Chapitre 41

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Le regard rivé vers le paysage qui défile à travers la fenêtre, les évènements de ce soir repassent en boucle dans ma tête. Adelio nous a laissé partir sans aucune hésitation. J'étais perplexe sur le moment mais j'ai très vite compris que son but était de m'embrouiller l'esprit, pas de me garder prisonnière. Et il a réussi. Je ne me suis jamais senti aussi humiliée que maintenant. Toute ma vie n'est basée que sur le mensonge. Je tombe de haut. De très haut. Ce que j'ai appris sur Hadès n'arrange rien. J'ai vraiment été naïve.

- Tu m'en veux ?

Me demande Hadès. Je ne peux pas retenir le rire sarcastique qui quitte mes lèvres.

- Non, voyons. J'adore être prise pour une conne !

Il me lance un rapide coup d'œil avant de se reconcentrer sur la route. Je l'entends pousser un long soupir.

- Écoute, je ne sais pas ce qu'Adelio t'a dit exactement mais je peux t'expliquer. Je...

Je l'arrête d'un signe de la main. Je pense que j'ai eu ma dose de révélation pour ce soir. Et je n'ai clairement pas envie d'entendre celles qui viennent de lui. Je veux juste me coucher et tenter de digérer cette soirée qui a été plus que désastreuse. Finalement, j'avais bien raison d'appréhender mon anniversaire. Il a même était pire que ce que j'avais imaginé. Je reporte mon attention sur la vitre lorsqu'il se gare devant le domaine. Je sors avec précipitation et monte les marches qui mènent à la porte en courant. J'abaisse la poignée avec insistance. C'est fermé à clé. Évidemment. Hadès passe à côté de moi et insert la clé dans la serrure. Il a à peine le temps d'ouvrir la porte que j'entre mais il me retient par le bras.

- Quoi ?

Je dis sans cacher mon irritation. Pendant une fraction de seconde, il me dévisage, décontenancé. Mais il se reprend aussitôt.

- Calme-toi et discutons tranquillement. Je t'en prie.

Il me lâche et désigne le canapé. Je pousse un long soupir mais vais m'y asseoir. Il fait de même. Nous restons plongés dans le silence. J'attends qu'il commence et lui, semble chercher ses mots. Je suppose qu'il faut un texte sacrément bien préparé pour expliquer à quelqu'un qu'on s'est joué de lui depuis le début.

- Je n'ai pas prévu tout ce qui s'est passé. Du moins, une grande partie. Avant toi, j'avais une soif de vengeance énorme et je te mentirai si je te disais que je compte tout arrêter. Mais j'ai décidé de tout changer parce que j'en suis incapable. Incapable de te tuer. C'est au-dessus de mes forces. Je ne vais pas nier que je t'ai utilisé à de nombreuses reprises. Je savais que ça titillait Adelio alors je n'ai pas hésité une seule seconde. Depuis le début de la semaine, je suis au courant que ces hommes seront là. Je ne sais pas vraiment pourquoi je tenais à ce que tu rencontres Adelio. Peut-être parce que je savais qu'il te dirait ce que je n'osais même pas penser.

J'expire. Je ne m'étais même pas rendu compte que je retenais ma respiration. Je secoue la tête de gauche à droite. Je ne sais pas ce que je suis censé répondre à ça. Pour moi, ce n'est pas suffisant. Je ne suis pas un vulgaire jouet et la colère qui bout en moi ne s'amenuise pas. Savoir qu'il s'est servi de moi juste après ce qui s'est passé cette nuit m'écœure plus que ça devrait. Quel acteur !

- Tu peux remballer ton regard de chien battu et ta voix douce. Pour toi, ce n'est pas grand-chose ce que tu as fait mais pour moi si. Je viens d'apprendre que j'ai un frère et pourtant la seule chose à laquelle je pense, c'est le fait que tu m'ais menti et utilisé. Tu vois où est le problème ?

Hadès fronce les sourcils et s'apprête à poser sa main sur ma cuisse mais le regard que je lui lance lui fait changer d'avis. Je me lève, n'en pouvant plus de rester assise.

Hadès Où les histoires vivent. Découvrez maintenant