- J'ai désactivé les caméras, vous pouvez y aller.
Nous dit l'informaticien dans l'oreillette. Hadès me lance un rapide coup d'œil froid, accompagné d'un hochement de tête. C'est maintenant. Je détache le pistolet de ma cuisse et le brandi devant moi avant de sortir.
L'air du dehors est embaumé par l'odeur salée de la mer. Le port est éclairé uniquement par la lune et les étoiles qui le surplombent. Je peine à y voir clair. Hadès me fait signe de le suivre. J'essaie d'avancer le plus discrètement possible mais avec mes talons hauts, c'est plutôt compliqué. Ils comblent le silence pesant qui règne autour de nous. Je frissonne. Je ne pensais pas qu'un port de nuit pouvait être aussi terrifiant. Et pourtant ça l'est. J'ai l'horrible impression d'être surveillée par quelque chose tapie dans l'ombre. Je resserre ma prise autour de mon Glock-19. Je lève les yeux vers les dizaines de hangars face à nous.
- C'était le numéro combien déjà ?
Je chuchote.
- J'ai zoomé sur la clé, ça doit être le onzième normalement.
Me répond l'informaticien. Sans parler, Hadès me fait comprendre que je dois aller vers la droite et lui vers la gauche. Je n'aime pas vraiment cette idée de nous séparer. Malgré tout, je prends la direction opposée à la sienne. Je vérifie chaque porte une à une alors que mes pensées vagabondes.
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer le soudain changement de comportement d'Hadès. Il semble avoir revêtu son costume d'homme des glaces. Quand il est aussi silencieux et froid, ça a tendance à me rendre anxieuse. Dans ce genre de moment, j'aimerais pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert. Sans trop de difficulté, je me suis rendu compte qu'il le faisait quand quelque chose n'allait pas dans son sens. Mais je n'arrive pas à savoir ce que j'ai pu dire pour le contrarier à ce point.
- J'ai trouvé.
La voix de ce dernier me fait sursauter. Vivement que ça se termine, je n'ai pas réellement envie de faire une crise cardiaque. Je reviens sur mes pas afin de le retrouver. J'avance doucement en faisant le moins de bruit possible. Le cœur battant la chamade, je me plaque avec précipitation contre un mur. J'ai vu quelqu'un. C'était très rapide, je n'ai pas pu apercevoir son visage. Cependant, j'ai cru distinguer une sorte d'imperméable rouge. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas rester là mais je n'ai pas non plus envie de sortir de ma cachette. Je pousse un long soupir. Je me redresse et tient fermement mon pistolet.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Murmure Hadès, de l'agacement dans la voix mais également un soupçon d'inquiétude.
- Je crois que j'ai vu quelqu'un.
Je réponds simplement, d'un ton que j'espère assuré. Il ne dit plus rien. Je slalome entre les différents conteneurs, une boule dans le ventre. À tout instant, je me fais attaquer. Mon sentiment d'être observée s'accroît de seconde en seconde. Et plus le temps passe et plus j'en ai la certitude. Quelqu'un nous surveille. Je le sens mal. Je savais que c'était risqué mais je ne pensais pas que ce serait à ce point. Je n'arrive même pas à savoir ce que je fous là. Soudain, une main se pose sur ma bouche et me tire en arrière.
- Tu te crois à la fête foraine ? Ton pistolet n'est pas un totem d'immunité, Adeliza ! Bordel, c'est la dernière fois que je t'emmène avec moi.
Souffle Hadès tandis qu'il me lâche enfin et retourne à ce qu'il faisait à la base. Crocheter la serrure du hangar. Je lève les yeux au ciel. Même dans ce genre de situation, il arrive à m'agacer.
- Tant mieux. Je ne veux pas revenir de...
Ma phrase reste en suspens alors qu'il ouvre la porte du hangar. Des liasses de billets s'entassent du sol au plafond. Je n'ai jamais vu autant d'argent. C'est vingt fois plus que tout ce que je pourrais gagner dans ma vie. C'est un spectacle qui me paraît presque surréaliste. Des frissons d'émerveillement me parcourent l'échine. Je n'arrive pas à en croire mes yeux.

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Hadès
Romance« - Où sommes-nous ? Il se penche en avant, posant ses mains sur les accoudoirs de la chaise. Son souffle s'abat sur moi lorsqu'il prononce ces mots, - En enfer. » Les poignets liés, le corps endoloris, Adeliza ne sait pas où elle se trouve. Les qu...