Comme chaque matin, mes yeux tombent sur le voilage noir de la chambre d'Hadès. Mais cette fois-ci, je me réveille le corps complètement ankylosé. Les souvenirs de la nuit dernière me provoquent un violent mal de tête qui persistera sûrement toute la journée. Cette soirée était un véritable cauchemar. Je peux encore entendre le bruit des tires et sentir l'odeur du sang. Ou même voir le costard blanc d'Hadès taché de rouge. Je réprime un frisson. Doucement, je me passe une main sur le visage et tente de chasser les traces de sommeil sur mon visage. Je me tourne vers lui en l'entendant grogner. Bennet est venu au manoir le soigner puis est reparti aussi vite qu'il est arrivé. Il me fuit toujours comme la peste. Je préfère ne même plus faire attention à lui. Kaï n'avait rien de très grave, une balle n'a fait qu'effleurer sa jambe. En ce qui concerne Keith et River, je crois ne les avoir encore jamais vu dans un état pareil. Ils étaient complètement paniqués. Un signe qui montre que ce qu'il s'est passé hier soir aura de lourdes conséquences sur les évènements à venir. Et j'ai le mauvais pressentiment que cela aura un rapport avec moi. Je me lève discrètement et me dirige vers la salle de bain.
- Je suis réveillé, au cas où tu comptais me fuir comme une voleuse.
Sa voix rauque du matin résonne dans mon dos et me fige sur place. Au fond de moi, j'espérais que je ne sois plus là quand il ouvrirait les yeux. On peut dire que c'est raté. Malgré la fusillade, je n'ai pas oublié ce qu'il a dit quelque seconde auparavant. Ni le surnom débile qu'il m'a donné dans la voiture. "Petit cœur". Je n'ai donc pas très envie de me confronter à lui. Je dois d'abord mettre de l'ordre dans mes pensées. Je secoue la tête et me tourne vers lui.
- Dit celui qui m'a ignoré ces trois derniers jours.
Il arque un sourcil comme s'il ne comprend pas à quoi je fais référence. Je croise mes bras sur ma poitrine afin de lui montrer que je suis sérieuse. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
- Je ne t'ai pas ignoré volontairement. J'avais pas mal de trucs à gérer pour l'inauguration.
Il se lève et vient se planter en face de moi. Je n'aime pas du tout l'air arrogant qu'il affiche.
- Je ne pensais pas que ma présence ou mon absence te préoccupais. J'ai une réunion tout à l'heure dans mon bureau, j'espère que je ne vais pas trop te manquer.
Sur ce, il me contourne et entre dans la salle de bain. Il m'agace quand il fait ça ! Je pousse un long soupir exaspéré et me jette sur le lit. Les quelques heures où j'ai dormi n'ont clairement pas chasser ma fatigue. Je crois bien que je pourrais m'écrouler d'une minute à l'autre. Comme si ce n'était pas suffisant, mon cerveau me repasse en boucle tout ce qu'il s'est passé pendant la fusillade. Y compris mon pétage de câble. J'avais l'impression de ne plus être vraiment là. De ne plus être maîtresse de moi-même. J'ai complètement vrillé. Et si Hadès avait raison ?
"Moi, je suis un criminel et je l'assume. Toi, par contre, j'ai bien l'impression que tu te mens à toi-même."
Ses mots me reviennent en tête. En l'espace d'un mois, j'ai tué sept personnes. Deux dont j'ai volontairement causé la mort et cinq autres sur lesquels j'ai vidé mon chargeur. Et pourtant, les remords ne me mangent pas l'estomac comme ils devraient le faire. La culpabilité ne me noue pas la gorge. Je ne ressens aucune émotion. Absolument rien. On dirait presque que tout cela me passe complètement au-dessus. Je crois bien que je suis en train de devenir folle. Si je ne le suis pas déjà.
☆☆☆
Cherry et moi discutons toutes les deux à côté de la piscine. Elle et tous les autres sont arrivé il y a environ une heure et ces derniers se sont immédiatement enfermés avec Hadès dans son bureau. Elle m'a raconté comment ce désastre a commencé. Ils étaient tous dans le hall à profiter de la soirée quand une vingtaine d'hommes ont débarqué puis ont tiré sur la foule. Caine, Archer et Nicholas ont tout de suite riposté et en ont tué plusieurs avant que nous arrivions. Elle n'était plus là quand Hadès et moi sommes descendus, Nicholas est partie avec elle juste avant pour la mettre en sécurité.
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Hadès
Romance« - Où sommes-nous ? Il se penche en avant, posant ses mains sur les accoudoirs de la chaise. Son souffle s'abat sur moi lorsqu'il prononce ces mots, - En enfer. » Les poignets liés, le corps endoloris, Adeliza ne sait pas où elle se trouve. Les qu...