, demande le Pr Parkinson de ses yeux vifs, pourquoi la Consul de la Cité vient-elle précisément aujourd'hui me rendre visite ?

Comme pour anticiper les faux-semblants politiques éventuels, il ajoute immédiatement en continuant de marcher un verre d'eau à la main :

- Bien entendu, en ce qui concerne votre visite vous allez me dire qu'elle n'a aucun rapport avec le désordre inhabituel dans mon service.

- Je ne vous ferai pas cet affront Pr Parkinson, je vous respecte trop. Toutefois, ne m'interrogez pas à ce sujet en public, je serai forcée de vous mentir et je n'apprécie pas cela.

- Mmm... je comprends. Nous sommes d'accord donc.

- Je suis honnêtement venue voir comment vous gériez la crise et suis ici pour en parler ouvertement avec vous.

- En ce qui concerne la crise, oui... mmm, rumine-t-il en regardant le Centre s'activer dans tous les sens. Même pour une semaine de Liberalia, nous sommes bien au-dessus des estimations avec ces événements. Il me semble que nous pourrons retrouver un rythme dans la norme à la fin du mois.