Deux mois. Deux mois se sont écoulés depuis mon anniversaire. Deux mois que je ne l'ai plus revu. Deux mois que je suis rentrée chez moi. Tout c'est déroulé très vite. Les jours se sont succédé. Puis les semaines. J'étais contente de retrouver ma famille. Même si j'appréhendais un peu de revoir mes parents. Mais il avait déjà tout prévu. Dans la voiture, avant d'arriver chez moi, Kaï m'avait tendu de quoi me changer et une valise afin que mes parents pensent que je venais tout juste de quitter l'aéroport. Et ça a marché. Ils croient toujours que j'ai passé trois mois à flâner dans les rues de Paris et à profiter des beaux magasins. Je fais tout pour que ça continue ainsi. Je ne veux même pas imaginer ce qui se passerait s'ils apprenaient la vérité. Ce serait sûrement catastrophique. Je préfère éviter ça.
Je revois Aelyne et Cherry tous les samedis. Quand elles ont pris connaissance de ce qui s'est passé, elles ont tenu à ce qu'on reste amies et ne se perde pas de vue malgré la distance qui nous sépare. Ça m'a enlevé un poids sur les épaules. Je ne voulais pas faire comme si elles n'avaient jamais existé. Les garçons par contre, je ne les ai plus revus, ils me manquent tout de même. Je n'aurais jamais pensé que l'humour douteux de Kaï me manquerait et pourtant, c'est le cas ! J'avais l'habitude de les voir souvent, ne plus les voir me fait bizarre. Je leur parle quelques fois par message via les réseaux sociaux mais ce n'est pas la même chose. À vrai dire, tout me manque un peu. Je me suis jamais dit que je penserai ça un jour, mais Dobby en fait partie. Je n'ai pas d'animaux chez mes parents et je ne me suis rendu compte que c'est quelque chose qui manque dans ma vie. J'ai essayé de négocier pour en prendre un mais ils ont refusé catégoriquement. J'aurais essayé !
Je suis pas mal sortie ces derniers temps. Le soleil est présent et j'avais envie d'en profiter un maximum. Prendre l'air me fait du bien. Au domaine, je passais pas mal de temps dans les jardins. À la maison, il est tout petit, je préfère aller au parc pour courir un peu. Je me suis mise au sport. À mon retour, j'avais besoin de me défouler, d'expulser toute la frustration et la colère que j'avais accumulées après mon anniversaire. Ça marche. Du moins, le temps de ma session. Je lui en veux encore beaucoup et je crois que ça ne s'arrêtera pas de sitôt. Aelyne et Cherry m'ont trainé à de nombreuses soirées également. Je crois même être sortie presque tous les weekends ! Je n'ai jamais été une grande fan de fête mais je ne peux pas nier le fait que ça m'a fait un bien de fou. Même si sans vraiment en être complètement consciente, c'est une sorte de vengeance. Je le connais assez pour savoir que je suis constamment sous surveillance. Je me sens observée en permanence. Si ses hommes peuvent lui rapporter que je vais très bien, tant mieux.
Enfin, très bien est un grand mot. Mes crises d'angoisses ne se sont pas calmées. Pas du tout. Elles se sont multipliées. J'en fais très régulièrement. Le matin en me réveillant, le soir en me couchant, ou encore quand je suis sous le jet d'eau de la douche. J'ai même l'impression qu'elles s'empirent au fil du temps. Au début, je me retrouvais comme paralysée, je ne pouvais pas bouger, j'avais des sueurs froides et ma respiration se faisait courte. À présent, c'est pire. J'ai l'impression d'avoir un trou dans ma poitrine qui me coupe le souffle. Ma gorge se noue, m'empêchant de parler. Je me suis même écroulée une fois. J'essaie de les gérer mais cela reste très compliqué. Je dors peu aussi. Je fais pas mal d'insomnie et de ce côté-là, j'ai tout essayé. Mais rien n'y fait. Il m'est impossible de dormir correctement. Mais je fais avec.
Je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle. Je cours depuis trente minutes maintenant et je commence sérieusement à être essoufflée. Je m'assieds sur un banc, la tête posée sur le dossier en bois, je regarde le ciel. Le soleil de plomb m'aveugle et me contraint à fermer les yeux. Je sens de délicates gouttes perler sous mes cils, je les chasse d'un geste de la main. Je vais moins bien que je ne souhaite le faire croire. Un nuage gris semble planer en permanence au-dessus de ma tête. Il me manque quelque chose. Je n'avais encore jamais ressenti ça. Un sentiment d'abandon et de vide. Je ne sais pas vraiment ce qui m'arrive. J'essaie de passer outre mais je n'y arrive pas. Alors, je pleure. Beaucoup. Comme à l'instant. Mes larmes sont sournoises, elles se pointent lorsque je pense être enfin de nouveau moi.
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Hadès
Romansa« - Où sommes-nous ? Il se penche en avant, posant ses mains sur les accoudoirs de la chaise. Son souffle s'abat sur moi lorsqu'il prononce ces mots, - En enfer. » Les poignets liés, le corps endoloris, Adeliza ne sait pas où elle se trouve. Les qu...