Chapitre 43

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Point de vue : Hadès

- Ça fait deux mois. Deux mois que je lui ai demandé de s'en aller. Deux mois qu'Adeliza est partie. Je parie que tu te moques de moi actuellement !

Je fixe la tombe, limite, en attendant qu'elle me réponde. J'ai l'air plutôt pitoyable, assis là dans l'herbe et à parler à une pierre tombale depuis maintenant un peu plus d'un quart. Je fais ça depuis un petit moment maintenant. Depuis soixante jours exactement. Je commence même à croire que, si elle m'entend, Agathe doit en avoir sacrément marre de moi ! Je parle durant de longues minutes sans interruption. Même un sourd me supplierait d'arrêter ! Mais, je dois bien admettre, que lui raconter mes problèmes enlève quelque peu le poids que j'ai sur les épaules. Je regrette presque qu'elle ne puisse pas me donner ces fameux conseils que je refusais toujours.

- Le temps m'a paru affreusement long. Comme si les secondes, les minutes et les heures s'éternisaient. J'ai l'impression que rien ne va en ce moment. Je n'ai plus de moyen de pression sur Adelio, ma partie de l'organisation est au bord du gouffre et je commence sérieusement à manquer de whisky.

Je penche la tête en arrière et ferme les yeux. Un rire froid quitte mes lèvres.

- Tu ne veux pas m'envoyer un signe pour me dire ce que je dois faire, par hasard ? Si tu te poses la question, oui, je suis désespéré à ce point.

Des petites gouttes tombent sur mon visage. Ce qui me signale qu'une averse ne va pas tarder à arriver. Je me lève et époussette mon pantalon.

- Je t'aime beaucoup mais les vêtements que je porte coûtent plusieurs milliers et je n'ai pas franchement envie de les mouiller. Je dois te laisser. 

Je pose un dernier regard sur le marbre blanc puis me décide enfin à partir. Les mains dans les poches, je sors du cimetière familial sans prendre le temps de passer sur les autres tombes.

☆☆☆

Je regarde la bouteille presque vide sur la table basse, je crois que je n'ai jamais autant bu de toute ma vie. Et au vu du regard désapprobateur que me lance Cherry en me voyant me resservir un verre, elle aimerait que je revienne à ma consommation habituelle.

- J'ai vu Adeliza, hier

Dit-elle avec désinvolture comme si je ne sais pas où elle souhaite en venir. Tous les samedis, elle et Aelyne me font un résumé de leur journée.

"Adeliza était radieuse aujourd'hui !"

"Je crois qu'Adeliza a des vues sur quelqu'un."

"On s'est vraiment amusé hier soir, Adeliza a dansé toute la nuit !"

Elles mentent bien évidemment. Trois de mes hommes la surveillent de près et m'ont rapporté tout le contraire. Adeliza s'en ai rendu compte très rapidement. Ce n'est pas vraiment étonnant. Mais les filles pensent toujours que je crois tout ce qu'elles me racontent. Je me contente de hocher la tête pour les satisfaire.

- Oh ! Tu m'écoutes ? Et pose ça !

Cherry récupère mon verre alors que je m'apprêtais à le porter à mes lèvres.

- Agathe est morte et tu ne tarderas pas à la rejoindre si tu continues de te comporter comme elle.

Je prononce d'une voix traînante. Du coin de l'œil, je la vois lever les yeux au ciel. Elle s'affale à côté de moi puis je l'entends pousser un hoquet de surprise. Je suis son regard et tombe sur le haut de sous-vêtement de Francesca ou d'Andrea. Je ne me souviens plus de son prénom.

- Tu as couché avec elle ?

Demande-t-elle, le reproche limpide dans sa voix. Je pourrais l'envoyer se faire voir mais, étonnement, je décide de lui répondre.

Hadès Où les histoires vivent. Découvrez maintenant