Hadès

Chapitre 24

- Où est-ce que tu as entendu parler d'Adelio St-John ?

Son regard se durcit et s'assombrit. Je n'ai jamais vu quelqu'un changer aussi vite d'émotion. Il est lunatique, ma parole !

- Aelyne m'en a parlé mais là n'est pas le sujet. Tu vas me dire que le fait que nous ayons le même nom de famille, n'est qu'une coïncidence ? Si tu comptes le faire, je t'arrête tout de suite. Je n'en croirais pas un mot.

Je veux des réponses. Je suis au centre de tout ce bordel et pourtant je ne suis au courant de rien. Absolument rien. Je pense qu'il est temps de cesser ce cinéma. Qu'il le veuille ou non, il me donnera ce que je demande.

- Et bien tu peux ne pas me croire, mais oui, c'est une putain de coïncidence. Maintenant, tu me feras le plaisir de te mêler de ce qui te regarde.

Il s'apprête à partir, mais j'empoigne sa mâchoire de mes doigts et l'oblige à me regarder droit dans les yeux. Je la perçois se contracter. Il me dégage très facilement puis plaque mes bras au-dessus de ma tête. Son corps entier vient se coller contre le mien, me coupant presque la respiration. Son parfum boisé avec un soupçon de cannelle m'embaume doucement la peau. Je vois chacun de ses membres se tendre. Ses iris alternent entre mes yeux et ma bouche. Je sens de plus en plus son souffle au fur et à mesure que les quelques millimètres qui nous séparent s'envolent. Un combat se déroule à l'intérieur de moi. Le fameux conflit entre l'ange et le démon. Entre la raison et la folie. L'atmosphère qui nous enveloppe n'est plus du tout la même d'il y a quelques secondes. Je ne saurais l'expliquer. C'est à la fois si incompréhensible et si limpide. Un délicieux mélange de contradiction. Comme l'autre nuit. Cependant, lorsque qu'il s'apprête à franchir la dernière ligne qui nous sépare, la raison et l'ange prennent le dessus. Dans un geste brusque, ma tête se tourne sur le côté. Je l'entends soupirer de soulagement. Il espérait au fond de lui que je le fasse. Il se recule finalement ce qui met fin à cet échange.

Sans un mot, il part s'enfermer dans la salle de bain. Depuis la chambre, j'entends l'eau couler dans le lavabo. Je m'assois sur le lit, la main posée sur ma poitrine, attendant que mon rythme cardiaque redevient décent. Je n'ai pas craqué, cette fois. Tout ce bordel n'est pas normal. Rien ne va. J'en ai même oublié ce que je voulais au départ. Je suis en train de rentrer dans un jeu dans lequel je vais très certainement me perdre. Qu'est-ce qui va pas chez moi ?

☆☆☆

- Honnêtement, elles sont toutes les deux magnifique, je ne saurais pas choisir.

Dis-je au deux stylistes qui me montrent les tenues qu'elles m'ont préparées pour le show de ce soir. Elles sont arrivées tôt ce matin et sont de vraies pépites ! Hier, j'avais signalé à Hadès que je n'avais pas de tenue adéquate pour la soirée, il les a directement contacté. D'autant plus, que cette fois-ci ça ne se passera pas au Rosalinda mais au Rosamira, l'hôtel de luxe qu'il va inaugurer. Ça me rajoute une pression en plus. Avec la surprise d'Aelyne et Cherry, c'est ma prestation qui va clôturer le show et je ne me sens pas prête du tout !

- La tenue rouge te vas à ravir, mais pour la surprise finale, ça risque d'être compliqué avec le pantalon.

Me répond l'une d'elle. Elle a raison. Je vais avoir du mal à danser avec cette première tenue. Je me concentre sur la seconde. Elle est composée d'un haut en dentelle noir, un short de la même couleur avec par-dessus un blazer fermé. Tout ça accompagné d'une paire de cuissarde. Elle est très jolie et niveau chorégraphie ça ne me gênera pas énormément.

- Je vais prendre celle-ci, elle est parfaite !

Elles acquiescent, visiblement d'accord avec moi. Les stylistes me la tendent et je pars l'enfiler dans la salle de bain. J'ai aux alentours de deux heures pour me préparer. Hadès est parti depuis maintenant une heure pour tout gérer et il m'a très bien fait comprendre qu'il ne tolérerait aucun retard de ma part. D'ailleurs avec ce dernier, je crois que je n'ai jamais autant ignoré quelqu'un ! A chaque fois que nous nous retrouvons seuls dans une pièce, l'atmosphère change et une sorte de tension s'installe. Je préfère éviter ça un maximum. Et je crois que c'est la même chose pour lui. Il a passé ses deux derniers jours en dehors du manoir à fabriquer je ne sais quoi. Je dormais déjà quand il rentrait et le soleil se levait à peine quand il sortait. Le peu de fois où il m'a adressé la parole, il prenait grand soin à garder une distance entre nous et son ton froid ne m'étonne même plus. Même Agathe s'est rendu compte qu'on s'ignorait plus que d'habitude.