Chapitre 22

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Dans l'air frais de la nuit, mes yeux sont accrochés à ceux d'Hadès. Les siens sont remplis d'une émotion indescriptible. Une seule chose est sûr, ils sont encore plus noirs que le ciel qui nous surplombe. Cet infime indice montre la rage qui doit régner à l'intérieur de lui à cet instant. Tout comme sa mâchoire serrée. Sa posture droite et son menton levé démontrent son autorité et sa supériorité. Seul le plus idiot des Hommes se risquerait à le provoquer par quelconque façon que ce soit.

- Et puis-je savoir qui vous êtes ?

Mon attention se reporte sur celui en face de moi dont j'avais complètement oublié la présence. Je vois à son expression qu'il croit faire le poid face à Hadès. Même moi avec les bulles de champagne qui pétillent dans ma tête, je n'aurais pas osé avoir une pensée aussi stupide. Un rire guttural s'élève dans l'air. Un son froid et dure. Il fait un pas. Un seul. Et sans grande peine, je devine ce que c'est. Un avertissement.

- Tu n'as pas à le savoir. L'unique chose dont tu dois prendre connaissance est que cette femme-là, tu n'y touches pas. Sous aucun prétexte.

L'autre blêmit, visiblement la menace a fait effet. Il pose son regard sur moi puis ouvre la bouche, avec moins d'assurance cette fois.

- Tu le connais ?

Je lui réponds par un infime hochement de tête et saute de mon muret pour me diriger vers la Bête d'une démarche bancale. Ce dernier suit chacun de mes pas avec attention. Lorsque j'arrive à sa hauteur, il se contente de me sonder pendant de longues secondes avant de se retourner, m'incitant à le suivre. Ce que je fais. La SUV noir nous attend non loin de là. Je m'y installe sans prendre le temps de songer à mon ventre qui se noue.

Voilà maintenant cinq bonnes minutes que nous roulons et il n'a toujours pas prononcé un mot. J'aurais préféré autre chose. Je voudrais qu'il hurle, jure, serre les poings ou que sais-je encore, juste qu'il réagisse tout de suite et m'enlève cette appréhension de savoir quand est-ce qu'il va exploser. Mais rien. Il se contente de fixer la route face à lui. N'y tenant plus je décide de briser ce silence insupportable.

- Comment m'as-tu trouvé ?

Ma question est tout ce qu'il y a de plus insignifiant, mais vaut mieux ça que rien. Il ne bouge même pas d'un cil. Mais alors que je pense qu'il ne va pas me répondre, il ouvre la bouche.

- Les caméras de surveillance. Mes hommes m'ont tout de suite averti que tu étais sortie en compagnie de Cherry et Aelyne. Il m'a suffi de passer un coup de fil à Nicholas et il m'a dit où Cherry avait prévu d'aller ce soir. J'aurais pu te retrouver plus tôt mais j'ai eu un empêchement.

J'ai envie de me frapper le front du plat de la main. J'ai vraiment été stupide. Le pire est que pendant un moment, j'ai réellement cru qu'il ne se rendrait compte de rien. Mais il m'a retrouvé plus facilement qu'on retrouve une chaussette égarée. Il se replonge dans son mutisme et son immobilité. Je suis incapable de percevoir ce qui se passe dans sa tête.

- Fais quelque chose, n'importe quoi, mais là tu m'angoisses !

Je finis par dire quand je sens qu'un trop plein d'anxiété se fait ressentir à l'intérieur de moi. Cette fois, son regard se tourne vers moi. J'y lis de l'indifférence. La colère de tout à l'heure est partie en ne laissant aucune trace.

- Je ne vais rien te faire, Adeliza, si c'est ce qui te tracasse. Du moins, pour le moment, je n'en ressens aucunement l'envie. Je t'ai brûlé, violenté et même à moitié noyé, pourtant tu n'en tires aucune leçon. Je ne doute pas de ton intelligence, cependant, je commence à avoir des doutes sur ta santé mentale. J'ai assez perdu de temps avec des fous pour en faire autant avec toi. Malgré mes punitions tu continues d'en faire qu'à ta tête ? Très bien, alors je vais changer mes méthodes.

Hadès Où les histoires vivent. Découvrez maintenant